mercredi 19 juin 2013

BAKERLOO (1969) by Bibi


     Bakerloo c'est le nom d'une des plus célèbres lignes de métro londonien ; connu notamment pour les difficultés endurées par les ouvriers.
Mais c'est également, et ça c'est malheureusement bien moins connu, le patronyme d'un des meilleurs groupes de British-blues.

 

   Le groupe se forme en février 1968, d'abord sous le nom de "Bakerloo Blues Line", autour de Terry Poole, de John Hinch et surtout de Dave Clempson.

Le poste de batteur a quelques flottements jusqu'à l'arrivée de Keith Baker.
Le trio, originaire de Birmingham, obtient une bonne réputation scénique, et son public prend doucement de l'ampleur. Une réputation grandissante qui lui permet d'obtenir un ticket pour un passage au "Top Gear" de John Peel.
Le groupe réduit son patronyme à "Bakerloo" (à ce moment-là, il y avait foison de groupes en "Blues"), et part en tournée avec d'autres jeunes formations, dont un quatuor de la même ville qu'eux, Earth, qui se rebaptisera Black Sabbath plus tard.
La même année, il ouvre pour un Led-Zeppelin à peine sorti de l'œuf.

     Enfin, c'est la signature, avec Harvest, et un vinyl sort rapidement. 

Avec cet opus, Bakerloo se place dans le peloton de tête des meilleures formations de British-blues. On est bien loin des hésitations, des pains, et des imitations (parfois très maladroites) des maîtres américains. 
Bakerloo affiche une maîtrise qui fait défaut à nombre de ses compatriotes. Et certains titres préfigurent les grands groupes alors en gestation ou en mutation.

   "Big Bear FFloy", du nom de leur tournée commune avec Earth (avec d'autres à la carrière éphémère), est une cavalcade à bâtons rompus de Blues-rock jazzy dans un format qui est en passe de devenir une des marques de fabrique de Ten Years After. D'ailleurs, c'est à s'y méprendre : on pourrait très bien faire passer cette composition pour un inédit de TYA.
   "Bring it on Home", (écrit par Willie Dixon pour Sonny Boy Willimason), dont cette version avec cet harmonica et cette voix plaintive et chevrotante, n'est pas sans rappeler celle que Led-Zeppelin sort quelques mois plus tard sur sa deuxième galette de cire. Bakerloo n'avait pas ouvert pour eux ?
Evidemment, Toole n'a pas le registre de Robert Plant.


   "Drivin' Bachward", comme l'indique le titre, est une fusion de Bach au format Jazz-blues. Plus exactement de la Bourrée, une pièce que Jethro Tull adapte également avec succès sur son deuxième disque, "Stand Up", la même année (...). Trompette (de Jerry Salisbury) et clavecin viennent se joindre à cet hommage.

Même si le son de la guitare ici est bien millésimé 60's, cela reste frais.
"Last Blues", débute comme un blues lent et paresseux, légèrement vaporeux avant de se complaire dans un défouloir digne d'un Fleetwood Mac - ère Peter Green - en live.

   "Gang Bang" est plus anodin car c'est plus une plage reposant sur la dextérité des musiciens. Terrain de jeu pour Clempson pour faire étalage de sa vélocité, et pour Keith Baker pour délivrer un - très bon - solo de batterie. Chose assez usitée et appréciée à l'époque, mais désuet de nos jours. Néanmoins celui-ci demeure d'un bon niveau.

   "This Worried Feeling"... Clempson démarre seul, avec sa guitare et de son chant... L'ombre de Peter Green plane, accompagnée de celle d'Otis Rush. Lors du solo final Clempson parle avec sa guitare, tel Alvin Lee. Grand moment de Blues urbain et déclamatoire.


