samedi 4 juillet 2015

Stephen KING – Mr MERCEDES (2015) – Par Claude Toon




Après quelques années de bouderie, je me suis réconcilié avec Stephen King grâce à deux ouvrages commentés dans le blog : l'un par Luc : 21-11-63 (Clic) et l'autre par votre serviteur : Docteur Sleep (Clic).
Mr Mercedes est un ouvrage un peu à part dans la bibliographie de l'écrivain américain dans le sens où ce thriller est un polar, un vrai. Exit toute dimension fantastique dans ce bon livre, même si je l'annonce d'emblée, certains personnages sont surréalistes de sottise et que l'humour sarcastique de King est bien au rendez-vous.
Le roman s'attache à un serial killer, mais l'originalité de la trame réside dans le fait que ce type ne répète jamais un modus operandi précis pour commettre ses crimes qui évoluent vers le terrorisme. Le lascar est lourdement organisé mais tellement bordelique par certains comportements qu'il lui arrivera de tuer par inadvertance des cibles non prévues, et même sa propre mère !

L'arme du crime !!!
Commençons par le début : prologue !
Par une glaciale nuit d'hiver, Augie Odenkik, chômeur de longue durée, victime de la crise actuelle se mêle à une file d'attente devant l'équivalent du pôle emploi made US. Il espère obtenir un petit job, de quoi survivre, à l'ouverture au petit matin. Devant lui, Janice Gray, une femme seule et aussi sans emploi, avec un bébé qu'elle protège comme elle peut du froid polaire. Ils sympathisent. La file d'attente se prolonge. Stephen King n'hésite pas à nous replonger ainsi dans une Amérique en déconfiture, à citer la grande dépression, celle des raisins de la colère de Steinbeck… Dans la nuit, un monstre surgit. Pas un E.T. ou un tyrannosaure, non ! Une Mercedes S500.
La bête d'acier de près de 3 tonnes se tient à l'affût, observe, rugit, puis se précipite comme un taureau furieux sur la file d'attente…
Augie, Janice et son bébé n'échapperont pas à la mort, pas plus que d'autres malheureux, tous laminés par la mécanique en furie pilotée par Mr Mercedes, sobriquet sordide que la police donnera à ce tueur motorisé à défaut de pouvoir lui donner un état civil officiel, l'enquête n'ayant abouti à… rien au bout d'un an !!!!

Moins dangereux... Quoique...

1 an plus tard : Bill Hodges vient de prendre sa retraite d'inspecteur. Il vit seul avec sa télé, quelques canettes, et des regrets : ceux de n'avoir pu résoudre quelques affaires bien sanglantes comme celle de la berline allemande tueuse (ça sonne comme un titre de nanar TV cette expression). Bon, il voit ses anciens potes et fréquente son voisin, un jovial grand ado Black, Jérôme qui couve comme le Graal sa petite sœur Barbara, une mignonne mouflette de 9 ans et le sympa chien familiale. Bill a sur le cœur cette enquête avortée sur le bolide assassin, ou plutôt sur le tueur qui a taxé l'engin sur un parking pour prendre son pied en massacrant des chômeurs. Et puis dans cette enquête pourrie, même la propriétaire de la voiture a fini par se suicider. Olivia Trelawney, une grosse fortune du coin, a toujours juré ses grands Dieux qu'elle n'avait pas laissé sa limousine non verrouillée en pâture au premier venu. Elle était riche, pas toujours cordiale, mais quand même  cette suspicion de complicité passive était lourde à porter. Elle a même confié à sa sœur Janey qu'elle entendait les fantômes des victimes du drame la harceler via les HP de son ordinateur…
Bill Hodges ne reçoit pas beaucoup de courrier, sauf un jour cette lettre bizarre écrite et signée par LE TUEUR À LA MERCEDES qui se fout ouvertement de la gueule de Bill, en le traitant de flic minable qui n'a pas su remonter la piste, etc. La suggestion est de… se suicider… Tiens, le flic aussi, après Olivia qui entendait des voix ! Canular d'un maniaque ou nouvel indice ?


