vendredi 9 mai 2014

CASH EXPRESS de Jerry Zucker (2001) par Luc B.


Las Vegas semble être un joli décor pour le cinéma américain, et la comédie. Pour son côté clinquant, chapiteau coloré,  j’imagine. Récemment, et je ne vous parle pas des films de gangsters genre Scorsese ou Soderberg, on a eu droit à LAST VEGAS avec Kevin Cline et de Niro, et puis la série de comédie VERY BAD TRIP (le premier vaut vraiment le coup !). Une autre comédie y a été tournée, en partie, en 2001 : CASH EXPRESS.

Sur un scénario d’Andy Brekman, qui a surtout écrit pour la télévision, et notamment pendant 13 ans dans l’émission SATURDAY NIGHT LIVE, le film est réalisé par Jerry Zucker. Celui-là a déjà sévi pour le cinéma, avec son frère David et Jim Abrahams dans les années 80, ils étaient les auteurs d’une série de films parodiques, Y-A-T-IL UN PILOTE DANS L’AVION, UN FLIC POUR SAUVER LA REINE, LE PRÉSIDENT, et sans doute le meilleur du genre, TOP SECRET  Le trio était surnommé ZAZ, pas comme celle qui voulait d'l'amour, d'la joie, de la bonne humeur, et crever la main sur le cœur.

Le trio s’est scindé en trois unités pas si distinctes que ça, Jim Abrahams réalisant seul ensuite les HOT SHOTS ! (1991), David Zucker reprenant la franchise des SCARY MOVIE (2003) et Jerry Zucker, le plus éclectique, qui avait fait ROCK’N’ROLL HIGH SCHOOL avec le groupe The Ramones (on en a parlé dans la série "Rock au cinéma"), le mielleux GHOST (1990), le sabreux LANCELOT avec Richard Gere (1995).

CASH EXPRESS est une comédie burlesque, dont l’action débute donc à Los Angeles. Donald Sinclair, le propriétaire d’un casino, organise pour sa riche clientèle des paris clandestins à très gros budgets. Des joueurs de son casino sont tirés au sort, pour participer à une course au trésor, qui les mènera à Silver City, à la gare, aux consignes, dans le casier n°1, où se trouve 1 million de dollars. Six participants, six clés. La règle ? Pas de règle.

Le film se veut un hommage à UN MONDE FOU FOU FOU (1963) de Stanley Kramer, autre course poursuite pour récupérer du fric planqué, avec Spencer Tracy. D’abord on est séduit par la distribution du film : John Cleese en hôtelier, et Rowan Atkinson, Cuba Gooding, Seth Green, Whoopi Goldberg, Jon Lovitz, Wayne Knight, Kathy Bates. La fine fleur des comiques venus de la télé, et de la satire. Ça commence classieux, les ors de Vegas, John Cleese impérial, aux dents blanchies, et la présentation des futurs candidats. Un peu systématique, ça fait un peu catalogue, mais c’est le genre qui veut ça. Un peu plus de liant n’aurait pas nuit. Mais les portraits et situations sont drôles, mention pour le type qui réclame sa note, à qui l’employée réclame un bonus de 1000 dollars pour la location de films pornos, tous les clients de la réception profitant de la conversation !

Ensuite, chacun part de son côté, empruntant tous les moyens de locomotion possible. Figure de style incontournable du genre, on a droit à des bagnoles, des bus, des trains, des dragsters, un hélico, une montgolfière… Parmi les très bonnes idées, celle du bus rempli de fans de la vieille série I LOVE LUCY, une trentaine de nanas habillée en Lucille Ball. Il y a tout un passage avec une vache accrochée à une montgolfière, déjanté et hilarant, avec un duel de pis. A condition d’apprécier les gros gags, parce que le film ne fait évidemment pas dans la légèreté, on n’est pas chez Lubitsch, bien qu’on soit aussi éloigné de l’esprit parodique, potache et sans-entendus culs qui polluaient en peu la fin de la série des Y-A-T-IL UN FLIC.

Rowan Atkinson, pris de crises d’endormissement soudaines, voyage en stop avec un transporteur de greffe, un peu fêlé (Wayne Knight, de la série SEINFELD, vu aussi dans BASIC INSTINCT) et peu respectueux de sa marchandise. Y’a deux potes demeurés, dont l’un ne se remet pas de son nouveau piercing dans la langue, qu’il a bleue et gonflée. On ne comprend rien à ce qu’il dit pendant une heure et demie ! La scène où ils essaient de détruire le radar de l’aéroport de Vegas est un vrai moment de burlesque, comme on pouvait en voir déjà chez Mack Sennett en 1914 ! Les aventures de Whoopi Goldberg et une vendeuse d'écureuil vindicative (Kathy Bates) reprend des gags second degré que Zucker affectionnent, directement inspirés de Tex Avery.

Les aventures du père de famille (Jon Lovitz) qui part avec femme et enfant, sont à la fois prévisibles (il est juif et se retrouvera au milieu de nazillons, ensuite affublé d’une petite moustache noire sous le nez, à une réunion de vétérans !!) mais tordantes, le clou étant l’arrêt au musée Barbie, pour faire plaisir à leur fillette… Reste à savoir de quel Barbie on parle.

Moins fauché qu’un film comme TOP SECRET (mais c’est ce qui en fait toute la saveur) CASH EXPRESS a bénéficié de  48 millions de dollars de budget, de quoi se permettre des scènes en décor extérieur, ne pas lésiner sur le matos (la séquence rodéo de dragsters !) ou les plans aériens. Seule la toute fin déçoit un peu, à mon sens. Elle se passe dans un grand concert caritatif en plein air, mais Jerry Zucker y oublie ses mauvaises manières, pour un épilogue trop consensuel. On peut aussi ergoter que le réalisateur ne tienne pas ses acteurs en laisse, sans doute grisé par son casting de luxe, comme Cuba Gooding qui gesticule, hurle et roule des yeux pendant une heure. Ça peut lasser. 

Je n’avais jamais entendu parler de ce film avant que le DVD me tombe dans les mains (par sûr que le film soit sorti en salle, en France). Idéal pour les dimanches pluvieux, ce film n'a pas d'autres ambitions que de faire rire. C'est réussi. On pense à Blake Edwards évidemment, sa GRANDE COURSE AUTOUR DU MONDE, à SATANAS ET DIABOLO, ça fourmille de gags, certains mieux ficelés que d’autres, mais le rythme se maintient, on se marre, les gamins sont conquis. Que demande le peuple ?

CASH EXPRESS ou RAT RACE (2001)
réal et prod : Jerry Zucker
1h50       

La bande annonce (in english, sorry...)

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