lundi 18 juillet 2016

Paul CHRISTOPHER – La Légende des templiers : épisode 1 : L'épée - par Claude TOON



Scène 1 : dans le couloir de la rédaction…
- M'sieur Rockiiiiiiin… Vous avez une idée où se trouve M'sieur Claude ? Il me doit un brouillon d'article, j'ai un peu de temps libre là…
- Il est monté sur la terrasse bouquiner pour rédiger sa chronique justement, chaise longue et parasol… Heuuu si vous avez du temps libre ceci dit… Enfiiiin non rien mon petit…
Scène 2 : sur la terrasse du building du Deblocnot…
- Sympa avec ce beau soleil M'sieur Claude. Vous lisez quoi ?
- Un thriller aventureux et historique sur les templiers… Assez sympa d'ailleurs. Bon, on court toujours après le trésor des moines soldats, mais l'intrigue est originale…
- C'est vrai que c'est un sujet usé jusqu'à la corde le mystère des templiers, une lecture pour l'été ?
- Oui, pas de quoi candidater pour le Nobel, mais pour une fois : de l'action, mais pas de sadisme et de sexe inutiles souvent hors de propos dans ce genre de bouquins…

Paul Christopher
Premier roman de Paul Christopher dans ma bibliothèque et premier tome d'une longue série de ses livres consacrés aux templiers : des vérités historiques jusqu'à la légende nourrie par la tragédie de leur massacre par Philippe IV le Bel et le pape Clément V. Paul Christopher est le pseudo de Christopher Hyde, né à Ottawa en 1949, et qui a commencé sa carrière comme scénariste. Il n'est donc pas surprenant que cette suite de romans qui compte 9 titres à ce jour fasse indubitablement penser à une saga transposable en série TV.

Le roman est découpé lui-même en péripéties orchestrées par deux héros principaux : Peter Hollyday et Peggy Blackstock. Peter, alias Doc Hollyday est colonel et professeur d'histoire à l'académie West Point qui forme les futurs officiers yankees, des fils à papa ultra républicains que l'auteur n'aime pas, à l'évidence. Peter n'a rien d'un militariste pur jus. Il a pris ce job après avoir combattu et perdu un œil sur les plus absurdes (à ses yeux, si je puis dire) champs de bataille modernes : Afghanistan, Irak… Les templiers ? Un sujet abordé lors d'un cours donné aux jeunes recrues, un chapitre destiné à cerner le personnage. Oui, l'ordre des templiers qui pour Peter n'était qu'une horde de gredins adeptes de la razzia dans les villages vers la Terre Sainte. Pilleurs avec la bénédiction du pape. Quelques rappels historiques : la dernière croisade marquera la fin de cette soi-disant libération du Saint-Sépulcre et coûtera la vie au futur Saint-Louis, mort à Tunis sur le chemin du retour… Nous sommes en 1270.
Qu'ont découvert les célèbres Chevaliers à Jérusalem depuis 1129 ? L'arche d'Alliance, des écrits interdits, des joyaux et de l'or ? le manuscrit du premier article du Deblocnot' ? Ils semblent avoir amassé tant de richesses et de terres qu'en 1307, le roi Philippe le Bel (dont les caisses sont vides) s'acoquine avec le pape Clément V (qui veut remplir les siennes, boîte postale à Avignon) pour s'emparer du magot. L'ordre est dissout, les chevaliers pourchassés et massacrés. En 1314, malgré les tortures et les bûchers, aucun templier n'a révélé l'emplacement de leur hypothétique trésor. (Bon, vous avez lu ou vu les Rois maudits, de Maurice Druon, j'enfonce peut-être des portes ouvertes…)*
Mais si les templiers français ont payé un très lourd tribut, certains, dans toute l'Europe, sont passés au travers des  mailles du filet et… sont-ils encore parmi nous ? Mystère qui va alimenter la trame de la saga.
(*) Découvert en 2002, un document de l'époque a prouvé que le pape Clément V avait absous les survivants du procès, dont le grand maître Jacques de Molay. Un seul extrémiste pour allumer le bûcher de l'île aux juifs dans cette affaire terrible : Philippe IV le Bel.

