vendredi 25 juillet 2014

HYPOTHERMIE d'Arnaldur Indridason (2010) par Luc B.


Depuis quelques années, plusieurs éditeurs publient des polars venus de Scandinavie, une nouvelle mine ! Arnaldur Indridason, lui, vient d’Islande. Il a été critique de cinéma, scénariste, puis écrivain de roman policier. Et mine de rien, il s’est fait une petite réputation dans la littérature policière, notamment grâce à son héros, l’inspecteur Erlendur Sveinsson.

HYPOTHERMIE est son huitième roman, et il est formidable. Car c’est une autre musique que celle des thrillers américains (ou français quand ils copient les américains), pleins de tueurs, de bruits et de fureur. Les caractères sont différents, les paysages, la façon de vivre. Nous sommes en Islande, il fait froid, sombre. Il faut sans doute s’habituer aussi aux patronymes des personnages, pas évidents à retenir ou même reconnaître !
Erlendur enquête sur un suicide, dans un chalet, près d’un lac. Pas officiellement, mais il s’y intéresse, pour comprendre comment Maria en est arrivée à se pendre. Maria s’intéressait à la vie après la mort, consultait des médiums, vivait une relation fusionnelle avec sa mère décédée, ne s’était jamais remise de la noyade de son père lorsqu’elle était gamine.
C’est ce passé qu'Erlendur va remuer. A priori rien ne remet en cause la thèse du suicide, et pourtant, des présomptions, des sentiments, des petits riens qui bout à bout, conduisent Erlendur à déterrer de vieilles histoires. Il est comme ça ce flic, obsédé par un drame familial (la disparition de son frère), il s’est fait le spécialiste des recherches de personnes disparues. Comprendre pour mieux vivre son chagrin. Comme ce jeune David, volatilisé sans laisser de trace 30 ans plus tôt, et qu’Erlendur cherche encore.
HYPOTHERMIE cultive son rythme, assez lent (mais jamais ennuyeux), de plus en plus prenant parce que le lecteur progresse en même temps dans sa réflexion sur les évènements, que le flic. Erlendur va mettre à jour des histoires, de famille, de couple, une sombre histoire d’expérience entre étudiants en médecine. C’est cela qui est très réussi, comment d’infimes détails, collectés, recoupées, analysés, vont conduire à la résolution de l'énigme.
Le portrait que dresse Indridason de l’Islande est assez cauchemardesque. Tout ne semble être que désolation, silences murés, mensonges, secrets refoulés, âmes à l’abandon. Très bon roman, psychologique, court, bien écrit, et finalement aussi glaçant dans son épilogue qu’une nuit d’hiver à Reykjavik.

1 commentaire:

  1. Je suis plutôt un inconditionnel du Monsieur je trouve que ces romans tout comme ceux de Mankell d'ailleurs ont une atmosphère bien différente des polards habituels et puis les sociètés suédoises ou islandaises ont des moeurs bien différentes des autres ce qui en fait un dépaysement ecrtains. J'ai beaucoup aimé celui ci je dois dire même si mon préféré reste l'Homme du Lac.

    RépondreSupprimer