dimanche 5 août 2012

NIAGARA de Henry hathaway (1953) par Luc B.



Voilà 50 ans que nous quittait la blonde la plus explosive du technicolor ! Tout ou presque a été dit sur Marilyn Monroe, de ses débuts de mannequin, son calendrier déshabillé, ses premiers rôles, notamment dans EVE, QUAND LA VILLE DORT, jusqu’à sa rencontre avec le réalisateur Howard Hawks qui en fit une actrice de comédie, avec CHERIE JE ME SENS RAJEUNIR, ou LES HOMMES PREFERENT LES BLONDES, et qui la propulsa où l’on sait. Et que dire de sa collaboration avec Billy Wilder, pour deux chefs d’œuvre : SEPT ANS DE REFEXION et CERTAINS L’AIMENT CHAUD, qui doit sans doute être un des films les plus drôles qui soient, mais Rockin y reviendra dans la semaine. Tous les documentaires ont déjà disséqué sa vie privée, faites de désillusions, de tristesse, de douleur, de deuil, de solitude, ses prestations rendues difficiles par son caractère et ses addictions, qui ont rendu fous les réalisateurs. On nous a narré par le menu ses relations avec les hommes, notamment dans la sphère politique de l’époque. 

Ne rabâchons pas. Oublions les torches-culs, et regardons plutôt ses films, car il y en a de sacrément bons ! Le DEBLOCNOT se paie  une semaine spéciale Marilyn, du glamour, du gag et du drame ! . Hein, quoi ? Ah c'est moi qui commence ??? Alors on part admirer la chute de reins de Mar... euh, les chutes d'eau !   

NIAGARA n’est pas forcément le film qui vient à l’esprit quand on parle de Marilyn Monroe. C’est pourtant une grande réussite signée Henry Hathaway, et un film charnière. Sans y avoir totalement le premier rôle féminin, Marilyn Monroe y impose son image de blonde platine, personnage crée l’année précédente dans CHERIE JE ME SENS RAJEUNIR de Howard Hawks, avec Cary Grant. Elle y joue une garce, figure classique des Film Noir, composition dans laquelle on ne la reverra plus ensuite. Le film est un drame, genre qu’elle abandonnera aussi par la suite, mis à part LES DESAXES en 1961. Elle tourne encore beaucoup à cette époque. 26 films les 7 premières années de carrière, puis 7 autres sur les 7 dernières... Donc, trois films en 1953. NIAGARA, LES HOMMES PREFERENT LES BLONDES et COMMENT EPOUSER UN MILLIONNAIRE. Après ça, elle enchainera les succès, la légende est en marche, et on connait la suite.  

Henry Hathaway (sous ce pseudo US 100% pur jus se cache en réalité un aristo belge !) est un vieux de la vieille, réalisateur confirmé, il enchaine docilement les tournages, prend tous les sujets qu’on lui donne, avec une préférence pour l’action, le polar, le western. Il a la réputation d’être infâme avec tout le monde, et curieusement, s’entendra très bien avec Marilyn Monroe, ne tarissant pas d’éloge à son sujet. Pour donner la réplique à Marilyn, Hathaway souhaitait avoir James Mason. Celui décline l’offre, et Joseph Cotten reprend le rôle (CITIZEN KANE, LE TROISIEME HOMME…) donnant à son personnage un côté plus sombre et bourru, que Mason aurait composé différemment. Comme son titre l’indique, le film est tourné en extérieur aux chutes du Niagara, personnage à part entière du film, omniprésent, menaçant, témoin de bien des turpitudes !  

NIAGARA est un Film Noir, en couleur ! Un drame criminel. Le couple Cutler fait son voyage de noce aux chutes du Niagara, et rencontre Rose Loomis, dont le mari, vétéran, alcoolique, et visiblement impuissant, fait des crises de jalousie violentes en voyant sa femme se pavaner. Faut dire que… Rose Loomis, c’est Marilyn… La voir débarquer à la fête de l’hôtel dans sa robe fuchsia, les lèvres écarlates, le sourire éclatant ! Le déhanché à peine exagéré !!! Et vous savez quoi ? Elle ne portait pas de culotte… La robe serrait trop… Pas photogénique… C’est Hathaway qui lui a demandé de la virer. L’actrice s’exécute, reprend sa place et roule du cul quatre fois plus ensuite ! Et cette scène où Marilyn est encore couchée au petit matin, elle est nue sous les draps, on le devine, on le sent, le drap remonte sur son sein au millimètre près pour éviter la censure, draps qui lui collent à la peau... C’est peu de chose, mais quel effet ! Finalement, le plus excitant, ce n'est pas de la voir nue, mais de savoir qu'elle l'est !

