mercredi 8 août 2012

"7 ANS DE REFLEXION" un film de Billy Wilder (1955) par Rockin-JL



4ème volet de notre saga consacrée à Marilyn avec "7 ans de réflexion", comédie qui marque sa première collaboration avec le réalisateur/scénariste Billy Wilder et va lui faire définitivement accéder au statut de superstar.
Mais foin de parlotte, zieutons cette toile, on en causera après.


L'intro est amusante  avec les indiens, premiers habitants de Manhattan qui avaient pour habitude d'envoyer squaws et papooses vers des territoires plus frais les mois d'été et le parallèle avec les maris de l'époque actuelle qui font de même, ainsi que fantasmer sur de belles inconnues dès que leurs moitiés sont parties...Et justement c'est le cas de Richard Sherman,  qui accompagne à la gare sa femme et son fils en vacances dans le Maine, tandis que lui reste bosser à New York; il est la cheville ouvrière d'un éditeur spécialisé dans la série B sensationnelle. Joué par Tom Ewell il incarne le mâle New Yorkais moyen, 38 ans, 7 ans de mariage, petite vie réglée comme du papier à musique. Tom Ewell (1909-1994) dont ce sera le rôle principal même s'il tourna dans une flopée de films (dont "Madame porte la culotte" "La blonde et moi" ou "Gatsby le magnifique"). Plein de bonnes résolutions il a promis à sa femme  de ne pas boire ni fumer et se coucher tôt...mais un grain de sable va enrayer ces belles résolutions. Enfin, un grain de sable c'est une façon de parler, une belle plante plutôt en la personne de la nouvelle voisine du dessus, jouée par Marilyn , "the Girl" dans la distribution car à l'instar de l'homme sans nom incarné par Eastwood dans la trilogie de Sergio Léone, on ne connaitra jamais son nom dans le film!

Suite à un concours de circonstances (elle a faillit l’assommer en faisant tomber un pot de tomates de son balcon), il l'invite à boire un verre chez lui, ils font la bringue, champagne (elle fête ses 22 Printemps), cigarettes, il essaie de la séduire en lui passant un disque de Rachmaninov (petit clin d’œil à Claude Toon, ça se passe bien ces vacances à la montagne?).
Ewell est très drôle, il a l'air du loup de Tex Avery, vous savez, quand il tire la langue jusqu'au sol et que ses yeux sortent...
Pleine de (fausse) candeur Marilyn trouve merveilleux qu'il soit déjà marié, car tous les hommes qu'elles rencontre veulent lui passer la bague au doigt, lui ne risque pas, il l'est déjà! On apprend qu'elle est modèle de charme (Clin d’ oeil à la vraie Marilyn, qui a aussi débuté par des photos de charme) et joue dans des publicités pour du dentifrice sensé rendre ses baisers doux même après avoir bouffé de l'ail..Une pub ravageuse à la sensualité  exacerbée. .

Notre célibataire de circonstance ne sait plus où il en est, d'autant qu'il est en train de lire le manuscrit  du professeur Brubaker qui traite  des "impulsions refoulées chez le mâle moyen" et du "processus d'infidélité chez l'homme marié" , qu'il nomme "la démangeaison des 7 ans" car selon lui ce désir d'infidélité culminerai la 7ème année, en particulier l'été...
Il y a des moments de comédie très réussis comme les passages où Erwell/ Sherman donne libre court à son imagination débordante et ses fantasmes (on pense à Belmondo dans "le magnifique") , ou les apparitions du portier de l'immeuble Mr Kruhulik (Robert Strauss), toujours là quand il ne faut pas; sans oublier  une réplique qui tue, quand Sherman balance à un inopportun "quelle blonde dans la cuisine? vous croyez peut être que je cache Marilyn Monroe?".
Et puis bien sur il y a LA scène mythique, celle où sortant du cinoche (ils ont été voir "The Creature from the Black Lagoon" (l'etrange créature du lac noir), un classique du ciné d'épouvante sorti en la même année), nos deux héros passent au dessus d'une bouche d'air de métro, la suite vous la connaissez, la robe de Marilyn qui se soulève; même les tribus les plus reculées de Papouasie orientale ont déjà vu cette photo, mais nous y reviendrons plus loin. Je vais pas tout vous raconter mais sachez que la morale sera sauve et que l'homme résistera à la tentation et filera rejoindre sa femme dans le Maine.

cette scène fut coupée, en effet le plombier venu aider Marilyn qui s'est coincé un orteil dans le tuyau(!) laissait tomber sa pince dans la baignoire et farfouillait dans l'eau pour la récupérer...

