vendredi 28 septembre 2012

BIENVENUE A ZOMBIELAND de Ruben Fleischer (2009) par Luc B.



Le zombie est une valeur sûre ! La liste est longue depuis WHITE ZOMBIE de Victor Halperin en 1932, et en passant par LA NUIT DES MORTS VIVANTS (Romero, 1968) jusqu’au 28 JOURS PLUS TARD de Danny Boyle en 2002 dont le troisième épisode serait à priori en préparation. Oui, la liste est longue de pauvres types dont les tibias ont servi de casse-dalle à des morfals aux yeux exorbités et à la démarche peu assurée. Et le phénomène ne touche pas que les Etats Unis, puisqu’on a eu LA HORDE en France (Yannick Dahan, 2010), DEAD SNOW en Norvège (Tommy Wirkola, 2009) BOY EATS GIRL ou DEAD MEAT en Irlande, EVIL en Grèce, CHOCKING HAZARD en République Tchèque, BIO ZOMBIE à Hong Kong (garanti 100% sans OGM), PLAGA ZOMBIE en Argentine… j’en passe et des plus saignants.
 
On connait le principe du film de Zombie, très codifié, mais, ces derniers temps, deux films sont sortis proposant une variante assez inédite : l’humour. Noir, l’humour, forcément, mais pas que. Disons même, du burlesque. Celui qui m’avait enchanté, c’est THE SHAUN OF THE DEAD de l’anglais Edgar Wright, écrit et interprété par Simon Pegg, une vraie réussite à la fois comique et horrifique. Et en 2009, Ruben Fleischer réalise BIENVENUE A ZOMBIELAND (ZOMBIELAND en V.O.), qui tient du film d’horreur, de la comédie et du road-movie. L’histoire obéit donc à la loi du genre, du moins au début, soit donc le jeune Colombus (Jesse Eissenberg) qui se retrouve seul avec sa bagnole, dans un paysage dévasté par un virus, et peuplé de morts-vivants. Comme il l’explique tout au début : « ça fait deux mois que le patient zéro à croquer dans le hamburger contaminé »… Eh oui, le virus, cette fois, ne vient pas des essais nucléaires de Mururoa, ni d’une météorite, ni de l’éprouvette d’un savant-fou, mais du steak haché !! La faute à McDo ! Raison pour laquelle on nous explique que les premières victimes étaient les obèses (du genre, c'est pas grave) avant que tout le monde ne soit touché. Ca ne vous rappelle pas un discours, vers 1985, sur les premiers cas de SIDA ?

Colombus, pour survivre, s’est inventé ses propres tables de la loi, les 10 commandements de la survie (qui sont en fait une trentaine de règles). D’abord savoir courir vite et surtout longtemps (le zombie s’essouffle vite…), et puis la règle de la « double dose ». Foutre une balle dans une tête de zombie ne sert pas à grand-chose, si on ne lui en colle pas une deuxième. Cette règle s’applique aussi pour les coups de batte de baseball. Une autre règle salvatrice : se méfiez des toilettes, lieu clos, sans issue, et quand on trône, le froc baissé, et que deux mains passent sous la porte pour vous tirer les chevilles, pas facile de s’en dépêtrer. Il y a aussi la règle de : ne pas jouer au héros. Sous-entendu, on ne frime pas, et on sauve ses miches. Mais pour les yeux d’une jolie brune, Columbus la transforme en : jouer au héros !  Et ce qui est marrant, c’est qu’au fur et à mesure de l’intrigue, les règles en questions s’affichent à l’écran, comme pour parfaire la démonstration !

Il n’y a pas que cette idée de bonne dans ZOMBIELAND, et la première bonne trouvaille, c’est le casting. Jesse Eissenberg, donc, que vous connaissez pour son rôle de Mark Zukerberg dans THE SOCIAL NETWORK - voir article du Déblocnot -. Pas vraiment un physique de vainqueur, et déjà catalogué cinéma d’auteur, avec débit mitraillette. Et pourtant, ça fonctionne, genre monsieur Tout-le-monde, brave type un peu déprimé, angoissé, nerveux, et inconscient (euh, pardon… courageux) quand il le faut. Un Woody Allen avec 50 ans de moins ! Il a un petit souci psychanalytique avec les clowns... Colombus s’avère ne pas être le seul survivant. Place à Tallahassee que joue Woody Harrelson, acteur très demandé (TUEURS NE, LARRY FLYNT, LA LIGNE ROUGE, NO COUNTRY FOR OLD MEN) qui n’hésite à se foutre de lui-même, les neurones dans les biceps, le texan bas du front adepte du colt .45. Harrelson est parfait. On appréciera l'artillerie du type, et notamment l'utilisation du banjo, avec la musique de DELIVRANCE, pour attirer les pequenauds ! Nos deux amis rencontrent en chemin deux filles, deux sœurs. Là encore, on en reconnait une des deux, la plus jeune : Abigail Breslin, découverte dans MISS LITTLE SUNSHINE, cette belle comédie un peu fauchée où une gamine boudinée se lance dans un concours de miss. Et bien maintenant elle dézingue du zombie ! La troupe sera complète avec la délicieuse Emma Stone, nouvelle coqueluche vue dans LA COULEUR DES SENTIMENTS et SPIDERMAN.

