mardi 8 avril 2014

The MALEX KINGS "Urban concepts" (2012)

The Malex Kings est un duo improbable né de la rencontre artistique entre Max Malon, un guitariste marseillais adepte du blues et Alex Pellicer un producteur de musique électronique espagnol de Saragosse. Leur nom fait référence à leur prénoms pour "Malex" et aux "Kings" du blues (BB, Freddie, Albert et autres" rois" ). Je vois déjà que -j'espere du moins- j'éveille votre curiosité, qui ne sera pas déçue car le résultat est un véritable OVNI aussi inclassable que passionnant.
"Urban concepts" est comme son nom l'indique un album concept basé sur un voyage dans la ville de Chicago, à la rencontre de ses habitants et de sa musique, ou plutôt ses musiques. Car si Chicago est bien sûr incontournable quand on parle de blues, le rock'n'roll, la soul, le funk, le jazz, et les musiques modernes - hip hop, électro - font aussi partie de sa culture. Quelques noms ? Bix Beiderbecke, Benny Goodman, Earth Wind & Fire, Chicago, Smashing Pumkins, Jesus Lizard, Ministry, Patti Smith, R.Kelly, Larry Heard, Jesse Saunders (pionniers de la house music pour ces 2 derniers). On va retrouver tous ces genres dans cet album, toutes les formes  urbaines de ces musiques. Ce genre de projet ambitieux est facilement casse gueule, le coté "fourre-tout" pouvant nuire à l'unité, et puis ce genre de crossover n'est pas toujours bien reçu des puristes.
Perso, au contraire, je le trouve salutaire. On reproche assez souvent au blues de s'enfermer, de copier à l'identique Robert Johnson ou BB King pour la millième fois, alors il faut saluer cette modernisation, ce "Blues du XXI eme siècle" comme ils le baptisent eux même. J'ai pris une bonne claque avec ce blues du futur, ce qui ne m'empêche nullement d'ailleurs de toujours vénérer Muddy Waters et Luther Allison, les deux ne sont pas incompatibles, mais complémentaires.
Quand même c'est pas facile de chroniquer,  ma réaction à la première écoute a été genre "putain c'est quoi ce truc?!", à la seconde "Wouah c'est pas mal !" et à la troisième "En fait c'est énorme" , car chaque écoute apporte des clés, fait découvrir des surprises avec jubilation.

Mais commençons le voyage plus en détails avec "Welcome to Chicago", une arrivée par le train, ponctuée d'un gros riff rock puis de boucles électro, c'est hypnotique et vicieux comme un vieux blues des bayous, croisé avec du Satriani . "On da street" enfonce le clou, avec une guitare distordue Hendrixienne  qui éclate au dessus d'un beat hip hop, une guitare qui m’évoque celle d'Eddie Hazel sur la fameux "Maggot brain" de Funkadélic. Les guitares de Max qui ont vraiment un son énorme et explosent à chaque titre, il use 2 Stratocaster et une Gibson Les Paul et toute une palette d'effets (reverb, fuzz, écho) ; et pour ceux que la technique intéresse Alex use une console Korg Electribe SX.

3 hommages à suivre en ce milieu de CD, un tribute à John Lee Hooker, un à Hendrix et un à James Brown. "Wicked Woman" , un lourd boogie rampant avec des samples de la voix du patriarche; "Jam session", hommage au Voodoo Child, guitare en feu  posée sur un tapis rythmique, des percus, et un sax; et "In the funky" dédié à Mister JB, funk torride, bruits de foule, bruits urbains, 3 hommages qui tapent juste.

Je ressortirai aussi d'autres titres comme le "Requiem for a bluesman" et sa guitare plaintive , "Midnight jazz" , avec son tempo jazzy bien sur et encore un son de guitare énorme, "Way of blues" bon vieux blues à la "Red house" d'Hendrix et nous aurons  encore du son  hip hop ("Poor man") , des riffs de hard ("The gateway"), des pièces plus atmosphériques, flirtant avec le rock planant de Tangerine Dream ou le psychédélique de Sweet Smoke, et "Behind the church" , typiquement le genre de titre addictif avec ses voix sensuelles et sa guitare insidieuse. Et dans tous ses morceaux le blues n'est jamais loin, le feeling blusey de la guitare de Max Malon ne se dément jamais, lui qui cite comme influences Hendrix bien sur mais aussi Santana, Clapton, BB King, Chuck Berry ou Mark Knopfler. Pour Alex, son alter ego aux claviers, il faut chercher du coté de Kraftwerk ou Aphex Twin pour l'electro, et sans doute vers le  stoner  (Clutch) pour le coté gros hard à riffs bluesy.

C'est dans leur home studio que ces 2 bidouilleurs de génie ont pondu ces 14 titres  avec comme résultat un album irrésistible dont l'avenir nous dira peut-être qu'il était en avance sur son temps. Si vous êtes amateurs de blues et ouverts aux sons nouveaux, avec cet album vous voyagerez pour pas cher au cœur de la  Windy City, dans la jungle urbaine, les tripots, les terrains de basket, les clubs enfumés, le West side, embarquement immédiat!
(Le groupe a sorti depuis un EP "Valley of liberty" et un album est prévu pour l'automne 2014)
Rockin-JL




Pour écouter et acheter: themalexkings.bandcamp.com/album/urban-concepts


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