vendredi 26 juillet 2013

SPRINSTEEN AND I de Baillie Walsh (2013) par E Street Luc B.



SPRINGSTEEN AND I n’est pas un documentaire comme les autres. Pas de narrateur, de voix off, pas d’interview du principal intéressé, de ses musiciens ou autres, pas de chronologie, ce n’est ni un film sur sa carrière, et encore moins sur sa vie. Mais alors, ça ressemble à quoi ? Une forme assez nouvelle, puisque c’est un film fabriqué par les fans du chanteur. La production (Ridley Scott) a lancé un « appel d’offre », proposant aux admirateurs du chanteur d’enregistrer un témoignage, raconter un souvenir, à propos d'une chanson, d'un concert. Les plus significatifs ont été assemblés au montage.

SPRINGSTEEN AND I est donc une suite de petits films amateurs, témoignages face caméra, de 5 secondes ou plusieurs minutes, réalisés avec un portable, une web-cam, un caméscope… Lorsqu’ils évoquent un souvenir particulier lié à un concert, le réalisateur a essayé de retrouver l’extrait en question, parfois vieux de 20 ou 30 ans. Les prestations de Springsteen sur scène sont donc aussi pour la plupart des documents non-officiels. C’est ainsi que l’on découvre des "personnages célèbres », comme ce type d’Amsterdam qui jouait dans la rue y'a 30 ans, croisait Springsteen, qui acceptait de venir gratter avec lui une poignée de titres. Coup de bol, un badaud avait filmé la scène ! Ou cette fameuse jeune fille armé d’un carton « Je serai ta Courtney Cox » qui s’est retrouvée surs scène sur « Dancing in the dark ». Ou encore ce faux Elvis de Philadelphie (en photo ci-contre), qui s’est retrouvé sur scène, en  2009, au micro, pour deux chansons du King, avec le E Street band à sa disposition !! Enorme !! Ou ce type largué par sa fiancée deux heures avant un concert, qui dépité se fait une pancarte "je viens d'être largué", que Springsteen aperçoit, et fait monter le mec pour lui faire un gros câlin ! Et d'ajouter, goguenard : "Moi aussi j'ai été largué, et crois-moi, elles le regrettent aujourd'hui !! Quand je pense à celles qui n'ont pas eu la patience d'attendre ma première avance de la maison de disque !"

La première surprise de ce film, c’est qu’on rit beaucoup. Car on delà des témoignages touchants, sincères, de petites gens qui ont économisé toute une vie pour se payer un Madison Square Garden (et qui croisant un type du staff se retrouvent VIP au premier rang !!) au delà de la relation particulière que ce chanteur entretient avec son public, notamment les américains (ce qu'on ne perçoit pas depuis la France, là-bas c'est il est l'un des nôtres, des gens comme moi peuplent ses chansons) il y a les doux-dingues ! Les purs et durs. Ca frise l'hystérie !

Cette mère dont la cuisine est un sanctuaire du Boss, à cheval sur ses principes d'éducation et qui contraint son fils à apprendre les paroles des chansons, et à venir témoigner. Le gamin n’en a visiblement rien à foutre, la mère tente de maîtriser la situation, de rester digne, mais c’est tellement ridicule que la salle se marre. Ou cette maman qui en voiture n’écoute que du Springsteen, au désespoir de ses enfants « leur conneries de Disney ne passeront jamais dans ma voiture, ici c’est 100% Bruce !! ». Il y a ce cadre sup, 50 ans, en voiture aussi, qui tient un discours très réfléchi sur sa relation avec le chanteur, et qui trop ému, fond en larmes !! Et ça dure, ça ne coupe pas, le type pleur, et nous on rit ! Le clou, c’est ce type de Manchester, sur son canapé qui dit : « Définir Bruce en un mot ? Ce serait… amour. Mais pas l’amour que je lui porte. Celui que je porte à ma femme. Elle est fan. A la maison, c’est Springsteen 24h/24h, 7j/7j. Et croyez-moi, au bout d’un moment, ça devient chiant !! » Il poursuit, d’un ton placide : « Au moins, j’ai visité toute l’Europe avec ma femme, Amsterdam, Paris, des séjours magnifiques, mais qui se terminaient invariablement par un concert… Et je peux vous dire que c’est long, très long, 3h30 de Springsteen quand on n’est qu’accompagnateur, c’est long… ».

