mardi 25 juin 2013

R.I.P. RICHARD MATHESON est "devenu une légende" à 87 ans



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Que diable ! Qui n'a pas vu un jour à la télé (voire dans une salle art et essai) l'homme qui rétrécit de Jack Arnold ou "je suis une légende", l'histoire d'un type retranché dans sa maison et tentant d'échapper à l'humanité devenue une horde de vampires suite à une pandémie biologique ! Ce roman de Richard Matheson a connu 3 adaptations : avec Vincent Price en 1957, Charlton Heston en 1971 (titre "Le survivant") et Will smith en 2007… Je ne suis pas certain que, de production en production, avec l'escalade dans les effets spéciaux dégueux, la plume de Richard Matheson en soit sortie gagnante !
Retour en 1926 dans le New-Jersey. Naissance de Richard Matheson, premières armes littéraires comme journaliste, puis quelques nouvelles pour se faire la main. 1950 : parution de Journal d'un monstre. 4-5 pages. LE personnage narrateur soliloque méchamment à propos de "papa et maman". Qui est-il ? Un gamin ingérable que des parents qui n'ont pas lu Dolto ont enfermé dans la cave ? De là à le déclarer "monstre" !  Matheson nous ballade avec quelques anecdotes a priori insignifiantes sur ce duel parental. Mais il y a le style, l'écriture d'un môme (volontaire), des bribes de phrases irascibles, une construction chaotique à la manière d'un témoignage, et le génie du futur romancier nous pétrifie dans les deux dernières phrases :
"Après je m’accrocherai la tête en bas par toutes mes jambes et je rirai et je coulerai vert de partout et ils seront très malheureux d’avoir été méchants avec moi.
Et puis s’ils essaient de me battre encore je leur ferai du mal comme j’ai fait à la bête vivante. Je leur ferai très mal."
Richard Matheson a écrit essentiellement des romans et nouvelles de science-fiction et d'épouvante. La technologie sophistiquée, le futurisme ou l'exploration spatiale n'étaient pas son domaine favori. Matheson sondait les âmes torturées de personnages démunis de dons particuliers, mais plongés dans des situations effrayantes et incontrôlables. Dans la maison des damnés, place à la parapsychologie. Dans une demeure gothique, lugubre et abandonnée, respirant le maléfice, des hommes et des femmes plongent dans le tréfonds de leurs cauchemars, de leurs névroses refoulées. Il y a une explication à la fin, une présence morte et malfaisante certes, mais qui n'a servi qu'à catalyser la folie latente des personnages. L'homme qui rétrécit est victime de l'absorption d'un insecticide conjuguée à l'exposition de radiations d'un essai nucléaire. Il va parcourir ainsi le destin tragique d'un homme qui, d'espèce dominante (celle des prédateurs de la planète, des apprentis sorciers de l'atome) devient la proie d'un univers où il s'adapte de plus en plus difficilement, devient nourriture de la chaîne alimentaire pourtant dominée par l'homme : la proie d'un un chat (vidéo 1), d'une simple araignée…
Matheson était l'auteur de "Les seins de glaces", porté par à l'écran par Georges Lautner avec Mireille Darc et Alain Delon en 1974. L'auteur et le cinéaste transcendent le simple sujet policier pour, une fois de plus, se perdre dans les méandres de la psyché monstrueuse de l'héroïne.
On l'aura compris Matheson jonglait entre l'écriture et le cinéma. Il écrivit plusieurs épisodes de séries cultes comme La Quatrième Dimension et Star Trek. Et ne pas oublier une nouvelle intitulée Duel qui donna la trame du petit film fauché de 1971 qui propulsa Steven Spielberg dans la cour des grands cinéastes…
Richard Matheson a influencé les générations d'écrivains suivantes. Je suis certain que les histoires de maisons diaboliques des romans de James Herbert doivent beaucoup à la maison des damnés. Stephen King a souvent témoigné de ce qu'il doit à la lecture de son ainé.
Souhaitons à Richard Matheson un vrai repos éternel… Il nous a quittés le 23 juin.


2 commentaires:

  1. "La Maison des Damnés" est tout simplement un des meilleurs films du genre, où comment créer une ambiance malsaine sans aucuns effets spéciaux (enfin, juste un seul). Du grand art.

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  2. "Je suis une légende", "Le jeune homme, la mort et le temps" ... Collection Présence du futur dans les années mid-70. Merci Mr Matheson !

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