vendredi 7 mars 2014

AMERICAN BLUFF de David O'Russell (2014) par Luc B.



Cette histoire, nous indique le générique, s’inspire de faits réels. Ou comment le FBI a sous-traité à un couple d’escrocs, une arnaque destinée à coincer plusieurs hommes politiques, pour corruption. La première scène nous montre un dispositif d’écoute, dans des chambres d’hôtel, des hommes en costumes, une rousse, beaucoup de tension, une valise de billets que l’un des protagonistes, maladroitement, pousse vers un autre. Surprise, méfiance, fuite. Le poisson n’est pas ferré, et quitte les lieux. Merde ! Raté ! Flash-back…

Le premier tiers du film est un long retour en arrière, qui reviendra au point de départ, dans la chambre d'hôtel. Qui sont ces gens ? D’abord Irving Rosenfeld, propriétaire de pressings, escroc notoire, marié à la pas très finaude Rosalyn. Il tombe raide dingue de la jolie Sydney Prosser, qui devient son associée dans une sombre histoire de prêt (j’ai pas tout pigé…). Mais le couple tombe dans les filets d’un agent du FBI, Richard Di Maso. Petit arriviste en mal de gloire, limite cinglé, Di Maso leur propose un deal : piéger le maire de la ville, Carmine Polito. Le maire, élu du New Jersey, proche du peuple, souhaite redonner une activité à Atlantic City, grâce aux jeux, aux casinos. Il a besoin d’investisseurs. Irving Rosenfeld monte une arnaque, propose au maire de rencontrer un cheik d’Abu Dhabi, milliardaire. Le maire est aux anges. Le flic Di Maso encore plus, son plan marche à merveille.
  
Vous voyez à quoi ressemblent les mises en scène de Scorsese, ou de Soderbergh ? Alors vous ne serez pas dépaysagés. Reconstitution de la fin des 70’s, brushing, pelles à tarte, pattes d’eph, bande-son ad hoc (Elton John, Tom Jones, Jefferson Airplane, Donna Summer), escapade dans le jazz (Irving et Sydney se rencontrent sur « Jeep’s Blues » de Duke Ellington), voix off, rapidité du montage, des enchainements, petits travellings avant ultra rapides, quelques ralentis, bref, rien qu’on n’avait pas déjà vu dans LES AFFRANCHIS. En mode mineur. Car AMERICAN BLUFF ne boxe pas dans la même catégorie. C’est un divertissement très bien fait, savoureux, mais sans réel génie. On pense aussi à AMERICAN GANGSTER de Ridley Scott, ou ZODIAC de David Fincher. Il y avait dans ses deux réalisations très seventies, une dimension dramatique, sociale, qu’on ne retrouve pas complètement chez O’Russell.

Les personnages sont pourtant attachants. Tous ont un p’tit quelque chose, qui les fait exister. Tous ont visiblement une revanche à prendre. Carmine, corrompu mais sincère me semble-t-il dans son sacerdoce, et tous ses gamins adoptés. Irving, ridiculisé au départ, capillairement défavorisé, mais humainement sensible, amoureux, dévoué, même s’il est un escroc. Richard, le flic modeste, son appart minable, sa mère sur le dos, son désir de grandeur soudain décuplé par sa rencontre avec Sydney. Je me demande si le plus intéressant ne sont pas les relations entre ces personnages, leur devenir, davantage que l'arnaque en soi. On sent le réalisateur désireux de mettre en valeur caractères et acteurs, au détriment sans doute des rebondissements.

Tous sont joués par des acteurs formidables, Jennifer Lawrence très drôle, la très belle Amy Adams que j'adore, c'est ma nouvelle actrice américaine à moi, que j'aime, alors même pas en rêve, les gars, vous me la piquez (Claude, elle s'appelle comment ta p'tite violoniste ? Bruno, bas les pattes, va donc accorder ta Fender ! Rockin' faut que tu rappelles ta femme... Pat, t'avais pas un autre article sur Fréhel en préparation ?), Bradley Cooper, pas mal, mais surtout Christian Bale. Avec 20 kg de plus, l'acteur-caméléon nous fait de plus en plus penser à De Niro, mêmes mimiques, intonations de voix. C’est drôle, parce que Robert De Niro joue dans le film, un petit rôle, avec une tête de Lino Ventura !

Parce que tous les acteurs sont grimés de façons incroyables ! Un festival de perruques ! Entre les postiches de l’un, les bananes de l’autre, les frisettes, ces dames et leurs choucroutes… Le tout premier plan montre Irving installer son postiche, au milimètre près, ça lui prend trois plombes ! Ça donne un côté clownesque aux scènes (quand Richard et Sydney ont tous les deux leurs bigoudis sur la tête alors qu'ils se parlent au téléphone !), et on se demande si on doit prendre le film au sérieux. On touche du doigt le problème du film : comédie, ou pas ? Vraie satire, ou simple polar décontracté ? Car dans plusieurs scènes, on sent David O'Russell hésiter sur la direction à prendre, jouer la carte du suspens, du dur à cuire, ou du second degré. On regrette aussi un manque d’ambition, de mise en perspective. Le renflouement d’Atlantic City fait écho, 30 ans plus tard, à celui de Detroit. Y’avait peut-être un truc à faire avec ça…  

AMERICAN BLUFF est un pur film d’acteurs. David O’Russell a cumulé son casting d’HAPINESS THERAPY (Cooper + Lawrence + De Niro), et celui de FIGTHER (Bale + Adams). On les habille rigolo, on les coiffe ridicule, on leur file trente pages de texte. Les acteurs adorent ça. Ils s'amusent. Nous aussi. C'est cool, sexy (arrfff les décolletés d’Amy Adams en scope… pas touche elle est à moi), plein de seconds rôles (le flic Thorsen et son histoire d’enfance dont on ne saura jamais la fin, leitmotiv amusant du film). On va pas tortiller du cul : c'est du bon cinoche. 

PS : Le film avait 10 nominations aux Oscars, et repart bredouille. Même pas une statuette pour la meilleure shampooineuse ? C'est étonnant...

AMERICAN BLUFF (2014) 
Réal : David O'Russell ; scénar : Eric Warren Singer et David O'Russell
Couleur  -  2h10  -  scope 2:35



3 commentaires:

  1. Shuffle.7/3/14 21:05

    American gangster, pas mal. Bulletproof gangster encore plus. Je vais aler voir qui est cette Amy Adams.

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  2. Shuffle.7/3/14 21:09

    Jeremy Renner, il a un faux air de Joe Pesci. Amy Adams, elle est ROUSSE!!!!!

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  3. J'ai vraiment beaucoup aimé. La galerie de portraits vaut son pesant d'or. Quant a Amy Adams... Son décolleté rend fou c'est vrai. D'autant que j'avais gardé son image de gentille princesse naïve dans le film 'Il était une fois". La blonde idiote n'est pas mal non plus dans le genre.
    Mais ne résumons surtout pas ce film a quelques fantasmes de mâle.

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