samedi 19 mars 2011

"TANTE MAME" de Patrick Dennis, par Elodie.








Patrick Dennis (1921-1976)
Vous aimez l’humour anglo-saxon et les romans de PG Wodehouse, les films des années 50, et les personnages atypiques ? TANTE MAME devrait vous réjouir. Ce livre a connu un immense succès lors de sa parution en 1955, à tel point qu’il a passé cent douze semaines dans la liste des meilleures ventes du New York Times et que le nom de TANTE MAME fait depuis partie du patrimoine culturel américain (au même titre que Emma Bovary est une part intégrante du nôtre mais en nettement plus glamour et hilarant que notre « desperate housewife » Flaubertienne).

Pourtant le livre a bien failli ne jamais voir le jour. Ah, ces pauvres éditeurs jamais fichus de déceler la perle rare (et qui dit rare dit chère, et qui dit chère dit rentable), que ce soit pour le petit sorcier le plus célèbre du monde ou pour la plus fantasque tante de la littérature américaine. Là, ils se sont débrouillés pour refuser une quinzaine de fois le manuscrit présenté par l’agent de Patrick Dennis. Et comme les légendes ont aussi une fin, ce livre devenu culte, adapté au cinéma et dans des comédies musicales de Broadway a fini par passer de mode, faisant ainsi tomber dans l’oubli son auteur, disparu en 1976.

New York dans les années 20
C’est en s’inspirant largement de sa propre tante que Patrick Dennis, Edward Everett Tanner de son vrai nom, a donné vie au personnage de Tante Mame. En recueillant son neveu de 10 ans, devenu orphelin, la fantasque Tante Mame l’entraîne dans la vie trépidante que peut mener une femme émancipée, mondaine, fêtarde et extravagante dans le New-York des années 20. Pour cet enfant jusqu’alors élevé par un père distant et coincé, ce vent de liberté et de gaieté est aussi nouveau qu’attrayant. Sous ses dehors irresponsables, la tante offre à son neveu une vie atypique et parfois scandaleuse (les écoles qui prônent le nudisme comme expérience de base ne sont pas forcément appréciées par la bonne société américaine !) mais empreinte de tolérance, d’optimisme et de générosité.

Si les catastrophes en tout genre sont légion, elles n’entament jamais l’enthousiasme de Tante Mame, qui s’entête à chercher un emploi en pleine crise de 29, alors qu’elle n’a jamais rien fait de ses 10 doigts, à lutter dans la bonne société sudiste pour s’affirmer en Scarlett O’Hara de pacotille devant son nouveau et richissime mari sudiste, ou à recueillir pendant la guerre une bande d’horribles petits réfugiés anglais qui feraient la meilleur propagande imaginable pour le contrôle des naissances.

TANTE MAME, adpaté au cinéma en 1958 par Morton daCosta, puis en 1974 par Gordon Saks, avec Lucille Ball et Robert Preston (photo)




Ginger Rogers à Broadway


Mais par-dessus tout, quelles que soient les péripities de la vie de Tante Mame, et elles sont nombreuses, son penchant pour les cocktails et les soirées, son goût pour la mise en scène et les méthodes d’éducation pas très orthodoxes, elle n’oublie jamais son neveu. Non seulement elle éprouve pour lui un attachement très maternel (dans une version plutôt excentrique, certes), mais elle l’aide aussi à trouver sa voie et lui apporte un soutien sans faille jusqu’à l’âge adulte.

Personnage excentrique, voire déjanté, et sympathique, Tante Mame nous emporte avec elle dans son tourbillon de gaieté, d’énergie et d’optimisme, sans jamais lâcher le rythme. Impossible de ne pas être séduit par ce livre, un peu kitsch, mais aussi pétillant que les comédies américaines des années 50. Et tout comme ces films résolument positifs, on referme le roman avec une envie de sourire et l’impression de porter des lunettes qui nous font voir la vie en rose.

                                                                                   

TANTE MAME (1955 pour l’édition originale, 2010 pour la réédition française), Flammarion, 350 pages






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