On a du mal à l'imaginer en (re)voyant ce film à notre époque où des connasses siliconées exhibent leurs nibars sur tous les plateaux télé; mais il y a 50 ans il déchaina  la censure, pourtant il est bien gentillet  et à part un bisou il ne se passe que dalle entre Sherman et Marilyn.
Oui mais nous sommes dans l'Amérique puritaine des fifties et la bombe Marilyn  pour le moins suggestive  a tout pour exciter les foudres des mâles frustrés et les bigottes des lobbies puritains..
Le Hays Office, commission de censure, du nom de Will H. Hays, régente la production Hollywoodienne et prévoit notamment que "l'adultère ne doit jamais être sujet à plaisanterie", aussi les studios se retirent du projet, qui est une adaptation de la pièce du même nom de Georges Axelrod, succès en 1962 à Broadway. Mais Billy Wilder relève le défi, il a déjà contourné adroitement la censure par le passé et sur son nom , et celui de Marilyn Monroe il convainc la Fox. Marilyn alors sex symbole en pleine ascension, scandaleuse aussi quand elle pose nue en 1953 pour le 1er Numéro de Playboy (tu penseras à me le rendre Luc stp), vient de se marier avec la star du ba(i)se ball Joe Di Maggio et leur couple fait les unes.
Pour le role de Sherman, furent écartés des acteurs  comme Gary Cooper et Cary Grant, trop  belles gueules et sex symboles au profit de Tom Ewell, au physique plus banal et ayant le sens de la comédie, de plus il avait joué le rôle à Broadway. Le premier comédien pressenti pour le rôle fut Walter Matthau, mais les studios ne voulaient pas d'un débutant.
Le tournage ne fut pas de tout repos, entre une Marilyn dépressive qui oublie son texte, quand elle n'est pas en retard, les prises à refaire, et la censure omniprésente, notamment la Ligue de décence catholique qui rode autour des plateaux, bible en main, bien timbrés ceux là aussi..Plusieurs scènes furent aussi édulcorées ou carrément supprimées.
Axelrod regrette que sa pièce soit dénaturée, toutes les répliques les plus épicées sont sucrées par les censeurs, mais lui et Wilder arrivent quand même à lui garder son aspect sulfureux, grâce surtout à Marilyn dont chaque apparition vaut sa dose de viagra..
Une Marilyn  étincelante dans ce film taillé sur mesure pour elle, et qui bien sur  joue de son "sex appeal" à la perfection, et puis avouons le c'est sans doute son meilleur atout.. C'est peut être LE film à voir pour bien appréhender ce que représentait Marilyn, même si ce n'est pas le meilleur qu'elle ai tourné.


Pour finir revenons à la fameuse scène de la robe qui mérite qu'on s'y attarde. Une scène qui a été maintes fois pastichée au cinéma , notamment dans Shrek, ou dans la BD, les Schtroumpfs,ou Natacha (ci contre) .  Au moment de son tournage le mariage de Joe et Marylin n'a que 8 mois mais bat déjà de l'aile.
 La scène est tournée en extérieur, sur Lexington Avenue , devant des milliers de New Yorkais venus voir la star. Il faut des dizaines de prises et Joe Di Maggio goute peu les remarques et commentaires grivois sur sa femme qu'il entend, le soir même le couple a une violente dispute, il divorcera un mois plus tard...
Le pire est que la scène mise en boite est inutilisable à cause du bordel que fait la foule! Wilder fait reconstituer en studio le cinoche et la rue; là encore il faudra plusieurs prises.
Vous remarquerez que dans le film la  jupe s'arrête quand elle découvre les genoux de Marylin, alors que sur les photos elle remonte assez haut jusqu'à sa culotte; c'est encore un  effet de la censure qui a imposé cette "descente".
 La promotion du film misera sur cette scène  avec d'immenses images d'une Marilyn de 16 mètres de haut en plein New York. Marilyn qui voulait casser son image de blonde sexy et être reconnue comme actrice en retirera une certaine frustration "ils pensent que je me résume à ça" dira t'elle..
Toujours est il que le film eu un énorme succès, justifié car malgré  tout ce que nous avons vu il en reste une comédie de mœurs moins anodine qu'il y parait, succès qui va permettre à Marilyn d'imposer ses conditions aux studios, mais nous en reparlerons dès demain.....




la scène de la robe:

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire