mardi 5 juillet 2016

Hommage à BUD SPENCER (1929-2016)




     L'acteur italien  Bud Spencer, Carlo Pedersoli de son vrai nom, connu notamment pour ses duos au cinéma avec Terence Hill, est décédé lundi à Rome à l'âge de 86 ans.

Bud Spencer ... L'homme qui donnait des baffes homériques et mangeait comme trois sans sourciller. L'armoire à glace paraissant continuellement bougon, renfrogné, mais pétillant de malice et de sympathie dès qu'il laissait fendre un sourire. Son nom restera  à jamais associé  à Terence Hill (Mario Girotti, 77 ans)  tant le binôme aura marqué les esprits ensemble, à l'instar de Laurel & Hardy, Bud la brute au grand coeur et Terence le beau gosse malicieux. En 17 films en commun ils auront battu le record du  nombre de bastons au cinéma, dans un esprit cartoon, un univers à la Lucky Luke où les méchants sont caricaturaux et nos héros invincibles.
 Assurément  leur duo comique faisait mouche. Comme si ces deux là étaient fait pour se rencontrer, comme des frères d'armes. Généralement jouant les naïfs au grand cœur, prêts à défendre la veuve et l'orphelin, et ne refusant jamais un bon gueuleton bien arrosé. Un trademark de l'humour "tarte à la crème", avec grosses baffes en plat de résistance.

dans "Dieu pardonne...moi pas"
 Leur première rencontre sur un plateau date de 1967 avec le western "Dieu pardonne... moi pas" de Giuseppe Colizzi, un western spaghetti  solide  déjà chroniqué dans ces colonnes (Dieu pardonne..moi pas)  qui ne sortira en France qu'en 1972 aprés la vague des Trinita sous le titre "Trinita ne pardonne  pas".

Né à Naples dans une famille de la bourgeoisie , il suit sa famille à Rome en 1940 où il devient un trés bon nageur puis en 1947 direction l'Amérique du Sud, Brésil puis Argentine aux cotés de son père ruiné par la guerre et qui veut se refaire. Il y vivra  2 ans de petits boulots avant de rentrer à Rome en 1949 et de reprendre le chemin des études (licence en droit) et de la piscine, avec succès puisqu'il devient le premier italien à descendre sous la minute au 100m nage libre (Septembre 1950).
 Il sera 7 fois champion d'Italie, participera aux JO de 1952, 56 et 60, et sera également membre de la Nazionale en water-polo. Des qualités athlétiques hors du commun qui serviront aussi derrière l'écran (jusqu'à l'age de 60 ans il ne se fit jamais doubler sur les tournages), comme Giuliano  Gemma autre casse cou et figure du cinéma italien décédé en 2013 (hommage à relire ici) .
Après un nouveau tour en Amérique du Sud ou il travaillera à la construction de la Panamerica,  il revient en Italie en 1960 et se marie avec Maria Amato, fille d'un producteur de cinéma, mais cet éternel touche à tout tâtera de la chanson, des documentaires, déposera les brevets de plusieurs inventions puis embrasse enfin la carrière d'acteur  sur la proposition de son ami Colizzi. A noter qu'il avait déjà fait de petites apparitions dans des péplums comme tout le monde à cette époque ("Quo Vadis"," Hannibal" (dans lequel figure également Terence Hill mais ils ne se croisèrent alors pas).
La mode est à l'américanisation des noms et Carlo devient Bud Spencer pour son admiration envers l'acteur américain Spencer Tracy et...la bière Budweiser.
"Amigo.." avec Jack Palance
J'ai pu lire ici ou là "l'acteur de western spaghetti Bud Spencer est mort" alors qu'en fait il n'a tourné que 9 westerns sur une filmo de 55 films et 2 séries.  9 westerns sur 4 ans ( 1967 à 1971), dont 5 avec Terence Hill : 2 autres de Colizzi "("la colline des bottes" moyen et "les 5 de l'Ave Maria" avec Eli Wallach, intéressant ) et 2 d'Enzo Barboni , les fameux "On l'appelle Trinita" et "On continue à l'appeler Trinita"(1970 et 71) . Ces 2 Trinita sont connus pour marquer le début du déclin du western européen, qui va sombrer dans l'auto-parodie avant de s'éteindre, baffes, gags douteux  et tartes à la crème  remplaçant les colts. Mais ces 2 Trinita originaux (les distributeurs casant ensuite des Trinita à toutes les sauces dans les titres, comme pour Django d'ailleurs) sont plutôt sympathiques et réussis et le duo comique Hill/Spencer s'y affirme. Le public suit et le succès est au rendez vous. Sans Hill, Bud tourne 4 autres westerns "sérieux": "5 gachettes d'or", "Pas de pitié pour les salopards" avec Lee Van Cleef, "5 hommes armés" et "Amigo, mon colt a 2 mots à te dire".

