dimanche 24 juillet 2011

PRESTON-CHILD & ROLLINS : 2 romans d’aventures par Claude Toon

Douglas Preston & Lincoln Child : Dans les bayous cajuns avec les sangsues et les alligators
Ou
James Rollins : en Amazonie avec les piranhas et les caïmans…
Piranha 3D de Alexandre Aja
Chers amis mélomanes, je change de registre. Les grandes vacances étant propices à des lectures « faciles », je vais vous faire partager deux de mes péchés mignons. Pour m’évader de l’écoute de musiques parfois hermétiques, m’a-t-on dit, je déguerpis en compagnie de héros increvables dans des thrillers qui me replongent en enfance….
Littérairement, ce n’est pas vraiment Flaubert ou Hugo. Alors surtout ne me dénoncez pas à Luc, Rockin, ou à nos spécialistes littéraires, j’ai nommé Elodie et Foxy… Merci pour votre discrétion ! Je risquerais de « me faire pourrir » (pour parler djeun’s) par La Direction du Deblocnot pour cet écart par rapport au niveau culturel superlatif qui sied à notre blog.

AMAZONIA de James Rollins
James Rollins (né en 1961) a vendu son cabinet de vétérinaire à Sacramento pour se consacrer à l’écriture de romans d’aventures fantastiques pour petits et grands. James est spéléologue et plongeur confirmés, d’ailleurs, dans ses ouvrages, on séjourne souvent sous terre et dans la flotte…
Fasciné par les personnages historiques d’aventuriers et de savants comme Howard Carter, l’auteur puise son imagination chez Conan Doyle, Jules Vernes, H.G. Wells ou encore Edgar Rice Burroughs, le papa de Tarzan.
Depuis quelques années, ses livres nous entraînent à la suite de la Sigma Force, une bande de baroudeurs coachés par la CIA, durs à cuire et aux QI stratosphériques. À l’instar de James Bond, ils évitent à la planète les pires destructions fomentées par des savants givrés et des organisations occultes, des gros méchants qui croient bon de remettre au goût du jour les expériences les plus maléfiques tentées depuis l’antiquité jusqu’au nazisme…  

Amazonia, écrit en 2002, précède la série où la Sigma Force lance toutes ses forces pour combattre les périls qui menacent l'humanité. Cela dit, les périls ne l'ont pas attendue, la preuve en étant ce thriller truffé de rebondissements.
Dès les premières pages, le livre prend son rythme. Un homme agonisant se réfugie dans une mission perdue en pleine jungle amazonienne. Il n'aura le temps que de donner son nom. Une bonne information pour identifier cet aventurier qui a ses deux bras, mais... était manchot lors de sa disparition 4 ans plus tôt avec d'autres chercheurs !?
Non ? Si Luc !
Immédiatement, une expédition part en Amazonie à la recherche d'autres disparus qui auraient survécu. Elle rassemble des scientifiques yankees ou locaux et un escadron de rangers surentrainés pour les protéger (plus un traître pour la route). Objectifs : recherche de survivants et, tant qu’à investir, de plantes médicinales aux vertus tenues jalousement secrètes par les chamans de la forêt.
Secrets tentants aussi pour un médecin français (sympa les américains), corrompu par les grands labos pharmaceutiques, qui lance une contre-expédition formée de mercenaires, de sacs et de cordes. Ces braves gens sont managés par ce toubib déchu et sans scrupules, flanqué d'une chaman psychopathe, sorcière, réductrice de tête, tortionnaire et autres joyeusetés et qui est également sa maîtresse, quel CV...
Et pendant ce temps une étrange épidémie mortelle commence à décimer la planète... A côté, H1N1, c'est le rhume des foins.
Les amateurs d'aventures exotiques seront ravis. Dans l'enfer vert, nos héros vont se confronter à une flore et une faune voraces, empoisonnantes et mutantes ; un cauchemar. Comme dans ses livres à venir, Rollins mélange avec gourmandise la science, ici la génétique, le mystère et l'irrationnel, les légendes taboues. Ceux qui ont rêvé avec le Monde Perdu de Conan Doyle ou même Codex de Douglas Preston, qui attend son tour, ne seront pas déçus.
Et puis ce livre, certes à l'écriture sans doute pas géniale mais nerveuse, ne se quitte pas. Il vous dévore, à savoir par quoi et comment. Enfin, pour changer, pas de courses effrénées de pays en pays et de gadgets trop délirants. Il ne faut pas trop y chercher psychologie fine et haute littérature, il y a quelques longueurs.
Très américain mais enthousiasmant, vous ne verrez plus vos plantes d’appartement et vos poissons rouges sans frayeur !

