jeudi 30 octobre 2014

WEST SIDE STORY de Robert Wise (1961) - par Pat Slade






Roméo et Juliette dans le Ghetto




Écoutez ces claquements de doigts, ces battements de cœur du West Side où une vie peut ne durer que 48 heures (Prologue).

L'épopée West Side Story partira d’une idée du chorégraphe Jérôme Robbins. Il demandera à Leonard Bernstein de faire une adaptation musicale contemporaine de Roméo et Juliette. La comédie musicale sera créée en 1957. La trégédie de Shakespeare est transposée en un drame qui relate la rivalité entre deux bandes de jeunes des bas quartiers du Upper West Side de New York. D'un côté : les Jets avec pour chef Riff, bande issue de la classe ouvrière et constituée d’étrangers de seconde génération, des descendants d'immigrants d’Italie, d’Irlande et de Pologne. De l'autre : les Sharks et leur chef Bernardo, jeunes nés de parents portoricains. Sur fond de rivalité entre les deux bandes, une histoire d’amour va se nouer entre Maria, la sœur de Bernardo, et Tony le meilleur ami de Riff et créateur des Jets. Nous sommes loin de Roméo et Juliette, de Vérone, et les Capulet et les Montaigu ont bien changé.

La première mouture du livret devait relater les conflits culturels entre les Jets, jeunes catholiques américains, et les Emeralds, des familles juives vivant dans l’East Side. Toute l’histoire était centrée sur l’antisémitisme. Léonard Bernstein veut représenter l’histoire sous  la forme d’un opéra, mais Jérôme Robbins le chorégraphe et le rédacteur du livret Arthur Laurents refusent, voyant dans l’œuvre plutôt du théâtre lyrique. Le projet en l'état est abandonné et il faudra attendre cinq ans avant qu’il ne refasse surface.

En 1955 le trio Bernstein, Robbins, Laurents ressort des cartons le projet de «East Side Story». Bernstein veut situer l’intrigue à Los Angeles, mais l’auteur du livret se sent plus proche des portoricains et de Harlem. Jérôme Robbins se fait une joie de faire des ballets sur des rythmes latino. Bernstein veut uniquement se consacrer à la musique, c’est pour ça qu’il fera appel a un parolier en la personne de Stephen Sondheim qui plus tard composera pour les films «Stavisky » d’Alain Resnais et «Red» de Warren Beatty. Laurents réécrit le livret en changeant certains profils des protagonistes. Tony se retrouve avec des origines polonaise et Maria, juive au départ, devient portoricaine. Le titre devient «West Side story»   

Commence alors le long travail de production pour un spectacle scénique qui se terminera en apothéose sur la scène du Théâtre Winter Garden de Broadway le 26 septembre 1957.



West Side Story de la Scène à l’Écran 




Georges Chakiris (Bernardo)
Le 18 décembre 1961 sort l’avant première de «West Side Story» sur les écrans. La mise ne scène à été réalisée par Robert Wise. De la distribution initiale du spectacle de Broadway, il ne reste que deux acteurs-danseurs : Tony Mordente qui jouera le rôle de Action mais qui sur scène jouait celui de A-Rab (deux membres des Jets) et Georges Chakiris toujours dans le rôle de Bernardo, le chef des Sharks sur la scène à Londres (Et non de Riff comme c’est écrit sur Wikipédia !). 
Dans la distribution du film, Il n’y avait guère que Nathalie Wood qui était célèbre depuis sa participation à des films comme «La Fureur de Vivre» avec James Dean qui aurait du jouer le rôle de Tony dans le spectacle de Broadway. (Mais le destin et surtout une voiture en décidèrent autrement.) Rita Moreno qui jouait Anita, la meilleur amie de Maria et la girlfriend de Bernardo  avait été vue dans «Dansons sous la pluie»  et Simon Oakland dans le rôle du lieutenant Shrank qui avait un rôle dans «Psychose» et qui dans les années 70 jouera le rôle du général Moore dans la série «Les Têtes Brulées». De nouvelles têtes apparaissent comme Russ Tamblyn qui jouera Riff, Richard Beymer dans celui de Tony. Pour l’anecdote, Elvis Presley a été contacté pour le rôle de Tony, je dis un grand merci au colonel Parker d’avoir refusé la proposition.
  



 Acteur, Danseur… Mais Chanteurs ?




