lundi 5 janvier 2015

PAUL KOSSOFF - "Live Free, Play Hard : Retrospective (3ème et dernière partie) par Philou



"Each note of Paul is an ocean of feelings"



En mémoire de Koss (14 septembre 1950 - 19 mars 1976)

 3ème et dernière partie : The end.

Après la séparation définitive de FREE en juillet 1973, Koss va reprendre son job de toxico à plein temps. Pendant ce temps là, ses anciens compagnons, Simon Kirke et Paul Rogers, montent un nouveau projet en compagnie de Mick Ralphs, l'ex-guitariste de MOTT THE HOPPLE et de Boz Burrell, un bassiste qui a officié quelques temps chez KING CRIMSON. Ce groupe, baptisé BAD COMPANY, va cartonner immédiatement dans le monde entier avec un 1er album qui reste, encore au 21ème siècle, incontournable.

Paul Kossoff veut une nouvelle fois essayer de se relever et se met à travailler sur son 1er album solo "Back Street Crawler" qui deviendra par la suite le nom de son futur groupe.
Avec l'aide de vieilles connaissances comme Andy Fraser, Tetsu Yamauchi, Rabbit, Simon Kirke, Alan White (YES) et Paul Rodgers (qui assure le chant sur un titre), il va  rassembler tout le talent de ses anciens compagnons de route pour proposer un album de blues/rock qui fait ressortir encore davantage la profondeur et l'émotion brute de son jeu de guitare. On remarque qu'il a rangé sa Gibson Les Paul et utilise, en hommage à Jimi Hendrix, une Fender Stratocaster. Pour la petite histoire, c'est Dave Murray le guitariste d'IRON MAIDEN, qui achètera cette guitare 1400 dollars, un an après la mort de Koss.

"Back Street Crawler (1973)
L'album est publié par Island Records en novembre 1973 et reçoit un accueil plutôt favorable. 
Assez difficile d'accès à la 1ère écoute, l'album est en majeure partie auto-produit par Koss, d'où un son assez moyen. Il contient 5 titres, dont 3 instrumentaux, qui sonnent plutôt comme un effort de démonstration destiné à présenter le potentiel de Kossoff en solo. Même si le résultat n'est pas au niveau de ce que nous proposait FREE, il contient quand même 2 morceaux fantastiques : "Times Away" un instrumental atmosphérique qui vous transporte hors du temps et "Molten Gold", un titre écrit par Koss et chanté pour l'occasion par Paul Rodgers. Il est par ailleurs incroyable que cette chanson initialement écrite pour FREE ne soit jamais sortie en 45 tours à l'époque.


Musicien très courtisé et quand sa santé le lui permet, Paul Kossoff participe à des sessions avec Uncle Dog, Jim Capaldi, Frankie Miller, John Martyn, David Elliott, Amazing Blondel ... on peut retrouver certains de ces enregistrements sur la compilation "Blue Soul - The Best Of Paul Kossoff".


Après avoir accompagné John Martyn en tournée, Paul Kossoff décide de former BACK STREET CRAWLER, un groupe composé du batteur Tony Braunagel, du claviériste Mike Montgomery, du bassiste Terry Wilson et du chanteur Terry Wilson-Slesser.
Lors de l'enregistrement du premier album de BACK STREET CRAWLER, il y a des moments où son jeu est vraiment éblouissant mais ce n'est qu'un bref répit, car Koss va bientôt reprendre ses anciennes habitudes et revenir sur le chemin de l'autodestruction.
En 1974, pour satisfaire ses besoins en drogue, il revend même sa guitare fétiche, une Les Paul Sunburst 1959, dans un magasin de musique à Londres.

L'album "The Band Plays On" parait en octobre 1975 et malgré la qualité de son contenu, les réactions sont mitigées.
"The Band Plays On" (1975)

BACK STREET CRAWLER veut concurrencer BAD COMPANY, le nouveau groupe de Paul Rodgers qui cartonne aux States, mais joue plutôt dans la cour de MOTT THE HOPPLE. Évidemment, Terry Wilson-Slesser n'est pas Paul Rodgers, mais avec sa voix rauque et graveleuse, il reste un excellent chanteur (il sera contacté par AC/DC pour remplacer Bon Scott). Sur les chansons "Jason Blue" et "It's a Long Way to the Top", il arrive même à se hisser au niveau de maitre Paulo. Par ailleurs le riff de "It's a Long Way to the Top" ressemble curieusement à celui de "Ready For Love" de BAD CO
Les morceaux ne sont pas aussi percutants que ceux de BAD CO mais ils ont une structure très flexible et vont s'adapter parfaitement en concert.
"The Band Plays On" est finalement un solide album de blues/rock des seventies qui fleure bon les Marshall à lampes et les Gibson Les Paul.

Au fil des années, la dépendance de Koss à la drogue a empiré et son manager de l'époque, Mike Green, déclarera plus tard dans une interview : - "Nous étions en train d'enregistrer le 1er album et chaque nuit, je devais chercher partout y compris dans les toilettes, pour s'assurer que personne n'avait laissé des petits cadeaux pour lui"-
Une tournée anglaise est mise sur pied et commence à Sunderland le 16 mai 1975. On peut se rendre compte de l'efficacité du groupe sur scène en écoutant l'album "Live At Croydon Fairfields Halls 15/6/75", un témoignage enregistré lors de la 1ère tournée de BACK STREET CRAWLER.
Pendant les concerts Koss souffre énormément. Un soir, il s'évanouit sur scène et il faut l'hospitaliser en urgence pour un ulcère à l'estomac. A l’hôpital, il est victime d'une crise cardiaque et va même se trouver en état de mort clinique pendant 35 minutes !!!