Polly Cutler (jouée par Jean Peters) est fascinée par Rose Loomis, la surprendra avec un amant. L’amant et Rose préparent un mauvais coup… N’en disons pas plus. 

Les qualités de ce film sont indéniables. Hathaway utilise ses couleurs comme un peintre, en aplat (toutes les scènes du clocher, la filature à la gare), en forme géométrique, donnant un aspect presque abstrait à ses séquences (on pense à ce que Boorman fera dans Le point de non retour). Le meurtre dans le clocher filmé totalement en plongée, est un moment très impressionnant visuellement. Hathaway s’amuse à opposer les deux femmes, Rose la blonde en robe moulée, et Polly la brune en short. Les hommes sont relégués aux seconds rôles, palme à Ray Cutler, insipide et transparent ! C’est sa femme Polly qui mène l’action, embarquée contre sa volonté dans une sombre histoire de meurtre, qu’elle compte bien élucider. Le film est rythmé par une mélodie « Kiss me », disque fétiche de Rose, et qui prend un sens beaucoup plus dramatique et sordide dans l’intrigue. Curieusement, les scènes les plus tendues n’ont pas de musique, juste le bruit des chutes en arrière-plan. La fin du film tient du pur suspens, rondement mené, efficace. 

NIAGARA est un film très épuré, magnifiquement mis en scène. 

La même année Marilyn Monroe tournera "Les Hommes préfèrent les blondes" et "Comment épouser un millionnaire" (à ne pas confondre avec "Le Milliardaire" !) ce dernier Foxy Lady nous en parlera demain, puisque que l'on a choisi de se pencher une semaine entière sur le cas de Marilyn... Y'a plus pénible dans la vie, je vous l'accorde ! L'année suivante, elle embarque pour la Canada, avec Robert Mitchum, pour y tourner "La riviere sans retour", mais  ça c'est pour Mardi...

NIAGARA - 20th Century Fox,1953
Couleur - 1h30 - format 1:37


4 commentaires:

  1. "NIAGARA n'est pas forcément le film qui vient à l'esprit quand on parle de Marilyn Monroe", ben, c'est pas vraiment étonnant, mis en part sa plastique à l'écran, il n'y a pas grand chose à retenir de ce "thriller rose bonbon" qui aurait été certainement plus réussi s'il avait été réalisé par "Hitch" par ex.

    Film vu une seule et unique fois à l'époque du coffret Diamant sorti en 2002 (que j'ai revendu illico !)

    Les Désaxés reste largement mon préféré de Monroe.

    J'attends la suite de vos chroniques avec impatience.

    RépondreSupprimer
  2. pat slade5/8/12 13:03

    A la mort de Marilyn,j'avais 4 mois,je me rappel avoir lu ça dans le parisien à l'époque !^^ La blonde qui disait que la nuit elle ne portait que du Chanel 5 reste un mythe. Mais je reste sur "la rivière sans retour " avec Robert Mitchum et "Bus stop" avec Don Murray

    RépondreSupprimer
  3. merci de votre passage Pat et Alex, Luc étant en vacances dans des pays où il n'y a même pas internet, il vous répondra plus tard. Bon comme je passe par là, Alex je suis assez d'accord avec ton avis sur ce Niagara, assez anecdotique. La suite avec "Riviere sans retour" mercredi, "Bus stop" jeudi et "les désaxés" samedi prochain....

    RépondreSupprimer
  4. Alex, je te trouve sévère ! Oui, Niagara n'est pas le plus célèbre (c'est pourquoi il était intéressant d'en parler !) mais pour l'avoir revu, et décortiqué pour écrire cette chronique, je t'assure qu'il recèle des très bonnes scènes. Rose bonbon ??? Rouge sang, plutôt ! Marilyn y campe une garce machiavélique, et comme je le dis, sur la fin, Hathaway nous offre une image froide et très stylisée, qui je crois, tient encore la route aujourd'hui. Hitchcock aurait sans doute aimé le sujet (d'ailleurs je trouve au film certains points communs avec le futur "Vertigo"...) mais n'aurait certainement pas supporté Marilyn plus de 5 minutes, et aurait noyé son personnage dans les chutes dès la première scène !!!

    RépondreSupprimer