lundi 17 août 2015

LE CERCLE de Bernard Minier (2012) par Luc B.



Deuxième enquête du commandant Martin Servaz, après GLACE en 2011 - clic vers l'article - . Souvenez-vous, notre flic du Sud-Ouest était aux prises avec Julian Hirtmann, sérial killer machiavélique, enfermé chez les dingues, dans les Pyrénées, et qui s’en échappait pendant une tempête de neige dantesque. LE CERCLE est la suite, on y retrouve donc les mêmes personnages, l’équipe de Servaz au complet, sa fille Margot, la gendarmette  Ziegler, la hiérarchie judiciaire.

Cette fois, l’intrigue se situe à Marsac, sur le campus d’une classe de Khâgne qui attire l’élite de la région. Un matin d’orage (oui, parce qu’il pleut pratiquement pendant tout le bouquin) le cadavre de Claire Diemar, ravissante prof, est retrouvé dans sa baignoire, ligotée comme un gigot. Le principal suspect est aussi sur les lieux, hagard, drogué jusqu’à l’os : Hugo. Un de ses étudiants, fils d’une certaine Marianne, qui se trouve avoir été la petite copine de Martin Servaz, du temps où il était étudiant.  

Les auteurs de polars aiment bien lorsque leur flic est émotionnellement rattaché à l’enquête… Marianne demande donc à Servaz d’innocenter son fiston. Ce qui ne sera pas difficile, puisque les premiers indices trouvés font penser au policier que derrière ce crime atroce, se cache l’ombre du terrible Julian Hirtmann

En fait, comme on s’en doute, rien n’est si simple. L’auteur Bernard Minier a cette qualité de construire des intrigues complexes, aux multiples personnages, et autant de fausses pistes. Car il y a aussi un député, Lacaze, figure montante du parti en place, amant de Claire Diemar, qui se planque derrière son immunité, et puis sa femme, bourgeoise malade et humiliée par les sauteries de son mari. Il y a aussi Francis van Acker, professeur de français hautin, ami d’enfance de Servaz, et une ribambelle d’étudiants, des potes d’Hugo, pas très clairs non plus. On rajoute à la liste un bosniaque escroc et violeur récidiviste qui vient de sortir de taule, un détective privé adepte du chantage, et Drissa Kanté, émigré malien qui pose des mouchards dans les ordinateurs de la police…

En parallèle de cette intrigue, des intermèdes : une jeune femme, dont on apprendra qui elle est seulement à la toute fin (hé hé…) séquestrée depuis des mois par un homme, qui la drogue et la viole, joue au chat et à la souris. 

C’est du bon polar, accrocheur, lorsqu’on a la clé du mystère, on s’aperçoit que tout ça est quand même vachement bien foutu.

Mais pourquoi cette impression que je vais commencer à en dire du mal…

Parce que, comme d’hab, le style est tout de même lourdingue. Le roman est long, presque 800 pages. On peut couper de la matière, comme les digressions autour des vacances de Ziegler. On pourrait éviter toutes les descriptions de paysages redondantes. Ce n’est plus un roman, c’est le Guide du Routard ! Dès qu’un mec circule en voiture, ce sont des pages et des pages de : il passe près de la colline Machin, du vieux pont Bidule, le lac Trucmuche, et que la route va à droite, et puis à gauche, et que ça monte puis redescend… Servaz doit plonger dans un lac récupérer un cadavre ? Vlan, 6 pages de manuels du parfait plongeur, avec détendeur, flexible, décompression…

Guide du Routard, mais aussi bulletin météo. Sans arrêt des dissertations sur le temps qu’il fait… A chaque coup de théâtre, son coup de tonnerre ! Dans un film, ça ferait marrer, genre Frankenstein Junior de Mel Brooks ! Et puis des effets de manches presque risibles, du genre : son cœur se souleva dans sa poitrine, quand ce n’est pas son sang qui se glace dans ses veines. Ses poils de cul frétillèrent quand il entendit la porte s’ouvrir, pendant qu’on y est… Et puis, cette manie de toujours déceler une réaction dans le regard des suspects. Servaz y voit des lueurs, des étincelles, une infime… une minuscule… une indéchiffrable… une imperceptible Il aurait dû être ophtalmo !    

Y-a-t’y pas chez les éditeurs des gars dont le boulot est de relire les manuscrits ? Personne pour rappeler à un romancier l’art de la concision, de l’ellipse ? Les bouquins de Pierre Lemaitre sont aussi denses, et font 350 pages. Mais bon, je lirai quand même le troisième…      

LE CERCLE, édition Pocket - 798 pages

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