mardi 12 avril 2011

FISHBONE ROCKET "J'Aime Pas Les Gens" (2011) par Rockin-jl et Bruno


Amateurs de binious et de gavotte, passez votre chemin car tout bretons qu’ils sont les vannetais de Fishbone Rocket donnent plutôt dans le « funk rock fusion progressif » , je n’invente rien ce sont eux qui le disent...Déjà leur nom renvoie à Fishbone, mythique combo NewYorkais et précurseur de la vague fusion du milieu des 80’s. Quant à leurs influences elles sont à chercher du coté des Red Hot Chili Peppers, de Rage Against the Machine, Living Colour, Stevie Salas, Hardware (le trio Bootsy Collins, Stevie Salas, Buddy Miles) mais aussi Frank Zappa, Hendrix (période Band of Gypsys), King Crimson Une palette plutôt large qui augure d’une musique difficile à ranger dans une case mais au contraire variée et inattendue, mais nous y reviendrons.

Romain, guitare, basse, chant

Fishbone Rocket existe depuis 2002; autour des fondateurs Romain Bodossian (guitare, basse, chant) et Tony Guillou (drums), on trouve Marie Gautier (chant), Pierre l’Eildé (bass-track6), Yann Lhuisset (percussions -7), Florian Gautier (sax-1), et Dom Braud (double basse- 7). Le premier titre « J’aime pas les gens » qui donne son nom à l’album - voila déjà un bon titre , quelqu’un qui n’aime pas les gens ne peut être foncièrement mauvais.. - commence par un sax jazzy qui laisse la place à un groove épais, riffs quasi hard alternant avec plages plus calmes avec sax. On poursuit avec « pas la peine de pleurnicher » avec une atmosphère à la Red Hot puis "ça pique les yeux " qui s’emballe en un final RATM /Public Enemy avec , comme dans tous les titres, des variations de rythme ou des petites choses qui surprennent l’auditeur comme des passages plus planants ou des chœurs avec la voix de Marie. 
Georges Bodossian, guitare sur "crack boursier"
 
Crack boursier, sans doute le meilleur titre, avec un invité spécial, Mr Bodossian père en personne, le brillant guitariste d’Océan qui vient planter le premier solo de ce titre qui oscille entre RATM et Hard , paroles en rapport où le capitalisme en prend plein la tronche, comme depuis le début d’ailleurs ; m’étonnerai que je croise ces gars là au congrès des ultra libéraux….(d'autant plus que je ne vois pas ce que j'y ferai non plus..)  
Marie, chant
  Après ces 4 titres , on va se calmer un peu avec 2 morceaux plus « pop/rock/prog » , toujours sur une base funky, avec de nombreux breaks et changements d’atmosphères ; propres à surprendre l’auditeur et qui demandent plusieurs écoutes pour ne pas passer à coté de certains clins d’œil, l’influence « zappatiste » sûrement. Tous les titres sauf le dernier dépassent les 5mn , voire 7 ou 8 ; le temps de poser les morceaux, d'installer des ambiances et des petites surprises par ci par là (un beat reggae, un tempo jazzy, suivis d'un plan hard, etc) sans laisser la monotonie s’installer. Ensuite on se réchauffe et on remue son popotin sur le bien nommé « Le Feu » , 11 mns entre funk, beat tribal, et chant indien , ponctués d’un bon solo de Bodossian Jr qui montre que bon sang ne saurait mentir. On termine par un titre plus calme chanté par Marie et l’énervé , dans tous les sens du terme , TVNPBAD. 
Tony, drums
 Au final, un album intéressant, recherché et loin de la facilité, joué par de bons musicos, qui groove bien , dans un genre peu abordé en France, chanté en français, et qui vous plaira certainement si vous appréciez les nom cités dans ce papier. Fishbone Rocket : un groupe à suivre . Ce disque est auto-produit à 100% en téléchargement libre sur le site du groupe, c’est d’ailleurs le concept : on donne ce qu’on veut ; peut être la façon du futur d’acheter de la musique sans engraisser les intermédiaires...
9 titres, 56 minutes.

news, écouter, télécharger, c'est sur fishbonerocket.com



Et en Bonus track, l'avis de Bruno :