Les auteurs ont préservé l’aspect toc, amateur, la caméra qui ne démarre pas, le texte bafouillant. Mais parmi la somme, on trouve des paroles assez justes, sur la relation du public et de l’artiste (et cela ne se rapporte pas qu’à Springsteen), de l’expérience d’un concert de rock, il y a des choses très belles, très intenses qui sont dites. Il y a une quinzaine de chansons dans ce film, dont plusieurs en entier, ou de larges extraits, et bien choisies, pas les versions officielles, des trucs piratés, broadcastés. Cette partie dure 1h30.

Ensuite, dans la salle, on a eu 30 minutes de concert à Hyde Park, avec Paul McCartney. Sur grand écran, avec le son qui va avec, ça envoie ! Puis le film reprend, avec l’épilogue. Certains témoins sont retrouvés un an après, leur vidéo a été sélectionnée pour le montage final, et ils racontent encore. Le fameux couple de Manchester était il y a peu à Copenhague pour un concert de Springsteen. Madame trépigne devant l’hôtel de la star. Son mari lui dit : t’as vu, ton Bruce, il est là, dans le troquet à côté. Elle se précipite. Springsteen est effectivement là, la voit, sort du bar, marche vers elle, et lui dit : « Je viens de voir un documentaire sur moi, et je vous reconnais ! Vous êtes la femme dont le mari ne m’aime pas, mais vous aime beaucoup !! ». Les personnes du Danemark ayant participé au film, ont donc été repérées dans la foule du public (comme cet agent d'entretien qui dira à Springsteen "je suis celui qui nettoie la pelouse quand tout le monde est parti...") et invitées à rencontrer Springsteen à la fin du concert. 

SPRINGSTEEN AND I est un objet cinématographique assez inédit, qui manie l’humour, la dérision, la moquerie, bien davantage que le culte de la personnalité, comme pourrait laisser penser la bande annonce. Et un film extrêmement vivant, regorgeant de scénettes cocasses, dans lesquelles chacun se reconnaitra, Juste une dernière qui m'a bien fait rire. Une femme raconte, montrant une photo de Springsteen sous cadre : "quand mon fils est né, je lui montrais cette photo, et lui répéter daddy, daddy... (un silence) je me demande si je n'ai pas semé le trouble dans l'esprit de ce pauvre enfant...".

Le film a été diffusé en avant première MÔÔÔNDIALE dans 50 salles de cinéma simultanément, lundi 22 juillet, à 20h30. Et dans une seule salle en France, à Paris. Une salle de 200 places, à réserver d'avance. Dans le lot, y'en avait une qui m'attendait...

Le bande annonce :




Le "King" de Philadelphie !! (qui se hisse sur scène vers 1'30).


4 commentaires:

  1. Çà ressemble quand même beaucoup à une compilation de ce que l'on trouve sur youtube. De plus le principe de distribution m'emmerde profondément, je ne retrouve pas Springsteen là dedans.
    Hugo

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  2. Moi ça me branche bien. D'autant que j'ai récemment eu l'immense chance (merci frangine !) de pouvoir assister à son show au Stade de France en V.I.P. Pas fan a priori dans l'absolu, j'ai pris un pied immense à découvrir un tel lien entre l'artiste et son public. Et ce malgré un répertoire que je ne connaissais que partiellement (l'album "Born in the USA" avant tout, et joué ce soir là en entier) et un son plus criard qu'autre chose. Mais avec des protections auditives, du champagne, et Lenotre pour les petits creux, ça passe tout seul.

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  3. Big Bad Pete26/7/13 13:02

    J'y vais ce lundi...
    En tout cas, le Stade de France... son pourri, visibilité médiocre, mais.... quel contact, quelle chaleur, ce type est magnétique ! Ca rattrape tout, dingue, non ?
    Vu y a 5 ans dans de bien meilleurs conditions au Parc des Princes, le Boss est incroyable de générosité.
    Même quand on n'est pas fan, on repart impressionné !
    (bon, moi, j'suis fan, ok...)

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  4. Je ne l'ai pas précisé mais Springsteen c'est rien de dire que j'en suis dingue, vu deux fois à Montpellier, en 85 et 2012, deux concerts fantastiques. Je trouve juste que le côté "exclusivité" de la distribution du documentaire colle mal avec un homme qui joue dans le moindre recoin de la planète et s'acharne à chaque concert à communiquer même avec le plus éloigné des spectateur.

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