mardi 15 décembre 2015

GUEULES D'AMINCHE "le syndrome du poisson rouge" (2015)


Voici le troisième album de ce groupe de la région de Metz après "Perdre le Nord" et "C'est la vie", un groupe formé initialement sous forme de duo en 2008 puis qui est devenu quatuor en 2012. Ses quatre membres sont Vinz (chant, guitare, écriture), Christelle (accordéon, chant), Davy (batterie et percus) et Laurent (contrebasse et contrebassine).
"Gueules d'aminche" cela rappellera à certains un titre de Renaud de 1975, époque titi parisien ("écoutez ça les aminches, les escarpes et les marlous, c'est l'histoire d'un drôle de grinche, tronche d'amour, gueule de voyou..") et la référence n'est sans doute pas due au hasard. Mais écoutons Vincent le chanteur et compositeur : "Cela reste un album de chansons avec les couleurs d’un tableau, d’une histoire, mais on a décidé d’habiller les chansons différemment " (au Republicain lorrain) 

14 titres et le premier qui donne son nom à l'album avec ce "syndrome du poisson rouge" (mémoire instantanée très courte, le temps de faire le tour de son bocal), ça joue joliment avec les mots ("je suis oublieur de profession, le Sisyphe de l'oubli") et ça groove bien, l'accordéon apportant la touche guinguette/chanson réaliste. "Avant que sonne le gong" swingue méchamment genre jazz manouche (à la Sanseverino) et bizarrement m'évoque aussi Nougaro (la boxe, Sing Sing, le jazz..), ça balance vraiment bien et c'est assez irrésistible.
"Le Kid" nous raconte la vie et la mort du hors la loi Billy the Kid, ballade un peu western ("Y'a pas d'Eldorado mais des balles dans le dos"), j'aime bien ce genre de chansons qui racontent des histoires, imaginaires ou véridiques. Une belle chanson pleine d'émotions que "Les zetrangers" sur ambiance folk/ pays de l'Est puis retour au swing avec "le lion et la souris" , ou les amours imaginaires du roi de la jungle et d'un petite souris, c'est drôle poétique et bien enlevé. Java avec "la java de l'au delà", ambiance fantastique pour ce "grand bal des trépassés" dont le thème évoque le "Champagne" d'Higelin.
Je vous laisserai découvrir le reste pour ceux qui voudront, juste un mot sur "Du pain, des roses" folk médiéval aux paroles assez dures ("quand t'auras vendu ton cul/ pour une pièce d'identité/ dans cette société corrompue/ où tes fesses sont des billets/ c'est bille en tête que tu as cru à leurs promesses de liberté/ tu savais pas qu'on se prostituait de Barbes jusqu'à l'Elysée") ; autre titre fort "Le tatoué en Amérique", le tatoué c'est un biker gay déjà croisé sur l'album "Perdre le Nord", cette fois en virée aux States sur la Road 66, vrai rock, guitares électriques en avant, ("Le tatoué a voyagé de Los Angeles à Chicago / le tatoué s'est engagé pour fustiger tous les blaireaux, faire enrager tous les dévots/ Le tatoué il s'est fâché, prêt à tuer , à ravager tous les clichés sur les homos"), le potentiel d'un titre culte. C'est sympa ce personnage récurrent qui revient d'albums en albums (comme le Gérard Lambert de Renaud, encore).

Ces ménestrels s'inscrivent dans un courant où nagent notamment Yves Jamait, les Ogres de Barback, les Hurlements d'Léo, la Tordue, la ruelle en chantier (clic) , les grandes bouches (clic). Tour à tour festifs, joyeux, fantaisistes, poétiques ou parfois plus graves, ils ont un vrai talent pour pondre des mélodies qui accrochent et savent jouer avec les mots et les images. C'est un vent de fraîcheur sur la chanson française qu’amènent ces aminches. A découvrir.
commander, écouter des extraits c'est ici

ROCKIN-JL

on s'écoute "Le tatoué" (2011), en attendant un clip issu de cet album

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