Aux chapitres des bonnes idées, il y a la rencontre de tous ces personnages, et notamment les deux filles. Je ne peux pas trop vous en dire (faut pas gâcher…) mais disons que dans de telles circonstances apocalyptiques, la décence voudrait qu’on s’épaule, s’entraide… Or là, c’est franchement chacun pour sa gueule ! La scène dans l’arrière magasin du supermarché est assez réjouissante. 

Généralement, le propre du film de zombie est de décrire un monde qui se décrépite. Les zombies sont à l’écran ce que les aliens étaient aux films de SF dans les années 50 : la menace sournoise, venue du communisme. George Romero va plus loin dans ZOMBIE (1978) un film pamphlet social, sur fond de société de consommation, dont l’action se situe dans un centre commercial. Lorsque les humains consomment de l’humain, la boucle est bouclée ! Dans BIENVENUE A ZOMBIELAND il s’agit plus d’un film potache, mais qui mord à grands coups de crocs le mythe de l’entertainment hollywoodien. Wouah ! Je me relis… Pas mal… J'vous autorise à la ressortir dans vos dîners en ville, mais dites juste que vous avez lu ça dans le DEBLOCNOT… 

C’est que notre petite troupe se met en route pour la seule région épargnée… Los Angeles… Hollywood… et le parc d’attraction Pacific Playland. C’est là que les deux filles veulent se rendre, comme un ultime pèlerinage avant le Déluge Final. Ben voyons. Quant à savoir ce qu’il va leur arriver là-bas… Et Tallahassee, lui, sa quête, c’est de trouver des Twinkies, ses friandises préférées ! Barnum et fast-food semblent être les deux mamelles de l’Amérique ! 

Donc, nos amis se retrouvent à Los Angeles, sur Hollywood Boulevard, le trottoir aux étoiles, avec les sosies de stars zombifiés (dont un Chaplin !). Ils s’arrêtent devant le Chinese Theatre, haut lieu des grandes premières hollywoodiennes d’antan. On y trouve des prospectus avec l’emplacement des maisons de stars. Tallahassee va pouvoir enfin visiter la maison de son idole… Bill Murray 

Autre belle idée, puisque Bill Murray va donc jouer son propre rôle. Sauf que les deux gamines ne savent pas qui il est, et Colombus devra leur montrer le film GHOSTBUSTER dans la salle de projection privée de Bill Murray ! Un décor fantasmé qui renvoie à BOULEVARD DU CRÉPUSCULE. Et qu’encore une fois, je ne pourrais pas vous en raconter beaucoup plus, mais la pirouette scénaristique frise le génie !

Les trois premiers tiers du film sont épatants, la réalisation second degré est assez clipée, genre Guy Ritchie, le David Fincher des débuts, ou Danny Boyle. La grande séquence finale est à mon avis trop longue, le scénario s’épuise, et on retombe dans le banal, accumulation de cadavres, là où jusqu’à présent le réalisateur savait doser ses effets. On peut regretter aussi que le road-movie ne soit pas exploité pour vraiment faire cohabiter et évoluer les quatre lascars. Mais je chipote...

... Car ne boudons pas notre plaisir, BIENVENUE A ZOMBIELAND lorgne beaucoup plus sur la comédie que sur le film gore, c’est avant tout un divertissement, bien troussé, avec quelques très bonnes idées, des clins d'oeil, une grosse dose d'hémoglobine, et une troupe de comédiens aux p'tits moignons... euh... aux p'tits oignons !

Le film ayant très bien marché, la suite est en tournage, avec la même équipe, sortie en 2013... De quoi s'en repayer une bonne tranche...


BIENVENUE A ZOMBIELAND de Ruben Fleisher
couleurs - 1h30 - scope 2:35


10 commentaires:

  1. pat slade28/9/12 08:57

    Film génial, surtout Woody Harrelson avec sa quête pour un gateau et la scéne dans le park d'attraction!^^

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  2. ça à l'air bien marrant tout ça ;)

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  3. Crénom ! 'suis pas du style à collectionner les DVD (loin de là - au contraire de... -), mais celui la... Ayyïie !!! Celui la fait partie de mon squelettique lot.
    Même le générique est bon et original.

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  4. Big Bad Pete28/9/12 09:57

    'Bsolument !!! Avec "Shaun of the dead", cette pochade horrifiquement plus subtile q'il n'y parait relance un genre ... euh... rampant et trébuchant ...?...

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  5. "Les trois premiers tiers sont épatants" ...

    C'est les cinq derniers tiers qui t'ont moins plu ?

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  6. Big Bad Pete28/9/12 13:25

    Té... ça, c'est essentiel !!!
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Bienvenue_%C3%A0_Zombieland#La_liste_des_r.C3.A8gles

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  7. Big Bad Pete28/9/12 13:28

    @Lester : et comment tu fait les cocktails, toi ? Y a 4 tiers dans un cocktail, hop !
    :oD

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  8. pat slade28/9/12 13:41

    Sa depens de la grandeur des tiers Big Bad Pete comme disait César à Marius dans la trilogie de Pagnol

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  9. Ah Lester, génial !!! Quel c.. je fais ! Vous aurez compris vous même que le quatrième tiers s'appelle donc... un quart, et que les trois premiers sont donc épatants ! Mais je ne corrige dans le texte, c'est trop drôle !
    BBP et Pat, z'allez vous foutre de moi longtemps comme ça ?(grrrr)

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  10. Big Bad Pete28/9/12 23:05

    Ben, à Marseille, on a quatre tiers !
    On laisse les quatre quart aux bretons avec leur certitudes arithmétiques.
    ...ksss, kssss, attaque Rockin', attaque !!!

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