vendredi 30 décembre 2011

PINOCCHIO , WALT DISNEY (1940) par Foxy Lady


En cette période ou le rêve et la magie hantent quelque peu l’esprit de chacun, je vais évoquer avec vous un de mes contes favoris, j’ai nommé l’illustre  Pinocchio .
Ce que j’aime dans ce film, c’est qu’il y a son quota de féerie, mais surtout, et contrairement à d’autres, il ne verse pas dans la mièvrerie.  Pinocchio est plus sombre que les autres dessins animés Disney et laisse à réfléchir. Il y a une belle leçon d’humanité à retenir, et surtout Pinocchio nous montre, avec finesse et poésie, que certaines limites ne doivent pas être dépassées, et que l’on ne gagne rien à être un vilain garnement !

 Pinocchio  est le 2ème long métrage des Studio Disney, sorti en 1940, soit 2 ans après le grand succès de  Blanche Neige et les 7 nains . Rappelons en quelques mots l’histoire, même si nous la connaissons tous…

Le narrateur, Jiminy Cricket cherche un abri pour se réchauffer… Ainsi s’ouvre l’histoire : « Un soir, il y a de cela pas mal de temps, mes affaires me conduisirent à un singulier petit village. La nuit était transparente, les étoiles brillaient comme des pierres précieuses au dessus des toits des maisons endormies, c’était joli comme une carte postale… ».
Ainsi donc, Jiminy échoue dans la demeure de Geppetto, un sculpteur sur bois, qui confectionne des horloges et est sur le point de finir un petit pantin de bois, qu’il va prénommer  Pinocchio . Geppetto vit avec son petit chat Figaro et un adorable petit poisson rouge Cléo. Le soir, avant d’aller se coucher, Geppetto formule le souhait, tout en regardant l’étoile des souhaits, de voir son petit pantin de bois devenir un vrai petit garçon. Alors que tout le monde a sombré dans le sommeil, la Fée Bleue réalise le vœux du vieil homme, et nomme Jiminy Cricket conscience officielle de Pinocchio.
Dès le lendemain, Geppetto envoie Pinocchio à l’école, mais, tout en s’y rendant, Pinocchio croise la route de personnages peu fréquentables : Gédéon, Grand Coquin, le terrible Stromboli ou encore l’effrayant Cocher, qui n’est pas sans rappeler certains personnages de Dickens.
Comme le lui avait dit la Fée Bleue, il lui faudra surmonter tous les obstacles et tentations qui se dresseront devant lui si il veut pouvoir devenir un vrai petit garçon, et pour cela, seul sa conscience (représentée par Jiminy) pourra le guider dans le droit chemin.

J’ai découvert que ce long métrage, bien que très sombre, est divinement beau mais surtout recèle de thèmes universels : l’adoption (thème récurrent chez Disney), l’amour pour ses parents, la vanité (Pinocchio préférant devenir acteur qu’aller à l’école) ou la facilité qu’éprouve n’importe quel enfant à  tomber dans de mauvais travers plutôt que de se comporter correctement, comme c’est le cas lorsque Pinocchio se rend sur l’Ile aux Plaisirs avec son ami Crapule, et se laisse aller à faire pis que pendre : fumer le cigare, boire de l’alcool ou casser juste pour le plaisir de détruire…

A l’origine, le Pinocchio de Disney est inspiré du conte éponyme de l’écrivain italien Carlo Collodi (1826-1890), sorti en 1881. A mon grand étonnement, et dans les nouvelles de Collodi, Pinocchio est stupide, méchant, ce n’est qu’un bon à rien, qui se moque délibérément de son père Geppetto et le fait souffrir inutilement. Pour Collodi, Pinocchio est un « voyou », un « vaurien » ou « une honte ».
Dans l’histoire originale, Pinocchio est exécuté par le renard et le chat. Ils le ligotent, lui passent un nœud coulant autour de la gorge et le pendent à la branche d’un chène !
De même, dans le conte de Collodi, le personnage de Jiminy Cricket n’apparaît presque pas, mais est représenté par  "le grillon qui parle" , qui, la seule fois ou il réprimande Pinocchio de sa mauvaise conduite se retrouve la tête défoncée à coup de marteau ! Vous avez dis personnage sympathique ? Collodi détestait les enfants, et tout particulièrement les garçons...

Autant dire que cette version, très incompatible avec l’esprit de Disney, devra être retravaillée, avant d’aboutir au charmant petit pantin de bois que nous connaissons tous. D’ailleurs, Disney a faillit interrompre la création de  Pinocchio  tant il était frustré par l’histoire de Collodi, ou Pinocchio n’est en fait qu’un vil petit fanfaron antipathique.

Enfin, parmi les ajouts faits par l’équipe des  "Nine Old Men" (Neuf Sages de Disney), la baleine Monstro est une liberté supplémentaire prise avec l’œuvre de Collodi, en effet elle n’existe pas dans l’histoire originale. A savoir que ces Nine Old Men  constituaient le noyau dur des animateurs Disney.

