jeudi 29 mai 2014

DJANGO REINHARDT - Le Premier Guitar Hero - par Pat Slade







Le génie au bout de trois doigts




Avant Django, la guitare s'appelait Robert Johnson, Daddy Stovepipe, Leadbelly puis l'instrument s’électrisa et des John Lee Hooker, Bo Diddley et autre Buddy Guy prirent le relais. 
Mais en France, le blues n’était pas dans les mœurs de notre culture musicale. Des années 1930 à 1950, le pays vivait aux heures du jazz manouche et le roi du genre était Français (Cocorico !), bien qu’il soit né en Belgique.
Jean Reinhardt est un tsigane belge né en 1910 dans une roulotte à Liberchies une ville coincé entre Charleroi et Bruxelles. Naitre dans une roulotte pour une famille de Sinté ou Sinti (Groupe ethnique de nomades vivants du coté de l’Alsace) est des plus normal en ces époques reculées du siècle dernier. Issu d’une famille «Manouche» par son père, le musicien Jean–Eugène Weiss changera son nom en Jean-Baptiste Reinhardt pour échapper au service militaire obligatoire. De cette jeunesse, nous n’avons pas beaucoup de traces, il sera principalement élevé par sa mère Laurence dite «Négros» une danseuse acrobate. Il passera ses premières années à voyager entre la France et L’Italie, et en Algérie pour fuir la première guerre mondiale. Finalement, sa famille se fixera à Paris du coté de la porte de Choisy, puis à la porte d’Italie (ligne n°7, pas de changement, juste une station).



Django sur un nuage avec le Hot Club de France




On ignore d’où lui vient son prénom Django qui signifie «Je réveille». Il commence son apprentissage musical avec le violon, mais la rencontre avec le banjo de son oncle à l’âge de dix ans sera l’étincelle qui fera de lui le virtuose qu’il sera plus tard. Il observe les musiciens de passage dans le campement et retient leurs techniques. Il enchaine avec la guitare avec tout autant de réussite. C’est grâce à sa dextérité qu’Il a acquis au banjo qu’il se mettra à la guitare. Il débute dans l’orchestre familial dirigé par son père.
A l’âge de douze ans, il joue du banjo-guitare dans les cours d’immeubles, dans la rue et dans les cabarets. Un accordéoniste de bal le repère et lui demande de l’accompagner. Son talent et sa virtuosité commencent à dépasser le cadre de l’amateurisme musical. En 1928 il enregistrera son premier disque. Mais le destin lui jouera un mauvais tour, la même année un incendie se déclare dans la roulotte dans laquelle il vit à Saint-Ouen. Atteint à la jambe droite et à la main gauche, il perd l’usage de deux doigts. Pour surmonter la paralysie partielle, il développe une nouvelle technique de jeu en exécutant les lignes de basses avec le pouce, il parvient à retrouver sa virtuosité au bout de six mois d’un travail acharné, en n’utilisant que ses deux doigts valides. En 1930, à sa sortie de l’hôpital, Django découvre une musique venue des États-Unis : le Jazz.

  En 1931, il rencontre Stéphane Grappelli dans l’orchestre du club la «Croix du Sud». Ils fondent ensemble le fameux Quintette du Hot Club de France en 1934 qui comprendra le frère de Django, le guitariste Roger Chaput et le Contrebassiste Louis Vola que l’on avait pu entendre avec Benny Carter.
Ils inventent une musique innovante qui aura du succès. Le groupe s’exporte en Europe et enregistre une multitude de disques. Ils sont en tournée en Angleterre lorsque la seconde guerre éclate en 1939. Lorsque les sirènes se déclenchent, Django, pris de panique, rentre en France laissant Grappelli malade à Londres, ce dernier y restera pendant toute la durée de la guerre. Il sera remplacé à Paris par le clarinettiste et saxophoniste Hubert Rostaing qui plus tard sera connus comme compositeur de musiques de film (Vincent, François, Paulet les autresTir Groupé... etc).

En 1940, il enregistre le titre «Nuage» un titre qui sera repris par beaucoup ; le guitariste Joe Pass, ou d'autres comme Sidney Bechet, Martial Solal et il y aura même une version chanté par Lucienne Delyle en 1942. L’année suivante, il se marie pour la seconde fois avec Sophie qui lui donnera un fils Babik Reinhardt qui, à son tour, deviendra un grand guitariste.


Ne se sentant plus en sécurité à Paris, il décide de partir pour la Suisse. Il sera arrêté à la frontière par les gardes allemands qui lui ordonne de rentrer sur Paris. Une fois revenu à Paris, il ouvre un club sobrement appelé «Chez Django Reinhardt. Le swing résonne dans toutes les oreilles et «Nuage» est un succès. Il retrouve Stéphane Grappelli à la libération avec lequel il improvisera une Marseillaise qui restera célèbre.

Le Hot Club reprend ses tournées et ses enregistrements avec succès. En 1946 une tournées au États-Unis donne l’occasion à Django de jouer aux cotés du géant Duke Ellington, ce dernier ne le portera pas au pinacle et Django en portera ombrage.

Il s’éloignera de la guitare pour se consacrer à ses autres passions : la peinture, la pêche et le billard. Mais il n’abandonnera pas la musique pour autant, il reforme le quintette avec Grappelli pour quelques enregistrements. En 1951 il s’achète une maison en Seine-et- Marne près de Fontainebleau à Samois-sur –Seine (Qui chaque année accueille le festival Django Reinhardt, la dernière semaine de juin), il enregistrera son dernier disque le 8 avril 1953, un mois plus tard, il meurt d’une Hémorragie cérébrale.



Les Enfants de Django






Django jouait sur une guitare Selmer-Maccaferri reconnaissable à sa rosace en forme de D plus simplement appelée «Grande Bouche» puis sur une Selmer avec une rosace en O à l’arrêt de la fabrication de la Maccaferri. Le jazz Manouche qui était un peu tombé en désuétude, revient sur le devant de la scène dans les années 90 avec une nouvelle génération de guitaristes et de chanteurs. Déjà avec Babik Reinhardt qui suivra les traces de son père, mais le fils décèdera en 2001 à 57 ans.
Biréli Lagrène
Biréli Lagrène, pur guitariste de tradition manouche est, je trouve, le n°1 à l’heure actuel. Il a rencontré et joué avec Jaco Pastorius le bassiste que l’on ne présente plus et il rejoindra aussi Al Di Meola et Larry Coryell pour former un trio comme en 1980 pour «Friday Night in San Francisco» avec John Mc Laughlin, Paco De Lucia et Al Di Meola.


A écouter !!!!
Il y a aussi une autre catégorie : Les «Gadjés». Nom donné par les gitans à ceux qui ne sont pas de leur monde mais qui n’en sont pas moins des adeptes du genre. Comme les guitaristes  Rodolphe Raffalli et Christian Escoudé, magnifique guitariste que j’avais eu le plaisir de voir, d'écouter (Et de rencontrer il y a une trentaine d’années !) avec Philip Catherine le guitariste Belge (A ne pas confondre avec Philippe Katerine le chanteur qui aurait du rester à Louxor puisqu’il adore !) et Didier Lockwood le violoniste. Et puis une catégorie de chanteurs qui intégreront les lignes de la musique manouche dans la variété comme Thomas Dutronc et Sanseverino entre autres.





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