   Mais le temps du western est passé, chevaux et colts sont rangés dans les placards de Cinecitta mais le duo est lancé et continue, toujours avec Coilizzi, pour "Maintenant on l'appelle Plata"(1972) dans lesquels nos 2 aventuriers sont pilotes en Amazonie et vont prendre la défense de petits prospecteurs  contre une grosse société minière véreuse, de l'aventure exotique et bon enfant, avec son quota de baffes bien sur...
Bud en profite pour passer son brevet de pilote d'avions et d'hélicos, il créera même une compagnie de transport aérien en 1974 (Mistral Air).  Suivront 10 films en 20 ans de 1974 à 1994, citons "2 super flics" et "les superflics de Miami", "pair et impair", 'Cul et chemise", "salut l'ami adieu le trésor", "Quand faut y aller, faut y aller" dont les titres et les affiches annoncent la couleur...
Parallèlement Bud tourne sans son compère, des polars "La vengeance du sicilien", du fantastique /humoristique ("le shériff et les extra terrestres"et sa suite "Faut pas pousser"), un giallo avec le maitre Dario Argento ("4 mouches de velours gris"), les enquêtes de l'inspecteur Rizzo (dit "pied plat") qui a le poing facile (4 films dont "Bulldozer", "Pied plat sur le Nil"..), plus toute une série  de films d'aventures humoristiques dans lesquels le géant bourru au cœur d'or prends le parti des opprimés  ("Malabar", "Banana Joe"..); il  jouera même le génie de la lampe d'Aladin dans une adaptation du conte en 1986 et se retire définitivement des studios en 2008. Il se consacrera à ses mémoires, non éditées à ce jour en français.

Un mot en particulier sur "les anges mangent aussi des fayots " (parfois titré "les anges aussi cognent dur" 1973) avec le bondissant Giuliano Gemma dans le Chicago des années 20 , avec une belle reconstitution de l'époque et un duo Spencer/Gemma qui fonctionne très bien  aussi. Engagés par un mafiosi les 2 larrons trop honnêtes ne sont pas vraiment performants pour racketter et finissent par se retourner contre leur employeur et défendre les opprimés, fil conducteur de quasi tous les films du bon géant.

Pour la télévision il tourne la série" Extralarge" avec Philip-Michael  Thomas (l'équipier de Don Johnson dans "Miami Vive") où il incarne un détective à Miami, gros succès là aussi (Italie, Allemagne..) ; et une autre dans laquelle il joue  Jack "Le professeur' Clementi, encore un enquêteur aux méthodes directes , surnommé "Big Man".

Bien sûr dans toute cette filmo il y a à prendre et à laisser, beaucoup de nanars et séries B (Z?) mais ça reste toujours bon enfant, sympatoche et divertissant et aura marqué la jeunesse de toute une génération. On lui pardonnera ces dernières années son soutien à l’infâme Silvio Berlusconi et on  gardera en sa mémoire son  art de la baffe homérique et sa truculence, tous deux  dignes d'Obélix . Il n'aura jamais gagné de titre olympique en natation mais mériterait assurément la médaille d'or de la baffe.

Il regrettait d'ailleurs de n'avoir été mieux considéré par la critique "officielle" : "En Italie, Terence Hill et moi n’existons tout simplement pas, malgré la grande popularité que nous avons également aujourd’hui auprès des enfants et des plus jeunes. Nous n’avons jamais reçu un seul prix, ni n’avons été invités aux festivals." 

Pas grave Bud, le public est seul juge et n'est pas près de t'oublier, RIP  amigo, files quelques baffes de notre part  là-haut...





3 commentaires:

  1. Type de films qui sont une aubaine pour les chaînes du fin fond de la TNT. La scène d'anthologie avec le duel aux colts/baffes, c'est dans Mon nom est personne?

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  2. tout a fait Shuffle, une scène d'ailleurs tournée par Sergio Léone qui a demandé 3 jours de tournage, c'est un acteur français (Marc Mazza) qui ramasse les baffes. Mais on trouve quasi la même scène avec Terence Hill qui donne des baffes à un type dans "on continue à l'appeler Trinita" tourné 2 ans avant. C'est vrai que les Hill/. Spencer et pas les meilleurs sont multi diffusés sur la TNT, ils ne doivent pas couter trop cher en droits et font toujours de l'audience..

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  3. Marc Mazza que j'ai vu en interview à la télé il y a peu, qui racontait ses souvenirs de tournage, plutôt rigolos. Il a fait plein de westerns, et il raconte que Sergio Leone lui promettait toujours des grands rôles, il se pointait en Italie, au Maroc ou en Espagne, avec une scène de baffes à tourner, et bye bye !

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