dimanche 7 octobre 2012

R.I.P. Le réalisateur Claude Pinoteau est décédé le 5 octobre


De nos jours, le nom d'un réalisateur passe souvent au second plan par rapport à ceux des comédiens vedettes. Le nom de Claude Pinoteau ne doit pas évoquer grand-chose chez les jeunes générations. Claude Pinoteau avait 87 ans et une filmographie de seulement 12 films dont un documentaire. Vous allez me dire : un ancien du cinéma et une contribution modeste au 7ème art …
Certes, mais qui n'a pas vu La Gifle ou La Boum qui propulsèrent deux adolescentes : Isabelle Adjani et Sophie Marceau dans leurs belles carrières ?
L'histoire commence après-guerre. Claude Pinoteau qui est né en 1925 à Boulogne Billancourt (près des studios disparus depuis) enchaîne les petits boulots dans "le métier" : régisseur, accessoiriste. Dès 1948, il devient assistant réalisateur auprès des plus grands : Jean Cocteau (Orphée) Henri Verneuil de 1955 à 1967 (Mélodie en sous-sol, Un singe en hiver, Week-end à Zuydcoote…). C'est avec Verneuil qu'il travaillera le plus mais il faut ajouter aussi Max Ophüls, René Clair, René Clément, Claude Lelouch.
Sa carrière de réalisateur débute en 1973 avec "Le silencieux" sur un scénario cosigné avec Jean-Loup Dabadie. Lino Ventura campe un ingénieur enlevé par le KGB, pour exploiter ses talents, et qui décide de dénoncer les espions anglais infiltrés à l'est. L'homme va fuir en France pour tenter de retrouver sa liberté. L'acteur français transcendait par sa stature taciturne ce film d'espionnage qui n'avait rien à envier en termes de rythme et de suspens aux films hollywoodiens. (Ah l'idée des microfilms dans les notes superflues des partitions de Bach… il fallait y penser). La complicité avec lino Ventura se poursuivra dans La Gifle, L'Homme en colère et La Septième Cible.

Son second film, La Gifle est tourné en 1974. Il marque le début d'Isabelle Adjani qui reçoit de son père Lino Ventura une des plus phénoménales gifles de l'histoire du cinéma. Une baffe à la John Wayne. C'est par ailleurs un passage direct du film d'action à la comédie de mœurs, les relations tumultueuses d'un père divorcé confronté au désir d'indépendance et à la découverte de l'amour par sa jeune fille étudiante, fille qu'il se refuse de voir grandir pour ne pas se voir vieillir. Le film est un nouveau succès. 1976, Pinoteau s'essaye encore avec bonheur et panache à un nouveau genre : la comédie dans Le Grand Escogriffe avec Yves Montand. Aux dialogues : Michel Audiard, pour la musique Georges Delerue : un petit arrêt sur image pour montrer que Claude Pinoteau s'entourait des plus grands.

En 1980, il tourne un film proche de La gifle : La Boum, qui va devenir le film culte témoin de la vie des jeunes adolescents en cette fin de seventies. L'histoire est simple : Vic (Sophie Marceau), jeune collégienne de 14 ans n'a qu'une idée en tête : organiser sa Boum (on ne parle plus des surprises-parties de Sheila). Entre un père ombrageux (Claude Brasseur), une mère un rien azimutée (Brigitte Fossey) – un couple en plein crise -, la gamine tente de vivre son adolescence existentielle aidée par sa délicieuse grand-mère, Poupette (Denise Grey). Cette peinture de l'émancipation des adolescents à la fin des trente glorieuses est à la fois piquante, endiablée et touchante. La mine boudeuse et friponne de Sophie Marceau restera dans les mémoires, le film entre dans la légende et une suite lui sera donnée en 1982…

Claude Pinoteau représentait ce courant du cinéma que l'on a appelé "la qualité française", expression un peu équivoque qui s'appliquait au travail des réalisateurs qui filmaient pour le public, plutôt que pour eux-mêmes ou pour les potes d'un cénacle de réalisateurs un brin intellos. Vous savez ceux qui nous proposent, parfois avec talent tout de même, des longs métrages diffusés dans quelques salles dont on sort en posant la question "heuuu c'est quoi l'idée au juste ?" Chez Pinoteau, peu de films, mais aucun navet, un cinéma populaire dans le bon sens du terme.
Claude Pinoteau restera parmi nous grâce à ses œuvres.

Les bandes annonce de La Gifle 1974 et celle de La Boum en 1980

2 commentaires:

  1. M. TOON
    les dragues adolescentes et les boom ne sont plus de votre age.
    Relisez plutôt "les rêveries du promeneur solitaire" de Jean Jacques ROUSSEAU.
    A défaut, écouter l'émission "le gai savoir" sur France Culure,du 30 sept, pour une présentation magistrale de cette oeuvre.

    Un admirateur anonyme 74 (qui c'est ??)

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  2. Cher M. "Un admirateur anonyme 74 (qui c'est ??)" (Voir Ann…, rue de Cha… N° x, 3ème étage, porte de gauche)

    Ce n'est pas parce que mon pseudo est TOON qu'il faut écrire l'onomatopée BOOM au lieu de BOUM !

    De plus un déblocnoteur n'est jamais un vulgaire dragueur, il est d'une prévenante courtoisie avec la gente féminine, surtout si esseulée, ce qui est tout à fait différent… De plus, je trouve hautement blessante cette suspicion concernant mon âge et j'émets les plus vives protestations en tant que doyen de ce blog !

    Vous devriez savoir que la dernière fois que j'ai fait "une promenade solitaire et rêveuse", j'ai fait un grand soleil sur une plaque de verglas... prudence !

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