samedi 9 novembre 2013

DEAN KOONTZ : UN TYPE BIEN (2012) - par Claude Toon



Je suis un lecteur inconditionnel des livres de Dean R. Koontz depuis les premières parutions en France, il y a un bail... Il est vrai que depuis quelques années, l'auteur âgé de 69 ans s'est écarté des thrillers scientifico-fantastiques qui firent son succès. Le Visage de l'ange (2006) me semble être le dernier livre de ce style qui m'a vraiment tenu en haleine, tant par son inspiration diabolique que par son ampleur. Comme Stephen King, Dean Koontz n'économise pas sa plume. Par ailleurs, dans nombre de ses intrigues, l'auteur n'hésite pas à faire le procès des recherches à but militaire, sur des animaux (Chasse à mort), sur des cobayes humains (Mister Murder) ou pire, sur des enfants (Une porte sur l'hiver)… La plupart de ses romans se déroulent en Californie, son état d'adoption avec le pacifique comme horizon…
J'avoue ne pas toujours avoir adoré ses livres plus récents à la structure rédactionnelle moins haletante (L'étrange Odd Thomas). Si on excepte la série des Frankenstein un peu... frugale (malgré 3 tomes pour renouveler le mythe du savant fou), petits romans simplistes à lire dans le train, l'auteur se tourne désormais vers le thriller policier option "psychopathique", et dans le genre j'avais plutôt bien aimé "Le choix vous appartient". Le concept de départ était élémentaire, encore fallait-il y penser. Un message sous votre essuie-glace : "si vous montrez ce message à la police, je tue telle jolie enseignante blonde, si vous ne le montrez pas, je tue telle gentille vielle dame, vous avez 6 heures pour décidez !". Heuuu blague pourrie ou menace réelle ? Ben non, ce n'était pas une blague pour Billy, le héros. Tout le talent de Koontz réside dans ce genre d'idée extrêmement simple de départ. Pour la suite, le héros malgré lui va se découvrir bien des talents insoupçonnés, y compris des facettes bien sombres voire sans pitié. Le profil d'un héros de Koontz est un homme (ou une femme) seul face à l'indicible.

La parution de Un type bien en 2012 fait un peu écho à la trame de "Le choix vous appartient" paru en 2009. Tim, un quidam sans histoire, maçon de son état, se trouve malgré lui plongé dans une histoire dangereuse voire mortelle où il va devoir faire preuve de ressources inattendues pour sauver sa peau et celle de l'héroïne. On imagine mal à quel point ressembler à un autre type, ou occuper le tabouret d'un bar à une heure donnée peut bouleverser votre vie. Un gars que vous ne connaissez ni d'Eve ni d'Adam s'assoie à coté de vous, mais pas pour faire la causette. Non, il vous glisse, avant de s'évaporer dans la nature, une enveloppe contenant 10 000 $ et la photo d'une jolie fille, bref un "bon pour élimination". Quand on n'est pas du métier, ça fait froid dans le dos.
Au mauvais endroit au mauvais moment, c'est le mot, pour Tim qui va passer du statut de tueur à gages (qu'il n'est pas) à celui de "client" (qu'il n'est pas plus) ! Mauvais tout cela pour un brave type qui ne ferrait a priori pas de mal à une mouche.
Koontz innove dans le début de son livre par rapport à ses écrits passés. En général un thriller made in USA (les français comme Grangé ou Thilliez n'ont rien inventé) s'élabore autour de plusieurs histoires qui convergent en parallèle vers une trame conclusive. Là, du quiproquo, jaillissent dans des directions narratives différentes mais chronologiques : la fuite éperdue de Tim et de la jeune femme cible prénommée Linda ; le récit des plans démoniaques du vrai tueur (un pur cinglé quasi irréel par sa folie, un personnage diabolique tel que Koontz les adore) ; les pérégrinations d'un flic ami de Tim qui va les aider à franchir les obstacles. Pour compliquer l'intrique et tenir le lecteur en haleine, le tueur semble bénéficier d'appuis au plus haut sommet des instances et agences officielles US !!!
Contrairement à des romans aussi noirs que "Porte rouge", l'issue ne sera pas tragique, mais le chemin est rude. C'est très (trop ?) facile à lire, non dénué d'humour et de rythme. Je ne me suis pas ennuyé, même si j'attends toujours un nouveau thriller plus musclé et "science-fictionesque à l'ancienne". Comme le dit un critique, Koontz n'est pas fini, je me dois de patienter... Il faut bien dire que Un soir de cauchemar, paru en 2013, histoire d'un Gold Retriever, toutou sympathique et doué de pouvoirs paranormaux, n'a pas répondu à cette attente. Une histoire policière épicée, avec des fripouilles fort gratinées, mais qui n'est pas de la veine des grands classiques cités au début.

Dernière remarque : j'avais beaucoup aimé la force et le suspense effrayant d'"Intensité" qui reposait sur un concept similaire : survivre à tout prix !! Une jeune femme n'aurait jamais du accepter de faire du stop et trouver sympa le conducteur d'un camping-car… Le chapitre où l'héroïne invente l'impossible, pour se libérer avec succès de ses cordes qui la lient à une chaise, long de plusieurs dizaines de pages, est un must de suspens insoutenable et de cours sur la méthode "Houdini". Le style Koontz. Déconseillé aux femmes seules et craintives…

3 commentaires:

  1. De ce dont je me souviens de Dean Koontz, c'était plutôt du genre horreur et malsain (pléonasme ?), avec parfois quelques détails assez gores.
    Certains de ses livres ont été repris au cinéma. (Apparemment le résultat n'a jamais satisfait l'auteur)

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  2. Horrifique, certainement avec son bestiaire de savants fous et de psychopathes aux pouvoirs dignes de ceux des héros de Marvel en version... noire type Dark Vador.

    Malsain, oui parfois car ces braves gens ont des sexualités aux déviances gratinées mais Koontz à l'inverse d'un Grangé dans "la ligne noire" me semble pas le faire avec un esprit complaisant.

    C'est vrai que les films tirés des auteurs américains de romans fantastiques sont souvent nuls (exemple Ça et Tomiknockers de Stephen King). Lorsque l'on s'écarte vers l'étrange on a quelques réussites comme "Misery" de King avec Katty Bates et James Caan ou encore "Fenêtre secrète" avec johnny Depp et John Tuturro. "La ligne verte" et "les évadés" sont assez plaisants.

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    1. Les quatre derniers films que tu mentionnes sont effectivement une réussite. Dans le lot, on peut également rajouter "Simatary" (enfin, du moins c'était mon impression lorsque je l'avais vu au cinéma à sa sortie).

      Dans le genre malsain, dérangé, avec "braves gens ont des sexualités aux déviances gratinées" (mais là, ce sont plutôt les gros vilains), il y a Clive Baker qui a sa place sur le podium. Tout comme Koontz et King, nombre de ses romans ont été portés à l'écran, avec plus ou moins de réussite - censure oblige ? -.

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