mardi 26 mai 2015

The HUB "Providence"



Quatre ans après "Sleepless night" que nous avions chroniqué dans ces colonnes (clic), voici un nouvel album de "The Hub", comprenez "Hubert 06". Non ce n'est pas le petit frère de James Bond 007, mais le pseudo du guitariste niçois Hubert Condémi. Lui aussi est agent secret, au service du blues. Mais à mon avis, s'il continue à sortir des albums de cette qualité, sa couverture sera vite éventée... Le précédent album le voyait accompagné de Yarol Poupaud qui a fait son chemin depuis (Johnny Halliday, Nouvelle star...). Sur ce nouvel opus il a réuni une fine équipe avec Philippe Almosnino (Dogs ; Wampas) aux lapsteel guitare et guitare, Sylvain Designe et Denis Benarrosh aux drums et percus, Laurent Vernerey (basse, contrebasse) plus des invités à la pelle, comme Emmanuelle Monnet ("Manu" chanteuse de Dolly), Manu Lanvin, Avant Strangel, Alain Chennevière aux choeurs ou encore Little Victor (harmonica), beaucoup de noms que nous avons déjà croisés au gré de nos chroniques concernant la scène bluesy/rock hexagonale. Almosnino est à la réalisation ainsi que Clive Martin (Queen, Négresses vertes, Wampas, Red Cardell..). Mais la plus grosse nouveauté vient du coté des textes puisque notre Hubert a choisi de s'exprimer cette fois dans la langue de Brassens et Ferré sur les 2/3 de l'album. Pour cela il a fait appel à un expert dans le maniement des mots, l'auteur de "Vertige de l'amour" ou "Gaby Oh! Gaby" du regretté Bashung, je veux parler bien sûr de Boris Bergman qui signe 5 des 12 titres et qui n'est pas un novice dans le blues, ayant collaboré notamment avec Paul Personne ou Rod Barthet (voir le Deblocd'or 2014 pour "les filles à l'écoute).

HUB 06  (@ photo Yann Charles- merci)
Dés que s’élèvent  les premières notes d "Alligator", c'est décollage immédiat vers la Louisiane, pas le temps d'enfiler son maillot de bain qu'on trempe déjà dans ses bayous moites, la silhouette menaçante d'un croco se rapproche vicieusement, perçant les eaux boueuses où s'ébattent les crawfish. Là bas sous la mangrove la cérémonie Voodoo va bientôt débuter, avec le Dr John en grand prêtre qui s’apprête à égorger 2 ou 3 poulets, gaffe aux zombies ce soir sous la pleine lune ! Mais on se réveille, nous ne sommes pas à Bâton Rouge et ce n'est pas le Mississippi, mais bien Paname et la Seine, et ce ne sont pas Slim Harpo, Robert Johnson ou RL Burnside sur les planches du juke joint mais notre Hubert06, qui a surement lui aussi pactisé avec le malin à un Crossroad de la Nationale 7 pour pondre un blues aussi diabolique, un swamp blues aux envolées blues rock où ressort une vraie qualité instrumentale, où  slide et lapsteel distille un climat envoûtant.
Et la suite ne va pas le démentir, à commencer par les autres titres signés Bergman, "Sale môme" avec ses relents country et ses chœurs gospel, le swamp blues "A quoi tu rêves", "Belle journée pour mourir" une ballade country folk blues sur laquelle se pose un texte  finement ciselé, et le morceau titre "Providence" clin d'oeil habile au fameux Crossroads de Robert Johnson.
Excellent titre aussi que " Aprés tout" de Mickey Gaurichon une ballade country rock'n'roll sur laquelle Almosnino prend un bon solo; Hubert quant à lui signe "le temps presse" et  "Aujourd'hui", un blues rural traînant avec slide et banjo, ainsi que 2 titres en anglais "Gone gone gone" et "Nothing".
Les 2 autres titres en anglais sont de Avant Strangel, "Testify", folk-blues-soul et "Drift away" et son ambiance à la JJ Cale ou Tony Joe White, trés laid back. (PS:  n'oubliez pas le bonus caché à la fin du dernier titre! ).

Piano, banjo, lap steel, slide, harmo, picking, choeurs, textes poétiques parfois un peu mystérieux, tout les ingrédients de ce gumbo à la niçoise sont bien dosés et concourent à une belle réussite qui prouve s'il en était besoin que le blues peut se conjuguer avec bonheur en français et place Hub' dans le peloton de tête des bluesmen de chez nous.

ROCKIN-JL



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