lundi 9 février 2015

GOLO et FRANCK : BALLADE POUR UN VOYOU par Pat Slade








Ballade pour un voyou : Le roman noir en B.D



Du rock 50’, «Les enfants du Paradis», Germaine Montero, des blousons noirs, Paris la nuit, un voyou, deux voyous, trois voyous, un escroc, Paris le jour, un diamant, un troquet, deux troquets, trois troquets, une escroquerie, une femme flic sadique, un oncle faussaire, un mort, deux morts, trois morts, du frics, case prison, la fuite... fin.

Golo ( Guy Nadeau)
Voici résumé en trois lignes et demi une bande dessinée qui m’a beaucoup marqué. Elle sort aux Éditions du Square dans la collection de Charlie Mensuel en 1979, le titre : «Ballade pour un voyou» dessinée par Golo. Golo est assez peu connu du public. De son vrai nom Guy Nadeau, il prend le pseudo de Golo au commencement de sa carrière au début des années 70. Il commence comme dessinateur de presse, mais pas n’importe laquelle, celle que l’on surnomme la presse rock et underground. Il commence à dessiner pour Best et livrera aussi des dessins pour Actuel, Zoulou et Hara-Kiri.  En juillet 1978, il collabore avec le scénariste et traducteur Franck Reichert alias Franck pour créer leur première série de bandes dessinées «Ballade Pour Un Voyou» publiée dans Charlie Mensuel.

Franck (Franck Reichert)




L’homme à qui l’on doit le scénario de «Ballade pour un voyou» est Franck Reichert. Franck Reichert ? Avant tout un traducteur de roman noir, entre autre aux Éditions du Masque, mais il a traduit aussi les œuvres de Charles Schultz, le papa des Peanuts et de Charlie Brown. La collaboration entre les deux hommes durera jusqu'à la fin des années 80. Franck trouve son inspiration dans la vogue du roman noir venue des États-Unis.



Balade Pour Un Voyou, un Style Graphique Étonnant




Le style de Golo est très particulier. Un style qui pour certains serait une faute de professionnalisme. Golo lui en fait un atout. Son dessin paraît un peu maladroit, on trouve des personnages dont les visages changent au fil des pages, des perspectives très limites et des tonnes d’encre de chine. Le blanc de la page devient pratiquement inexistant, tous est en clair-obscur. Des arrière-plans  habités et tout d’un coup, un figurant apparaît au premier plan. Des photos retranscrites, des chansons entonnées par des passants et le juke-box, des incrustations de textes, des quartiers de Paris reconnaissable comme Beaubourg, Barbès ou le faubourg Montmartre, des citations littéraires et cinématographique, notamment du film «Les Enfants du Paradis». La bande son est aussi très importante, le rock se dispute avec la chanson populaire et les chants contestataires. En résumé, Gene Vincent croise Renaud, Aristide Bruant, Little Richard et Edith Piaf, Bessie Smith. Mais, il y en a plein d’autres dans cette fresque des bas quartiers de Paris. A la première lecture, on se croirait revenu dans les années 60 et avec un peu de culture musicale en lisant cet album vous pourrez, avec la force de votre imaginaire, entendre la musique de l’instant partagé par l'image. Et ce sont tous ces styles graphiques et littéraires qui en font une série noire à part entière. 



Ballade pour un voyou : Le synopsis   





Jeannot, un jeune truand d’une vingtaine d’années, désabusé et nonchalant sort de la prison de la Santé où il avait élu domicile pour trois ans suite à un casse manqué. Il retrouve ses vieux amis dont Vlad. il retrouve l’amitié et l’amour auprès de Babet. Mais tout cela ne nourrit pas son homme, et lui et ses amis sont plus du genre à vivre de la débrouille et des combines de la rue que de pointer à l’usine. Alors en quête d’un plan fric pas trop foireux, ils vont monter une escroquerie au diamant, mais je ne vais pas raconter toute l’intrigue de l’histoire où beaucoup de personnage plus hauts en couleur les uns que les autres (pour une B.D en noir et blanc c’est pas mal !) se croisent et entre-tuent. Un superbe scénario, un récit désespéré, la noirceur de l’histoire est parfaitement retranscrite ; Tous les critères de la série noire sont présents : la violence, le sexe, la corruption, le règlement de compte ; tout y est, même l’argot d’Auguste Le Breton (Le vrai !) y est employé et, petit bonus à la fin de l’album, les références de toutes les chansons, auteurs, interprètes et maison d’éditions compris.  

Ballade Pour Un Voyou, un beau voyage dans le temps. 

Si la version des Édition  du Square de 1979 est épuisée en librairie, l'album peut toujours se trouver en brocante en cherchant bien, sinon une réédition de 1983 existe aux Édition Dargaud. 

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