vendredi 15 août 2014

LA PLANETE DES SINGES : L'AFFRONTEMENT de Matt Reeves (2014) par Luc B.


Un préquel est un mot pas beau (on n'en voudrait même pas comme nom de médicament) qui désigne dans une série de films, un épisode qui se passe avant mais réalisé après. Exemple type avec STAR WARS, dont les derniers épisodes en date ont des intrigues qui précèdent chronologiquement les épisodes réalisés y'a 30 ans. En gros, le préquel répond à la question : mais comment en est-on arrivé là ? (dans l'hypothèse où ça intéresserait du monde). Ils nous ont fait le coup avec TERMINATOR, ALIEN, HANNIBAL LECTER, un tas de supers héros MARVEL... Sauf que ça avait commencé avec LA PLANÈTE DES SINGES. Le film de Franklin J. Schaffner (1968) avec Charlton Heston, a eu une fausse suite, mais aussi deux préquels : LA CONQUETE DE LA PLANÈTE DES SINGES (1972) et LA BATAILLE DE LA PLANÈTE DES SINGES (1973).

Tim Burton a ensuite fait une nouvelle adaptation en 2001, plus proche du roman de Pierre Boule (car dans le bouquin, les astronautes ne reviennent pas sur Terre, ils atterrissent sur une autre planète). En 2011 sortait LA PLANETE DE SINGES, LES ORIGINES avec James Franco, préquel du remake de Burton et dont LA PLANÈTE DES SINGES : L’AFFRONTEMENT est la suite ! Autrement dit, un remake des préquels de 1972 et 73. Tout le monde suit ?  

- Sonia : si ce film est une suite de remake de préquel, combien un singe a-t-il de mains ? Z'avez 20 minutes... 

Un gars dans un laboratoire expérimente un vaccin sur des singes, ce qui les rend intelligents. A force de leurs inoculer des saloperies, les macaques choppent la grippe. Simiesque. Plus sévère que la grippe aviaire, elle contamine l’humanité. Ca, c’est une séquence pré-générique. 10 ans plus tard, les humains sont aux abois, et les macaques dans les bois. Une communauté d’hommes survit dans un San Francisco dévasté, dépeuplé, et pour avoir de l’électricité, un petit groupe s’aventure en forêt pour remettre en route une centrale hydrau-électrique. Avec ma bite et mon couteau. Fortiche. Problème : le barrage est sur le territoire des singes, qui n’ont pas du tout envie de se faire emmerder par des humains. C’est le chef, César, qui leur dit. Partez ! Car il parle, César (voir épisode précédent).  Il manie des concepts métaphysiques, même. Faudrait lui montrer le début de 2OO1.

Deux politiques s’opposent chez les humains. Malcolm, le héros, (avec un charisme d'endive), le gentil, pense qu’il faut négocier, et qu’après tout chacun peut vivre en paix sur son terrain. Dreyfus pense le contraire (c’est Gary Oldman qui cachetonne) et veut dézinguer du gorille dans la brume de San Francisco. Chez les singes aussi les camps s’affrontent. César, donc, tolérant, philosophe, et Koba, vindicatif et grégaire. La suite est tellement cousue de fil blanc, que je ne vous ferai pas l’injure de la raconter. En gros, chez les hommes ou les singes, y’a des cons partout, et la guerre c'est pas bien.

Le problème de ce film, c’est que chaque scène est prévisible, à la virgule de dialogue près. Pas de suspens, ni de rebondissement. Les traitres, les renégats, les cons, les gentils, les naïfs, sont parfaitement identifiés dès le début, et ne déçoivent pas. Pas de surprise. Les  personnages sont stéréotypés chez les humains comme chez les singes. Prenez le fils de César, un chimpanzé en pleine crise d’ado, qui évidemment n’écoute pas son papa, mais reviendra sur le bon chemin. La femelle de César, malade, dont on comprend illico comment elle va se retaper. Le fils de Malcolm qui fait la lecture à un vieil orang-outan qui s'appelle Maurice (j'vous jure !). Tout conduit au fameux affrontement, autrement dit, une baston interminable à grands renforts d’images digitales assez laides, faute de direction artistique.

Andy Serkis / César, et la "motion capture"
Si le scénar est au point mort, on songe se rattraper sur la mise en scène. Sauf que c’est de la réalisation calibrée, renforcée par une bande son assourdissante qui surligne le moindre effet (c’est dingue le boucan que fait une porte en s’ouvrant, imaginez quand on la referme…). Et comme les singes se comportent comme des humains, on se retrouve avec de banales scènes d’actions, le clou étant le singe Koba, à cheval, chargeant avec un flingue dans chaque main. Hommage à CENT DOLLARS POUR UN SHÉRIF ? On échappe au duel César vs Koba façon MATRIX, mais de peu. Et la fin pue à plein nez le n°3 à venir…

A force de d’anthropomorphisme, on en arrive à des scènes ridicules, comme celle où César tombe sur un vieux caméscope (qu’il sait faire fonctionner) et heureux hasard, c’est celui de son ancien pote de laboratoire, qui l’a élevé 10 ans plus tôt. Il visionne des images de lui, petit (tirées du film LES ORIGINES, donc). Là, Malcolm entre dans la pièce, voit le singe César quasiment ému aux larmes devant l’écran, et dit, gêné : oh, excuses-moi, je ne savais pas... avant de repartir discrètement, laissant César à sa nostalgie… Et, Ducon ! Tu causes à un singe !!

Le seul truc qui surprend, c’est lorsqu’après avoir remis l’électricité dans la centrale, un gars glisse un cd dans un lecteur, et qu’on entend « The Weight » de The Band. Autrement, c’est du blockbuster à 170 millions $ de budget, ni rigolo ni efficace, aux accents mélodramatiques peu convaincants, simpliste, prémâché, 100% synthèse (un avatar d’AVATAR) que mes gamins ont gratifié généreusement d’un 11/20. Pas sûr que ça en vaille la moitié…      

LA PLANÈTE DES SINGES : L'AFFRONTEMENT (2014) 
couleurs - 2h10 - 1/1:85 en 2 ou 3D

La bande annonce :



3 commentaires:

  1. Ca donne envie. Je regarderai peut être ce film pour l'effet somnifère et la musique The Weight.
    Merci pour cette très bonne chronique.

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  2. Bonne chronique. Depuis le temps, les singes comme notre miroir "déformant". C'est pour ça que j'en ai pas raté un...'tain, c'est vrai...Maurice!!!...

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  3. Eh ouais... Pour césar, le chef, je vois bien l'allusion, mais Maurice... A cause des Bee Gees ?

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