mardi 28 mai 2013

ERJA LYYTINEN "Forbidden fruit" (2013) par ROCKYYNEN-JL


Évidement, quand on voit la photo qui orne ce disque, on comprend mieux pourquoi le Père Noël s'est établi en Finlande et comme on les envie que leurs nuits durent parfois 6 mois...D'ailleurs voici ce que dit la chanteuse guitariste finlandaise au sujet de cette pochette, signée de la photographe Tina Korhonen : "la pochette ne montre pas une jeune fille apeurée et inexpérimentée qui a été mise  là pour poser par un homme mais une femme de 35 ans confiante dans son corps et qui assume sa féminité. Le titre "fruit défendu" a aussi une connotation sexuelle mais la chanson est plus profonde que cela ". Mais c'est vrai que nous ne sommes pas dans une revue de charme alors parlons un peu musique maintenant, même si les deux sont liés, tant la musique de Erja transpire la sensualité.

C'est le 5eme album pour Erja qui a étudié la musique au conservatoire d'Helsinki puis au conservatoire Sibélius, publié son premier album en 2001 et fait partie de la tournée "Blues caravan" en 2006 et 2009. Elle est considérée comme la reine de la slide et la "Bonnie Raitt finlandaise", guitariste très douée elle maitrise aussi bien le dobro que le bottleneck. Née dans une famille de musicien elle a été bercée aux Beatles, mais aussi Led Zep ou Deep Purple, puis plus tard elle découvre le blues et ses guitaristes, d'Albert Collins à T-Bone Walker en passant par Elmore James, Muddy waters ou Bonnie Raitt, mais aussi des sons venant du jazz ou du rock'n'roll comme ceux de Pat Metheny ou Brian Setzer.
Avant d'écouter cette galette je ne connaissais Erja que de nom et en avais l'image d'une bluesrockeuse pure et dure, aussi la première écoute m'a un peu laissé sur ma faim, ça ronronnait un peu; mais il faut parfois se méfier des premières impressions, en effet au fil des écoutes, Erja et sa musique dévoilent  leurs charmes et j'ai fini par en tomber "in love". En effet, elle ne se place pas dans la lignée des émules de Hendrix ou Stevie Ray Vaughan ni des guitar-héros verbeux (des noms! des noms!). Mais son blues est imprégné de soul, parsemé de touches jazzy voire country et pop (au sens noble du terme). La voix est sensuelle, plutôt claire et  jazzy que cassée au whiskey, les orchestrations sont soignées, le toucher de guitare est subtil, et toujours au service des chansons, pas de démonstrations superflues ici. De l'authentique donc, servi par une prise live en studio, au programme 3 reprises dont 2 de ses  bluesmen favoris, Son House ("Death letter") et  Tampa  Red ("Thins about coming my way") , l'autre étant "Press my Button" de Lil Johnson, les 6 autres titres sont de Erja dont 2 co-signés avec Alan Darby (un écossais qui a travaillé avec Bonnie Raitt, Bonnie Tyler, Clapton ou Sir McCartney). On notera aussi le travail à la guitare de son acolyte Davide Floreno.

@Nicolas Aunet, au Blues café ,merci

Ressortent du lot le superbe  "Joyful misery" dédié à sa tante et son oncle qui ont vécu 50 ans ensemble jusqu'à ce que la mort les sépare, avec un  beau solo et une couleur blues rock aux senteurs californiennes (plus précisément un petit quelque chose de Fleetwood Mac période Stevie Nicks/ Lindsay Buckingham), "Jealousy" le titre le plus "musclé"; "Change of season" et son final Fender en avant, à la Allman Brothers. Le bluesy "Hold on together", et les très belles reprises de Son House et  Tampa Red  avec une super slide, sans oublier celle de Lil Johnson, avec notamment un bon passage d'orgue.
Alors même si j'aurais aimé que Erja lâche un peu plus les chevaux - ou plutôt les rennes - sur certains titres, j'ai croqué à pleine dent dans ce  fruit défendu qui séduira les amateurs de belles voix féminines, de guitares ciselées  et de blues élégant.






article paru dans le No32 de la revue BCR

1 commentaire:

  1. Je tiens à faire part de ma déception.
    Enfin, pas une seule remarque sur les tenues de la dame, ni même sur son numéro de scène.
    (soupir)... Tout se perd.

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