Le Berghof
Peter Hollyday et Peggy Blackstock sont informés de la mort de grand tonton Henry. Ils sont cousins malgré une différence d'âge sensible. Peggy est monogame pratiquante mais pas farouche, fière de sa liberté, farfelue et claustrophobe (pas terrible pour la recherche dans les lieux ésotériques enfouis). Métier : photographe de guerre. Hardie la donzelle ! Bref, ils héritent de la vielle maison de l'original Henry, ancien de l'OSS (la CIA primitive) et qui était présent lors de la prise du Berghof d'Hitler, son nid d'aigle. D'après l'avocat de la famille, personnage douteux qui gère la succession, son propre père et l'oncle Henry auraient ramené une épée templière prélevée sur la collection d'objets occultes dont raffolait le Führer, artefacts glanés par pillage par Goering, Goebbels, Himmler et tous les tarés du nazisme. Peter Hollyday trouve en un quart d'heure l'épée cachée que tout le monde cherche depuis 70 ans. Ben quoi ? C'est le héros…
Ah ça commence mal ! La maison héritée est incendiée, mais l'épée est sauvée du larcin fomenté par l'incendiaire. Pour qui ? Pour quoi ? Le roman bascule façon Fort Boyard. Sur la lame de l'arme en acier de Damas (c'est le top de la technologie) : un premier indice gravé, la quête commence.
Le récit repose sur le principe du jeu de piste et du saut de puce. Nos héros vont beaucoup voyager pour réunir les indices qui, de pays en pays et de fil en aiguille, doivent les conduire au secret le mieux gardé des templiers. Quelques étapes : l'Allemagne, Jérusalem, Paris, La Rochelle et dans un final surprenant… les Açores ! Qui a dit que les templiers n'étaient bas de hardis navigateurs ?

Templiers sur le bûcher
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Problème grave : nos deux apprentis chasseurs de trésor ne sont à l'évidence pas seuls sur le coup. Entre les tueurs des services secrets du Vatican (ça existe, nom : La Sapinière en théorie fermé en 1921, à vérifier) et Axel Kellermann, le fils d'un officier SS qui aurait taxé l'épée à Mussolini pour son führer adoré (je raccourcis), nos deux compagnons vont frôler la mort à maintes reprises. Mais Hollyday est un soldat et un bon. Le petit personnel de tueurs de Kellermann a mal choisi son job et son boss… Quant aux prélats de La Sapinière, ils se prennent toujours les pieds dans leurs soutanes.
Et le trésor ? Et bien Eurêka ! Mais pas comme Indiana Jones ; pas d'or, de joyaux ou d'objets mythiques comme les sandales du Christ. Non, plus merveilleux et plausible à la fois. Où, comment et quoi. Non je ne parlerai pas !
Côté style, bonne surprise : une prose concise et sans chichi et une traduction honorable, un récit riche en rebondissements. À chaque étape, le duo rencontre un savant, un archéologue ou un érudit qui nous permet de découvrir des faits historiques passionnants ou des techniques scientifiques pointues. Bon, c'est vrai que le coup de main intellectuel spécialisé coûte souvent la vie au-dit spécialiste, mais le passage de vie à trépas reste classique façon Cluedo. Pas de tortures horribles bien dégueues comme chez Tom Knox ou Patrick Graham et son infâme Évangile de Satan… Et puis c'est moins tarabiscoté que Dan Brown qui lança le genre ou Steve Berry qui délaye beaucoup.
Comme Peter et Peggy sont cousins, pas de chapitre 69 dédié à l'inévitable coït frénétique malgré une journée bien remplie à échapper aux tueurs et à Rockinator, à filer 600 bornes d'autoroute puis ramper dans des grottes et souterrains moisis, et ne rien bouffer hormis une barre chocolatée et un Pepsy… Etc. Non, au pire ils font dodo dans l'unique chambre d'un motel avec lits jumeaux et écrasent au bout de cinq minutes, épuisés. (Plus normal quand même.)
Ok, tout cela flirte un tantinet avec le club des cinq version ados et adultes, rien de très philosophique dans cette littérature d'évasion. Le livre est court, sans temps mort, avec des pointes d'humour.
Je viens de commencer le tome 2… Bons sang ! Chapitre 2, Peggy a déjà été enlevée !!! Je vous laisse…

2 commentaires:

  1. J'avais failli l'acheter, mais il y a tellement eu de romans bidons avec "templier" dans le titre que je l'avais finalement reposé sur l'étalage.
    Le succès de Dan Brown n'a malheureusement fait qu'empirer les romans du genre bâclés.

    Dans le style roman détente, et "templier", "Le Masque de Loki" de Roger Zelazny et Thomas Thomas était sympathique.


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  2. Celui-ci est assez divertissant par son style.
    Cela dit, j'ai lu le second tome, comme indiqué en fin d’article, le suspens retombe comme un soufflé...
    Je vais tenter le 3ème cet été. Si c'est de nouveau trop mince, Peggy et Peter continueront sans moi :o)

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