dimanche 12 février 2012

THE BIG COMBO de Joseph L. Lewis (1955) par FreddieJazz

Pour moi ce film de Joseph L. Lewis sorti en 1955 est tout aussi important que GUN CRAZY. L’acteur principal,  Cornel Wilde était alors l'époux de Jean Wallace (celle-ci est présente dans THE BIG COMBO, comme dans beaucoup d'autres films aux côtés de son acteur de mari et nous offre ici une interprétation remarquable). Dommage que Hollywood n'ait pas davantage fait tourner cette belle blonde qui me paraît avoir en outre un talent pour la dramaturgie. Wilde qui interprète ici un lieutenant de police (Diamond) est très impliqué dans son rôle (on avait remarqué cet acteur dans le sublime PECHE MORTEL, aux côtés de Gene Tierney...). Là encore, je ne comprends pas pourquoi cet acteur est souvent passé à la trappe des studios... Sincérité, justesse, empathie. Il avait toutes les qualités d'un grand acteur. Ici, il s'use à traquer un chef de gang nommé Mister Brown (l'excellent Richard Conte qu'on ne présente plus...).

En dépit de tous les moyens qu'il déploie pour traquer le mafieux, le flic trouve de l'opposition dans son propre service (notamment auprès de son supérieur). Mister Brown (le nom évoquera un personnage célèbre de RESERVOIR DOGS, le film de Quentin Tarantino..) va jusqu'à narguer le flic, le provoquer, et même le faire kidnapper, jusqu'au jour où... En attendant, au-delà de l'intrigue policière, nous assistons aux obsessions de ce flic intègre : celui-ci, droit et loyal, est également attiré par la belle Susan Lowell (Jean Wallace) et voudrait la libérer de ses "liens"... Comme Mark McPherson dans LAURA de Otto Preminger, celui-ci est secrètement amoureux de cette "femme fatale". Et puis, il y a plusieurs scènes d'une suggestion inouïes, notamment celle au cours de laquelle Susan se laisse embrassée par Mister Brown, et que celui-ci descend sur ses reins... Pour l'époque, c'était vraiment osé. Ancienne pianiste devenue l'amante officielle du criminel, Susan n'en peut plus, mais succombe malgré elle à la violence érotique de Brown, qui semble dire que pour tenir une femme, il faut être violent (se souvenir également de la scène d'ouverture où on le voit gifler un boxeur et dire que "c'est par la haine que nous gagnons")... Quand Susan s'évanouit, après avoir essayé  -en vain- de se débarrasser des deux gorilles qui l'accompagnent sans relâche, l'on ne peut que comprendre les profondes motivations du flic (la scène d'ouverture, tandis qu'elle s'échappe, est à ce titre significative)...

Bref, jusqu'où ira-t-elle? Finira-t-elle par craquer, finira-t-elle par se libérer et à quel prix ? On notera aussi la présence des fidèles lieutenants de ce mafieux incarné par Conte : Lee Van Cleef (Fante) et Earl Holliman (Mingo), ainsi que la strip-teaseuse, la brune Helene Stanton (Rita). L'opposition entre les deux femmes (leur caractère psychologique) est très intéressant. Le titre français, "ASSOCIATION CRIMINELLE", se situe donc dans la mouvance des films noirs de l'époque. On a raison de remarquer que THE BIG COMBO a des réminiscences du côté de REGLEMENT DE COMPTES (THE BIG HEAT) de Fritz Lang. L'œuvre est bien entendu demeurée célèbre pour son aspect sulfureux, son érotisme latent et son noir et blanc exceptionnel (jeu de lumières époustouflant, avec ses ombres sur les murs). Les relations entre les personnages sont à ce point crues et équivoques (érotisme et sensualité qui débordent chez Jean Wallace, homosexualité à peine voilée entre les deux gorilles). Musique jazzy signée David Raksin (l'inoubliable compositeur de LAURA). Produit par Allied Artist Pictures (studio indépendant) et mis en scène par Sidney Harmon (le scénariste de TALK OF THE TOWN de George Stevens). La photographie de John Alton est somptueuse. 
Quatre étoiles seulement, car comparé à THE BIG HEAT, THE BIG COMBO n'est pas aussi rigoureux. Mais cela reste un excellent polar, une perle rare. A ne manquer sous aucun prétexte.


Noir et blanc  -  1h29  -  1:37

Aucune bande annonce disponible, ou alors, c'est carrément le film en entier ! On va se contenter du générique, à nous faire saliver... 

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