jeudi 11 novembre 2010

JOE SATRIANI - " Black Swans and Wormhole Wizards " ( 2010 ) par Vincent Le Caméléon



Joe continue... Et moi aussi.

Face à la forte déconvenue de ses derniers travaux (excepté chez Chickenfoot), c'est avec beaucoup de réserves et presque autant d'aprioris que je déposais ce quatorzième album de Joe sur ma platine.

- Dès l'entame de son morceau d'ouverture, "Black swans..." se veut plutôt rassurant. Car si "Premonition" n'a rien de révolutionnaire en soit, il a au moins un mérite: Celui de me mettre en joie.
- "Dream Song", sur un mid tempo bien Rock, confirme d'évidence ce retour à l'inspiration quant à la capacité de Joe a délivrer de belles et vraies mélodies.
- Sur le même mode, "Pyrrhic Victoria" a pourtant du mal à accrocher instantanément. En d'autres termes: ça ronronne gentiment. Il faut ainsi attendre les quasi deux minutes pour que ce titre décolle enfin véritablement. Nulles démonstrations guitaristiques pour autant, juste une de ces mélodies qui ne vous quittent plus.


A ce stade de l'album, et si ces trois premiers morceaux s'avèrent tous de très bonne facture, je suis tout de même en droit de penser que l'évolution que j'attendais ne sera pas encore pour cette fois. C'est alors que déboule "Light Years Away". Une grosse nappe de clavier fait aussitôt place à une guitare nerveuse, soutenue par un Basse/Batterie groovy à souhait, le tout saupoudré de quelques jolies touches de Piano. Attention sur la route ! Surveillez bien l'aiguille de votre compteur, sinon...

- "Solitude" fait aussitôt retomber le soufflé. Cinquante petites secondes d'une mélodie épurée (minimaliste ?), tout juste soutenue par le tintement de timides grelots. Ce que l'on qualifiera aussitôt d'interlude (qui rime avec solitude), annonce la plénitude (pas fait exprès !) des morceaux qui vont suivre.

- "Little Worth Lane" est un Slow. Pas une ballade !! Un Slow. Une ballade c'est pour l'apéro, un Slow c'est (c'était) fait pour emballer (bras dessus, bras dessous). A cet exercice plutôt inattendu de la part de Joe, celui ci réussit parfaitement. Une fois encore, la mélodie, dans son beau phrasé Blues au relents de Jazz feutré, emporte bien vite mon adhésion. Quand c'est beau, c'est beau... Point.
- Avec "The Golden Room", Satriani délaisse de nouveau les sentiers du Rock en nous conviant à un voyage aux portes de l'Orient. Avec ses Tablas, ses clochettes, ce morceau n'est pas sans me rappeler fortement le génial "Banana Mongo" de l'album "Time Machine". Sauf qu'à l'inverse de ce dernier, Joe ne fait ici guère évoluer son thème tout au long du morceau. Pas désagréable pour autant, "The Golden Door" est tout de même assez transparent.


Au registre des nouveautés, on aura remarqué que Satriani c'est pour la première fois octroyé les services d'un véritable clavier.
- Avec "Two Sides To Every Story", Joe lui accorde une place de choix. Sur une tonalité Swing très légère, le Piano "Fender Rhodes" joue ainsi presque à armes égales avec la guitare nuancée de Joe. Ce beau duo à la forte tonalité Jazz est tout simplement un pur moment de plaisir auditif.

Trois morceaux plus tard, la quiétude, la tranquillité dans laquelle nous nous étions enveloppé peu à peu est alors violemment interrompue par une introduction des plus menaçante. Le rock est alors de retour pour un voyage en direction des étoiles. Les notes épurées (presque une constante sur cet album) de Joe cohabitent avec un gimmick clavier des plus obsédant. "Wormhole Wizard" est assurément un morceau fantastique. L'émotion est là.
- "Wind In TheTree" est tout aussi sublime. Dans un registre également lié à la sérénité et à la douceur, Joe laisse une nouvelle fois ses nouveaux musiciens s'exprimer avec brio. Tandis que la basse ronronne comme un gros chat sur son coussin, le piano s'envole dans des arabesques, évoquant immanquablement un changement de saison. Derrières nos fenêtres, nous en sommes soudains les témoins : L'automne est là. Là aussi la tonalité du morceau est à chercher du côté du Jazz. Plus surprenant encore, Joe a même eu l'intelligence de s'effacer totalement, laissant ainsi libre court à son clavier pour finir le morceau de la plus belle façon.
"Black Swans And Wormhole Wizards" aurait presque gagné à en rester ici. Au lieu de ça...

- Satriani clos cet album là ou il l'avait commencé. "God Is Crying" est un titre sympa (sans plus) et bien Rock. Joe se lâche ici d'avantage. C"est d'ailleurs peut être ce qu'attendaient tous ceux pour qui "album instrumental" ne se conjugue qu'à coup de longues et fastidieuses descentes de manches. Un conseil à leur attention: Passez votre chemin. Par les temps qui courent, il n'y a pas de petites économies.

Finalement, son illustration est à l'image de ce qu'a sans doute cherché à nous faire passer le guitariste: l'élégance tranquille et apaisée d'un musicien qui ne s'encombre pas d'artifices (d'effets de manches) pour épater la galerie. Personnellement j'adhère... Et donc je continue.



4 commentaires:

  1. Un bon disque de Satch, qui a déjà le mérite de continuer son exploration de la guitare, de ne pas se reposer sur ses lauriers. Malgré ses 25 ans de carrière. Bien meilleur que le précédent.
    Effectivement, Joe semble parfois s'effacer pour laisser plus de place à ses acolytes. Quant à la référence Jazz, cela m'a rappelé qu'à ses débuts, dans les 80's, j'ai entendu des personnes, qui étaient pas très branchées Hard-Rock,(dans les grandes lignes) que Joe était un guitariste fort intéressant qui se situait quelque part entre le Jazz et le Heavy-Rock.
    Certains n'ont perçu que sa dimension Rock (qui est prédominante), alors que ce genre de personnage, à mon avis, se situe au-delà.

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  2. Pire !! Certains continuent d'affilier la musique de Joe à celle de la Guitare "Metal". Jusqu'à "Crystal planet" je veux bien, encore que... Metal est tellement utilisé à toutes les sauces désormais que sa fini par ne plus rien vouloir dire.

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  3. Le Joe est quand même assez répétitif... depuis... son deuxième alboum ?
    Il était temps qu'il se mette dans un groupe comme "Le pied du poulet"...

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  4. Je me demande même si il ne réservera pas désormais son côté Rock pour Chickenfoot. Cette dernière livraison étant peut être bien son album le moins estampiller "Rock" justement.
    Merci de ton passage BBP.

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