FIÈVRE MUTANTE de Douglas Preston et Lincoln Child
De gauche à droite : Douglas Preston et Lincoln Child
En France, pendant 40 ans le duo Boileau et Narcejac nous concoctèrent à quatre mains ou séparément des polars à succès et même des scénarios de films flirtant avec le fantastique (Les Yeux sans Visage porté à l’écran par Georges Franju). Preston et Child ont repris ce concept outre atlantique.
Douglas Preston est né  en 1956. Il pratique l’ethnologie en poussant ses recherches sur la rencontre des conquistadores et amérindiens au Nouveau Mexique, où il réside, et au Cambodge. Journaliste dans des revues archéologiques, il est aussi coauteur de Thriller-Fiction avec Lincoln Child.
Lincoln Child, né en 1957, poursuit une carrière de journaliste et d’éditeur. Il rencontre Douglas Preston en 1995, date à laquelle paraît « Relic », leur premier thriller, plus fantastique que policier, et qui sera porté à l’écran par Peter Hyams.
Après ce premier livre un peu brouillon, les deux complices vont proposer des must du Thriller d’aventures scientifiques : Ice Limit nous entraîne en terre de feu où scientifiques, milliardaires paranos ou militaires renégats tentent tout pour s’emparer d’une météorite composé d’un métal de la famille des Îlots de stabilté (Heuu, un lien pour les amateurs de physique, plus simplement, une météorite grosse comme un menhir mais qui pèse autant qu'un cuirassé, pas facile à taxer) ! Ils y arrivent... Ils y arrivent, mais qui s’y frotte s’y pique, ils paieront le prix fort. Le Puit de l’architecte s’inspire de l’étrange mystère de l'île aux chènes. Enfin l’intrigue criminelle et flippante du « Cabinet des curiosités » s’empare du mythe de l’immortalité à tout prix, et nous plonge  dans le New York des bas-fonds au XIXème siècle et de nos jours. Un roman choc où le lecteur fait connaissance avec un personnage récurrent : l’inspecteur Pendergast. Cet agent très spécial du FBI semble sorti d’un creuset où ont fusionné l’intelligence de Sherlock Holmes, un richissime dandy sudiste sapé comme un croque-mort de chez Gucci, et un type émacié et glaçant aux méthodes borderline…

Dans Fièvre mutante publié au printemps, Pendergast est de retour pour une enquête vénéneuse qui va bouleverser son passé intime. Première révélation, l’agent du FBI, veuf depuis douze ans, découvre que ce n'était pas suite à un accident..... Pendergast va chercher à découvrir pourquoi, et au bénéfice de qui.  Douze ans auparavant, son épouse Hélène a connu une mort atroce, dévorée par un gigantesque lion, hélas bien réel même si clone biologique d'une créature fabuleuse issue des légendes africaines. Et puis que vient faire cette famille nordiste qui ayant reçu la visite éclair d’un perroquet sont devenus géniaux, avant de s’enfoncer dans la folie et la mort ? On aura tout vu !
Il démarre son enquête avec son Fidèle ami D'Agosta qui à mi-parcours aura... disons un empêchement. Il finira son enquête de plus en plus mouvementée et dangereuse avec Laura Hayward, capitaine du NYPD, et compagne sexy et énergique de D'Agosta. Finir son enquête ? Sans doute pas réellement, une nouvelle saga s'annonce. Stop sur le récit !
Dans ce livre, j'ai apprécié deux choses. L'enquête se déroule dans la région sudiste, berceau de la famille Pendergast. L'histoire va bon train, entre complot étrange, des morts qui ne le sont pas vraiment et encore moins fréquentables (pas des zombies, plutôt des erreurs d'état civil), les bleds lugubres où il ne faut pas s'attarder, et les marécages, bayous, alligators, sangsues et autres délices. La Rolls du bonhomme morfle aussi (pas terrible comme 4x4). Une unité de lieu dans les marécages de la Nouvelle Orléans évite l'éparpillement de l'histoire qui retrouve la densité des meilleurs opus précédents.
Et puis nous découvrons un Pendergast différent. Certes, le personnage atypique conserve sa superbe, son coté hautain et cinglant, son immense culture. Mais ici, blessé au plus profond par ce drame, il va évoluer vers des comportements inhabituels, vengeur, violent et sarcastique, il ira franchir la frontière inconnue jusqu'à présent chez lui, celle du sadisme, même si... Grand intérêt donc dans l'évolution du personnage, et le duo avec l’intègre Laura apporte un peu de raison dans cette ambiance démoniaque.
Un ouvrage pour les lecteurs passionnés de thrillers aventureux à la limite de l'étrange. Attention, ce n'est pas une bluette.
Un conseil n’acheter pas n’importe quoi dans les pharmacies au rayon « stimulants psychiques et physiques ». Ça craint !

1 commentaire:

  1. Je suis aussi fan des aventures de l'Agent Pendergast. Je n'ai pas encore lu "Fievre Mutante" mais votre analyse titille!
    Quand aux James Rollins je n'avais pas encore repéré cet auteur (même si nous avons dans notre bibliothèque!). Vous m'avez donné envie d'essayer.

    Yeti du Harz

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