   Et puis, "Son of a Moonshine" s'attaque au Heavy-blues en mode Boogie. On monte en température sans se soucier si le moteur va tenir. C'est du Savoy-Brown période Youlden-Peverett. C'est le "Hear Me Calling" de Ten Years After dans la version incandescente de Slade sur "Slade Alive !". Au point culminant de la débauche d'électricité, Mountain n'est pas loin. Le Hard-Rock prend forme.
   

       La réédition du label Repertoire offre en bonus "Once Upon A time", la face "B" du single "Drivin' Bachward". Titre un peu fouillu avec plusieurs couches de guitare qui évoque la musique de Three Man Army croisée avec le chant de Jack Bruce. Un titre de face B, dispensable.

     Celle d'Esoteric Recordings, toute fraîche, sortie dans le courant de cette année, est plus riche en proposant en plus de celle susnommée, une version alternative de "This Worried Feeling" et de "Son of Moonshine (part one)" (plus touffu et crasseux, avec une once de Canned Heat et de Cactus), plus un "Georgia" quelque peu souffreteux et "Train" qui, par contre, vaut le détour (bien que Clempson s'y étale quelque peu). Un instrumental (ébauche ?) où Clempson joue de la slide dans une approche crue, pas loin de Johnny Winter sur un tempo qu'affectionne John Mayall. 

   La presse ne s'y trompe pas et encense cet album, le public répond présent aux concerts, malgré tout les ventes restent timides.
   Des désaccords naissent et Keith Baker quitte le navire, remplacé par un jeune Cozy Powell. Et puis, finalement, Clempson répond positivement à l'invitation de John Hiseman pour rejoindre Colosseum, et c'est la fin de Bakerloo. Un groupe qui avait le potentiel pour rivaliser sur leur terrain avec Ten Years After, Savoy-Brown et Fleetwood Mac. 

     Après le départ de Clemp',  Terry Poole et Keith Baker continuent avec Adrian Ingram en remplacement, plus un saxophoniste, George Orthall. Le côté Jazzy est alors prononcé. Ensuite ils forment avec Tony Newman (Jeff Beck Group, Three Man Army, T.Rex, Boxer), May Blitz.
Par la suite, Terry Poole rejoint le Graham Bond Band avant de se consacrer à une carrière de musicien professionnel.
Tandis que Keith Baker intègre la première mouture de Supertramp -alors nommé Daddy- puis, pour un temps limité, Uriah-Heep. Il joue sur l'excellent "Salisbury".
Et puis bien sûr, Dave "Clemp'" Clempson, après Colosseum, renoue avec des sensations nettement plus Heavy-blues en remplaçant Peter Frampton au sein d'Humble Pie





4 commentaires:

  1. Un album délicieusement désuet… je passais le Bac… en ce moment en 1969. Bouhouh, ça ne me rajeunit pas….
    Tiens à propos de Bach, le cantor aurait fait un infarctus en écoutant cette bourrée, il n'aimait pas que les autres innovent (ils sont zarbis les génies), mais lui ne s'en privait pas :o)
    J'aime bien, l'album dans son intégralité est dispo sur YouTube : http://www.youtube.com/watch?v=rHcMtolphcc

    A la fin du furieux Gang Bang, ils doivent se passer les poignets au synthol…..

    RépondreSupprimer
  2. Yes, un tout bon album de british blues. Clempson auditionna aussi chez les Stones quand ceux ci cherchaient un remplacant a Mick Taylor, bizarrement c'est Ron Wood qui fut préféré .
    Pour la petite histoire Bakerloo est un ligne du metro londonien qui va de Baker Street a Waterloo, la superbe pochette represente d'ailleurs une scene du travail du forage de la ligne.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Clempson joua également avec Steve Hunter pour Alice Cooper, en remplacement de Dick Wagner.

      Supprimer
  3. A chaque fois je fais ce joke mais qui n'est pas marrant du tout mais à le mérite de se remémorer de l'existence du Sensational Alex Harbey Band :
    Zal Cleminson a ne pas confondre avec Clempson.

    RépondreSupprimer