Voilà, Une bonne tranche de Heavy-Funk-Rock inventif qui balance la purée ! Une basse clinquante au slap assassin qui rappelle parfois T.M. Stevens, une batterie énergique et sûre, et une guitare douée et protéiforme à l'approche empirique de la guitare rythmique. Une rythmique rayonnante d'énergie qui ne s'impose pas de limites, qui semble parfois en perpétuelle évolution en évitant soigneusement tout débordement intempestif. Ce qui rappelle par bien des côtés le style de Stevie Salas, mais également celui de Frank Zappa, non seulement par le fait de pouvoir changer avec aisance d'ambiance dans un même titre, mais également un certain humour, parfois décalé ; sans oublier l'art de ne pas se prendre au sérieux tout en étant rigoureux dans l'approche de l'instrument et dans la construction des chansons. Une rythmique qui impose à la section basse-batterie une technique, une rigueur, un groove infaillible et surtout une symbiose. Une guitare évoquant aussi Dave Navarro, Frusciante (évidemment), Pat Thrall, Hendrix (quelques plans), Fred Chichin, et même feu Bernie Brausewetter (de B.B. & The Stingers, of course !) sur le titre éponyme. Romain Bodossian utilise une Fender Stratocaster, une Gibson SG customisée avec vibrato Bigsby, et une Fender Strat-O-Sonic DV II (avec micros P90 et sans vibrato) ; le tout branché sur un simple Marshall double-corps. En général, cela sonne plus Fender.

Le chant est construit autour de la belle voix de Marie Gautier et celle de Romain. Deux timbres qui se complètent car celui de Marie est relativement masculin. Pour situer, certaines de ses intonations évoquent Mauranne. Un duo qui rappelle celui du groupe Finlandais Five-Fifteen.

Depuis leur 1er opus, intéressant mais plus linéaire, Fish Bone Rocket a évolué en injectant plus de Rock et de mordant dans leur musique. La palette sonore a été élargie et l'horizon étendu. Le jeune espoir se confirme, ou plutôt a mûri, grandi.

Néanmoins, l'album « J'aime pas les Gens » doit nécessiter quelques écoutes attentives pour être apprécié à sa juste valeur. De prime abord, on a l'impression d'avoir affaire à une bande de talentueux musiciens délivrant un Funk-rock burné. Ce qui n'est déjà pas mal, et incite à tendre l'oreille une nouvelle fois. Et là, on découvre avec intérêt une richesse musicale qui n'est pas à la portée du 1er gus. La curiosité en éveil, sentant que l'on n'a pas tout saisi pour apprécier ce disque à sa juste valeur, on s'en remet une couche. Ainsi, on a le plaisir de découvrir une formation nantie d'une belle richesse musicale assimilée. Une formation qui doit mettre le feu sur scène et donner des sueurs froides (ou invoquer le respect pour les plus intelligents) à bon nombre de nos artistes rock « reconnus ».


Ainsi un titre comme « Crack Boursier » (excellent) démarre un Heavy-funk-rock digne du meilleur Stevie Salas pour rapidement enchaîner sur une section rythmique basse-batterie au groove boogie-blues-rock lancinant, et puis ce refrain qui évoque les Rita Mitsouko ; et comme si cela ne suffisait pas après un énorme break nanti d'un chorus échevelé, Romain se fend d'un « petit » solo tranquillou, bluesy, à la Talk-box pendant que la guitare rythmique coupe la disto. « Le Feu », à l'ambiance pesante et inquiétante, est une rencontre improbable entre John Trudell et Hendrix. « Dernier Souffle » une belle ballade qui pourrait être traduite comme une rencontre entre Mauranne et les Red Hot lorsqu'ils savent se faire mélancoliques (un des moments forts de l'opus). Red Hot encore avec « Ca Pique Les Yeux » (!) dont le 1er et quatrième mouvement suggèrent le hit « Give it Away ». Une ambiance jazzy avec « Perdu » qui se mue en Funk-rock, se fend de trois refrains plus communs « rock-français » enjolivés d'un duo en contre-chant du meilleur effet (c'est presque lyrique), d'un break « Red Hot ère Navarro » et d'un énorme solo « Heavy-Rock 70's » (hélas un peu court)

En fait, généralement, Fish Bone Rocket ne se contente que très rarement d’asseoir leurs compositions sur un riff ou un seul gimmick. Non, tels des addicts de l'énergie, du plaisir de jouer, comme s'ils avaient été frustrés, soumis bien malgré eux à une longue période sans pouvoir toucher un instrument, voilà que, enfin « délivrés » ils donnent tout ce qu'ils ont. Cela donne parfois un esprit rock festif (« Niveau Zéro » et son final Reggae ou TVNPBAD). Ces changements de rythmes et de couleurs déployées, cette recherche musicale parfois pluri-directionnelle au sein d'un même morceau génère un côté progressif.

Entre F.F.F., Stevie Salas, Funkadelic, Dan Reed Network, The Mighty Orq, Red Hot Chili Peppers, Zappa, Hughes & Thrall, Audioslave, Le Cri de la Mouche, Killdozer, Rita Mitsouko, Fishbone (plutôt en filigrane malgré le nom commun). Un véritable bouillon de culture qui groove sévère avec entrain et foi. A coup sûr, sur scène, cela doit faire des étincelles.


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