Deux ans après le succès fulgurant de  Blanche Neige et les 7 nains , le budget alloué était colossal et les moyens infinis en matière de film d’animation. En quelques chiffres : 750 artistes, 80 musiciens, 1500 nuances de couleurs (toutes réalisées à la main, on est loin de l’image de synthèse) et près d’un million d’esquisse.
De même le graphisme de Pinocchio prendra des années de travail acharné. En 1937, Joe Grant (1908-2005) dessina un premier pantin longiligne et maladroit. En 38, une nouvelle version du personnage sera redessinée sans trouver grâce aux yeux de Walt Disney. A la fin de cette même année les directeurs d’animation Fred Moore et Frank Thomas tentèrent de redessiner Pinocchio. Mais la version définitive de celui-ci verra le jour en 1939, lorsque Milton Erwin dit Milt Kahl (1909-1987) fera de Pinocchio un charmant pantin de bois potelé, aux grands yeux, un épi dans les cheveux, une large bouche, des fossettes rappelant Mickey Mouse et un chapeau de tyrolien.

Bien que le film ait été acclamé par la critique et jugé comme un chef d’œuvre, le film remporta un succès moins important que  Blanche Neige et les 7 nains , à cause de la guerre. Le film ne sortit ni en Allemagne, ni au Japon.

Dans le DVD, on peut découvrir une fin alternative du film, ou Geppetto est mort sur la plage et ou l’on voit Pinocchio pleurer. La fée bleue ranime le vieil homme, qui voit que Pinocchio s’est transformé en un vrai petit garçon. Jiminy Cricket reçoit sa médaille d’or de conscience officielle et le groupe, constitué de Geppetto, Pinocchio, Jiminy, Figaro et Cléo s’éloigne sur la plage.
Cette scène rejoint celle que nous connaissons tous, à ceci près que dans la version officielle c’est Pinocchio qui est mort, et Geppetto qui le pleure sur son lit… Le reste demeure ensuite sensiblement pareil.

Pinocchio est une merveille à tout point de vue, certaines séquences sont devenues cultes, et sont, aujourd’hui, totalement ancrées dans l’esprit populaire. Par exemple la scène ou Pinocchio ment et ou son nez s’allonge, ou encore celle ou les vilains petits garçons se transforment en âne, ou celle, inoubliable, ou Geppetto et Pinocchio sont dans le ventre de la baleine. Personnellement, j’adore le personnage de Jiminy Cricket et ses petites phrases qu’il prononce, d’une si grande vérité : « La conscience, c’est cette petite voix que personne n’écoute, c’est à cause de ça que tout va mal »… ou encore « qu’est-ce qu’un acteur pourrait bien faire d’une conscience… »

Pour beaucoup,  Pinocchio  est le chef-d’œuvre absolu de Disney. Frank Thomas et Ollie Johnston déclarent dans leur bible de l'animation, The Illusion of Life, que  "en tant que film, Pinocchio est sans conteste le plus magnifique et le plus complexe jamais réalisé et jamais surpassé" .  De même, le critique de cinéma, Léonard Maltin (1950), auteur, entre autre, de l’Encyclopédie du cinéma a déclaré que :  "avec Pinocchio, Disney a atteint non seulement la taille critique de son pouvoir mais le summum de ce que beaucoup de critiques considèrent comme étant le royaume du dessin animé" .

Bien que le Pinocchio de Disney soit d’une grande richesse visuelle, et atteigne la quasi perfection, il a été controversé car certains y ont vu une trop forte  "américanisation"  du personnage. C’est ainsi que le neveu de Collodi demanda au ministère italien de la Culture d'engager un procès contre Disney pour avoir modifié l'œuvre de son oncle.

 Pinocchio , contrairement à  Blanche Neige et les 7 nains  (qui ne reçu 2 ans auparavant qu’un Oscar honorifique),  a obtenu 2 Oscars en 1941 celui de la meilleure partition originale et celui de la meilleure chanson originale pour la légendaire "When you wish upon a star" .
En 2004, cette dernière a d'ailleurs été classée par l'American Film Institute au 7ème  rang des plus grandes chansons de films de tous les temps. C'est le plus haut rang jamais atteint dans la liste des films réalisés par Disney depuis sa création et récompensés pour leurs chansons. En juin 2008, l'AFI a classé le film au 2ème  rang des dix plus grands films d'animation.

De nombreuses adaptation de Pinocchio on étaient réalisées sur grand écran, parmi les plus connues, celle de Roberto Benigni en 2002.

A mes yeux, Pinocchio demeure en tout point un des plus beaux dessins animés jamais réalisés par les Studio Disney, et parmi mes préférences. Les enfants d’aujourd’hui, comme ceux d’hier, n’ont pas tant changés, et voir leurs grands yeux innocents s’écarquiller devant ce dessin animé reste un enchantement, et nous fait nous même retrouver notre âme d’enfant…

A re-découvrir, de 3 a 99 ans…





2 commentaires:

  1. Ah Pinocchio !!! Un de ces souvenirs d'enfance qui m'aura laissé des traces à vie. Entre émerveillement et terreur. La sanction faite à ce petit bonhomme pour quelques "petits" mensonges m'aura vraiment traumatisé. A l'instar de la sorcière de Blanche Neige, les premières oeuvres de Walt Disney avaient l'art de vous foutre la frousse. Quant au travail de dessins et de colorisations, que dire... Du grand art à 100 lieux de ce que produira ensuite cette superbe machine à rêver devenue cette grosse machine à faire du fric. Sans avoir jamais eu le génie de ses aînés.
    Merci pour ce bien bel article Foxy !

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  2. Magnifique, incontournable et inoubliable.
    Un chef-d'oeuvre.

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