jeudi 26 mars 2015

MARTIN VEYRON et BERNARD LERMITE - par Pat Slade







Bernard Lermite sort de sa coquille






Il y a 65 ans, Martin Veyron poussait ses premiers cris à Dax. Il fréquentera l’école des Arts déco à la différence de ses collègues dessinateurs de bandes dessinées qui eux rejoignent en majorité les Beaux-Arts. Il réalise ses premiers travaux d’illustration dans des journaux comme Lui, L’Expansion et le Cosmopolitain.

En 1977, il rentre dans le journal créé en 1972 par Gotlib, Claire Bretécher et Nikita Mandryka, «L’Echo des Savanes». A cette époque, il crée son personnage fétiche de Bernard Lermite. Un gars qui est un français d’allure banal, blond, toujours habillé d’un costume un peut lâche de couleur sombre. Comment gagne t-il sa vie ? Mystère ! Dans un épisode de ses aventures, il téléphone à sa mère pour un dépannage... On en déduit qu’il est entretenu par ses parents. Ses aventures sont constamment ponctuées de problèmes en tous genre. Il se retrouve roi d’une île, il meurt, il est pris en otage, il redevient un bébé etc. De toute manière, il se sort de toute les situations après avoir mis, involontairement, le souk partout où il est passé.

Mais ce qui l’intéresse surtout, ce sont les femmes, même si il parait gauche et timide au premier abord, Bernard Lermite est un dragueur et un prédateur sexuel redoutable qui essaye de séduire le beau sexe en adoptant un comportement immature pour arriver à ses fins.

Bernard  Lermite est un mélange de Gaston Lagaffe et de Sam Bot (Pour ceux qui se rappellent de ce personnage binoclard et maigrichon gâté par la nature). Mais c’est aussi un fumiste un peu manipulateur qui vit en marge du monde qui tourne autour de lui. Bernard Lermite est-il un parasite ? possible...

Le dessin de Martin Veyron est fluide, limpide et lisible et sa façon de jouer avec la langue française donne à ses dialogues un coté percutant qui colle parfaitement aux histoires de ce semi-looser qu’est Bernard Lermite. En 1982, «L’Echo des Savanes» ferme ses portes. Martin Veyron rejoint les équipes de «Pilote». Mais pendant sa période «Écho des Savanes», il va publier 5 albums de son héros récurrent dont certains titres sont de vraies perles. Et de citer le troisième album «Personnellement je ne veux pas d'enfants (mais les miens feront ce qu'ils voudront)» ou encore «Ce n'est plus le peuple qui gronde mais le public qui réagit» pour le cinquième. Bernard Lermite disparaîtra au bout de 7 albums. 

En 1983, Martin Veyron sortira un album qu’il vendra à plus de 100.000 exemplaires et qui aura une adaptation cinématographique : «L'Amour propre (ne le reste jamais très longtemps)», Une étude de mœurs et de genre. Le héros de l’histoire ressemble beaucoup à Bernard Lermite, notamment sa manière de voir la vie et de courir après tous ce qui a un jupon, sauf que dans cette histoire, le personnage cherche la quête du Point G, donc une BD à ne pas mettre en toutes mains. En 1985 le film sort sur les écrans avec Jean-Claude Dauphin dans le rôle du «Héros», Jean-Luc Bideau (le médecin dans la série »H») et Corinne Touzet. Le film sera écrit et réalisé par Martin Veyron lui-même.


Martin Veyron créa aussi d’autre personnage comme «Edmond le cochon» qui existera le temps de trois albums. Un genre d’avatar de «Fritz the Cat», un cochon pervers, lâche, lubrique et jaloux qui n’a peur que d’une chose : finir en saucisson. Un personnage animalier dans le style de ceux de Robert Crumb.
En 2001, il sera couronné Grand prix du festival BD d’Angoulême. A son style personnel et à ses dialogues très drôles auquel s’ajoute un ton pince-sans-rire adapté à la société qu’il égratigne, Martin Veyron traverse  son temps comme un auteur qu’il faut lire comme un témoin satirique de notre époque.





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