Les médecins vont mettre près de 2 heures pour entendre à nouveau les battements de son cœur. Après 24 heures de coma, il part se reposer 2 mois dans une ferme en Angleterre où il commence une énième cure de désintoxication.

Paul Kossoff & Terry Wilson Slesser à New York, pour la promo du 1er album de Back Street Crawler.

Koss se remet tant bien que mal. Le 1er Janvier 1976, il prend l'avion en direction de Houston avec Terry Wilson-Slesser. Le duo rejoint les autres membres du groupe pour commencer l'enregistrement du deuxième album BACK STREET CRAWLER "2nd Street".


L'horizon commence à s'éclaircir pour Koss : il est (presque) clean et une gigantesque tournée US est même programmée....
Le guitariste retrouve avec enthousiasme son ancien pote John "Rabbit" Bundrick qui remplace Mike Montgomery aux claviers. Le groupe passe en tête d'affiche au Starwood Club, à Los Angeles. Un soir de mars 1976, ses vieux compagnons de BAD COMPANY le rejoignent sur scène pour une jam mémorable. 
Tout semble annoncer que Kossoff est sur le chemin du retour et son optimisme semble même être revenu.

Après la jam au Starwood, de G à D : Rabbit, Terry Slesser, Paul Rodgers, Koss & Mick Ralphs.

"2nd Street" (1976)
L'album "2nd Street" est enregistré dans différents studios aux USA et c'est encore Snuffy Walden, (qui n'est même pas crédité sur le disque), qui assure l'intérim aux guitares quand Koss n'est pas en état de jouer.
Alors que les séances d''enregistrement sont presque terminées, Paul Kossoff va finalement perdre son combat contre la toxicomanie : il décède le 19 mars 1976 d'insuffisance cardiaque à bord d'un avion entre Los Angeles et New York. Un œdème cérébral et pulmonaire est certainement la cause officielle de son décès, mais alimenté par des années de consommation de produits illicites en tout genre, le corps de l'ancien guitariste de FREE était dans un tel état que l'on ne pouvait pas s'attendre à une autre issue. Quel énorme gâchis !

Il sera incinéré quelques jours plus tard au Golders Green Crematorium de Londres, sur sa plaque funéraire, une simple épitaphe : "All Right Now".

"2nd Street" est achevé avec l'aide précieuse de l'indispensable Snuffy Walden et du producteur Glynn Johns. Le disque parait en novembre 1976 et se révèle être une pure merveille, illuminée par les interventions déchirantes de la guitare de Koss.
Bien supérieur au 1er album et bien mieux produit, les chansons rappellent la présence sombre de FREE et le punch de BAD COMPANY.
Comme si Koss avait deviné que ça serait son dernier disque, son jeu est d'une qualité exceptionnelle : mélancolique, mélodieux et chaque solo résonne avec passion, en particulier sur les titres "Blue Soul", "Some Kind Of Happy" et "Leaves In The Wind"
Le fantôme de Paul Kossoff hante cet album rempli d'émotion et qu'on le veuille ou non, ses toutes dernières notes de guitares affectent l'auditeur.
Le père de Koss, David Kossoff, acteur bien connu en Angleterre, consacrera la fin de sa vie à faire campagne contre la drogue en créant la Paul Kossoff Foundation.

Les membres restants de BACK STREET CRAWLER décident de continuer l'aventure sans Paul Kossoff et recrute Geoff Whitehorn, l’excellent guitariste du groupe de jazz-rock IF.
Sous le nom de CRAWLER, les 5 compères sortiront 2 albums, "Crawler" en 1977 et "Snake, Rattle And Roll" en 1978.
Constatant qu'ils n'étaient pas en mesure de se débarrasser de l'énorme héritage de Paul Kossoff, ils se séparent à la fin de l'année 1978.

"La musique doit venir de l'âme et être simple et directe afin que chacun puisse en profiter" (Paul Kossoff)
Malgré sa tragique et brève carrière, Paul Kossoff à laissé une empreinte indélébile et son nom est à jamais associé à la Gibson Les Paul. Le "son Kossoff" a été créé avec sa fameuse "Les Paul 1959" que le guitariste a utilisée tout au long de sa carrière.
Cette guitare est considérée, par de nombreux spécialistes, comme une des meilleures Les Paul jamais fabriquées par Gibson.
Gibson Custom Shop Paul Kossoff 1959 Les Paul Standard.
 La splendide réplique de la guitare utilisée par Koss 
 (t'énerve pas Bruno, elle n'est plus disponible !)

Dans les années qui suivront sa mort, de nombreux guitaristes de rock comme Brian May, Robin Trower, Gary Rossington, Warren Hayes, Pat Travers, Angus Young, Audley Freed, Dave Murray et Joe Bonamassa exprimeront leur admiration pour le jeu de Koss. Et bien que de nombreux experts de la six cordes aient étudié sa technique, rares sont ceux qui ont réussi à égaler son vibrato incroyable et à capturer l'élégance simple de son jeu......

********** THE END **********






Paul Kossoff Live 1975 with BACK STREET CRAWLER : "Long Way To The Top".




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