Stephen King (photo : Shane Leonard)
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Stephen King inverse un peu les règles du genre thriller en nous présentant d'emblée le charmant salopard qui joue les chauffards nocturnes avec prémédication et se pique de talents épistolaires revanchards. Brady Hartsfield n'a pas l'esprit bien net, on s'en doute, mais possède des talents certains. Faisons connaissance : Brady est né dans une famille de tarés où sa mère ronchonne à longueur de temps sur son second fils né attardé mental… Brady le trouve chiant ce môme à accaparer sa mère avec son handicap, déjà que son père est mort quand il avait huit ans. Bref, le petit infirme est amoureux de son auto de pompier. Brady se révèle imaginatif en plaçant le jouet au pied de l'escalier de la cave. Comme prévu : une chute mortelle bien regrettable pour le frérot, mais avantage : un marmot en moins et Maman pour Brady tout seul. Enfin, Brady ne gagne pas sur tous les tableaux car Maman se met à picoler comme un trou pour l'éternité… Devenu grand, Brady assure deux jobs : technicien de maintenance informatique à domicile (ça permet de fouiller les petits secrets cachés dans les disques durs des concitoyens et d'ajouter des gadgets espions de sa conception), et puis Brady joue aussi au marchand de glace ambulant. Les gens et les mômes aiment bien le marchand de glace rigolo. "Merci M'sieur, elle est belle la glace". "Hihi ma jolie"… ("petite salope" en off).
Bill Hodges décide d'épicer son quotidien en reprenant l'enquête en freelance. Il rencontre Janey Trelawney, la sœur d'Olivia. Je saute quelques épisodes, il y aura une petite idylle, et une tragédie. Jerome épluche le PC maudit et se pose des questions, et les bonnes. Bill et Jerome vont mettre en place un phishing à tueur par site de rencontre interposé. Des pseudos évidement. Ça marche ! Échange de messages venimeux et provocants mais tellement explicites. Le duel entre le flic et l'assassin maléfique virtualisé (pour le moment) commence. Brady, agacé de l'obstination de l'ex-flic à ne pas se faire sauter la cervelle, est certain d'avoir lui-même la peau de Bill. Mais Stephen King a décidé le contraire et tout le roman va nous montrer un Brady qui se prend les pieds dans le tapis dans ses plans sataniques…
Pourtant pour pousser à bout Bill et ses amis, Brady met les petits plats dans les grands, recourt à des actions diaboliques et inutiles. Ainsi, il confectionne des boulettes de viandes moelleuses et parfumées à la strychnine pour empoisonner le chien de Jerome, rien que pour faire c**r. Il les mets au frigo en attente et… horreur, sa conne de mère qui picole, mais ne bouffe habituellement jamais rien, a décidé de se faire un petit encas !! Agonie atroce et un cadavre à planquer sous le couvre-lit. Bien embêté le Brady. Ben oui, sa mère lui soulageait ses migraines en lui faisant une petite gâterie le soir, vous voyez le genre, j'évite les détails, maman aux yeux vitreux mais à la main alerte ! Ah les braves gens.

Stephen King signe un bon livre avec son style particulier : une écriture dynamique, des personnages typés, des héros du quotidien, quelques fâcheux, des situations rocambolesques, de l'humour noir. Le final est grandiose mais je ne peux pas vous le raconter... évidement. Juste un conseil : n'emmenez jamais vos gamins prépubères à des concerts crétins de Boys bands (même si le genre à fait pfuitt), Christophe Maé, Justin Bieber ou équivalent. Ça craint pour leur épanouissement artistique et pire… Mr Mercedes peut rôder en mode kamikaze…


6 commentaires:

  1. J'ai lu aux forceps Docteur Sleep mais après cet avis sur ce livre je vais l'acheter.

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  2. Merci à vous pour cet avis qui me donne aussi envie de me REmettre à lire Stephen King que j'ai quitté depuis de forts nombreuses années.

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  3. Houla !!! et j'ai eu d'autres remarques du même genre par d'autres voies (et voix).....
    En espérant que vous ne soyez pas déçus... Subjection quand tu nous tient :o)

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  4. Dis moi mon Toon, il est vrai qu'à un moment on s'est faché sévère nous deux, mais que penses tu de l'oeuvre intégrales de San Antonio ?
    Oui, je sais c'est pas ta tasse de bière, mais bon, vu tes talents, oserais tu une chronique ?

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    1. Ah Ah, Oui tiens c'est vrai que l'on s'était filé une belle peignée à propos des chipotages entre les diverses versions de la Symphonie Concertante de Mozart, ou autres. Avec le recul, j'aurais mieux fait de répondre (car il y a une réponse) à la remarque, tout compte fait pertinente, même si ta formulation m'avait hérissé le poil :o)

      San Antonio, ça ne me rajeunit pas mais j'aime bien les délires verbaux, tout ce qui est déjanté. Donc, sans être un inconditionnel, je dois dire que le style de Frédéric Dard a par moment fait école dans mes chroniques, comme celle-ci où l'on peut plus facilement se lâcher dans des figures de styles poilantes (j'espère).

      Une chronique sur le bonhomme et son œuvre mérite sans doute l'intérêt du blog… Je vais en parler avec Pat qui doit surement apprécier….

      Là je pars en congés. Une idée à creuser pour la rentrée : Une chronique comme "Partie de bébête à deux dos" entre Rockin et Sonia…..

      Je me rappelle la rigolade quand je suis tombé sur l'expression :o)

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  5. Cela me ferait plaisir !!!
    Je viens de me " racheter" les oeuvres complètes" du quidam.
    Bonnes vacances et je compte sur toi, sur vous !

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