Jérôme Robbins
Les séquences de ballets ayant une énorme importance, on demanda à Jérôme Robbins d’assumer une partie de la mise en scène du film. N’importe quel danseur ayant travaillé avec lui pourra dire que c’était un véritable tyran tellement il exige discipline et précision. Le chorégraphe demande l’impossible à ses troupes, la production accordera dix semaines de répétitions à Robbins.
Rappelez-vous de la première scène du film : après un survol de New-York, la scène se fige sur un terrain de jeux. Tout est filmé en décor réel en plein cœur de Manhattan dans la 68e West Side. Cette rue n’existe plus ayant été inscrite dans le projet de reconstruction du Lincoln Center. La démolition des immeubles attendirent la fin des prises de vues. La musique de Leonard Bernstein enregistrée à l’avance emplit la rue pendant un certain temps. Tourner dans un quartier où les véritables bandes avaient leurs territoires n’aurait pas du être simple et pourtant, certains anciens membres s’employèrent à refouler les badauds hors du champ des caméras. (Le procédé à angle large est utilisé : la panavision 70. )
Pour le chant, uniquement Georges Chakiris et Russ Tamblyn (Bernardo et Riff) ne seront pas doublés, Nathalie Wood ne chantera que la dernière chanson du film (A la mort de Tony). 




Des Titres Incontournables




Rita Moreno : América !
Je ne vais pas vous faire un synopsis du film, mais vous remettre en mémoire les grands titres qui ont fait la gloire du film. Déjà le «Prologue» qui nous donne les signes avant- coureurs de ce que sera la suite de la partition. «Jet Song», Riff et les Jets chantent à propos de leur mainmise sur le quartier «Car les Jets sont les plus forts». Arrive Tony qui s’est éloigné des Jets et travaille dans un bar-confiserie et se demande si le soir, au bal, il va rencontrer quelqu’un(e) d’intéressant : «Something’s Coming». Soir de bal : les deux bandes rivales sont face à face : «Dance at the Gym». Tony et Maria se rencontrent pour la première fois, Tony repart dans la nuit perdu dans ses rêves, ne pensant qu’à la fille qu’il vient de rencontrer : «Maria». Après le bal, les Sharks se retrouvent sur le toit et une discussion amicale s’ensuit. Les filles font semblant de souligner la douceur de vivre de leur nouvelle patrie, tandis que les garçons se moquent de leur frivolité. «América» avec son ballet et son rythme latino reste le morceau le plus connu de la partition. 

Tony arrive sous la fenêtre de Maria (la fameuse scène du balcon de Roméo et Juliette) et tous les deux oublient leurs soucis : «Tonight». Dans le bar de Doc, tenancier d'un bistrot plus ou moins terrain neutre, les Jets après avoir rencontré le sergent Krupke le policier du secteur, lui taillent un costard une fois ce dernier parti : «Gee, Officer Krupke». Maria est d’humeur joyeuse dans l’atelier de confection où elle travaille : «I Feel Pretty». Le lendemain Tony la rejoint et ils imaginent leur mariage : «One Hand, One Heart».    

La bagarre entre Bernardo et Riff commence après que Tony ait essayé de réconcilier les deux bandes : «Quintet», les couteaux apparaissent : «Rumble», Bernardo tue Riff et Tony poignarde Bernardo à mort, la bagarre prend fin avec le hurlement de la sirène de police dans le lointain.

Les jets sont maintenant commandés par Ice qui calme ses troupes : «Cool» et vont essayer de protéger Tony de Chino qui le recherche, armé d’un pistolet. Anita accuse Maria : «A Boy Like That» mais l’amour de Maria pour Tony a raison du chagrin d’Anita «I Have a Love». Anita, ayant voulu prévenir Tony chez Doc, se fait chahuter par les Jets et donne un message différent : «Dites-lui que Chino a tout appris sur eux et qu’il l’a tuée ! Elle est morte !». Tony, effondré, court dans les rues en criant à Chino de le tuer lui aussi. Puis il aperçoit Maria. Il court vers elle mais une détonation se fait entendre et une balle interrompt sa course. Il s’effondre dans les bras de Maria : «Somewhere». Le corps de Tony est emporté par les Jets et les Sharks, les rivaux semblent, pour le moment, faire cause commune dans cette tragique circonstance.     

6.000.000 de dollars de budget, 25 millions de bénéfice rien qu’aux U.S.A, dix oscars et la 51e place des meilleurs films américains par l’american Film Institute.




West Side Story : Discographie





Il existe beaucoup de versions. Gardons la bande originale du film sous la direction de Johnny Green en 1961, celle de son créateur Léonard Bernstein enregistrée en 1985 avec Kiri Te Kanawa, José Carreras et Marilyn Horne  même si cette dernière est un peu trop lyrique à mon goût... et pour la curiosité la version jazz d’André Prévin enregistrée en 1959 et celle d’Oscar Peterson Trio qui reprendra des extraits en 1962.  




1 commentaire:

  1. A t'on jamais réussi à faire aussi bien ?
    Il y a aussi la version, certes tronquée, d'Alice Cooper (sur "School's Out"). Vincent Furnier s'est toujours déclaré comme un grand fan de West Side Story.

    RépondreSupprimer