lundi 8 août 2016

PHANTOM OF THE PARADISE de Brian De Palma (Double DVD édition Deluxe 2004) – par Vincent le Chaméléon



Un paradis pour un enfer


Derrière le masque, le pauvre compositeur Winslow Leach,
détruit et dépossédé de sa musique.
Réalisé en 1973 et paru en 1974, Phantom of the Paradise de Brian de Palma est une œuvre unique dans l'histoire du cinéma (primée au festival du film fantastique d’Avoriaz).

Malheureusement, à sa sortie en salle, le film ne recevra pourtant pas l'accueil escompté… Et pour cause ! Trop atypique pour le commun des mortels.

Inspiré par 2 œuvres littéraires majeures que son Faust et Le Fantôme de l'Opéra, le réalisateur Brian de Palma y dépeint, avec une maestria au vitriol, tout ce que la musique Rock (son business et tous ceux qui contribuent à la rendre si attractive et populaire) peut contenir de personnes prêtes à tout (trahir, mentir, se corrompre) pour entrer dans la lumière et ainsi accéder à la notoriété et la gloire éternelle. Du moins le pensent-elles toutes.



There’s no Business like Show Business



Quel film d'avant-garde ; et quelle vision incroyablement juste aura eue Brian de Palma pour nous dépeindre ce qu’est en réalité le Music Business ! Et ce bien avant que des émissions de type Star Academy n'apparaissent bien des années plus tard. En effet !
- Comment ne pas penser instantanément aux auditions de La Nouvelle Star dans la scène dite de l'escalier ou se sont entassées, tel un troupeau de moutons, une horde de “Bêleuses” persuadées chacune d'être l'élue de la nouvelle comédie musicale en vogue ?
- Comment ne pas rapprocher le personnage maléfique de Swan de celui d'un Phil Spector ?
- Comment ne pas penser à certains Artistes tel que Marc Bolan, David Bowie ou même Alice Cooper, dans le seul personnage du Rocker homosexuel de Beef (irrésistible de drôlerie et de grotesque) ?
- Dans la scène du traficotage de voix, comment là aussi ne pas penser que derrière de soi-disant chanteurs/chanteuses, se cachent des arrangeurs, des producteurs munis de tout leur armada de machines "High Tech", promptes à nous faire avaler n'importe quoi ?
Ainsi, le tout puissant nabot Swan, et sa maison de disque Death Record, fait et refait les modes à sa guise en s'accordant ainsi tous les droits (les bénéfices).

Par de là son aspect horrifique, Phantom of Paradise démystifiera et désacralisera l'idée que beaucoup d'entre nous continueront sans doute de se faire du sacro-saint "Monde de la musique". En vérité, un univers encore plus dégueulasse qu'on ne voudra jamais vraiment l'admettre.
- Combien d'artistes, restés anonymes, auront été dépossédés de leur musique ?
- Combien d'autres auront très vite retournés leur veste afin de rester en tête des Charts ?
- Combien sont morts et combien ont été abimés par cette machine à fric, broyeuse de talents ?

L’abjecte et infâme Swan. Producteur prêt à tout
pour corrompre et s’enrichir sur le dos de ses âmes damnées.
Phantom of the Paradise c'est aussi l'histoire d'une vengeance, celle de Wislow Leach, à qui on a définitivement tout pris. Mais chez Brian de Palma, même la vengeance se paye durement.

Mêlant le fantastique à la comédie, l'opéra Rock au comique de situation, cet OVNI qu’est Phantom of the Paradise est un film à voir et à revoir pour en cerner toutes les subtilités et tous les messages qu'ils comportent.
N'hésitez surtout pas à choisir son édition 2 DVD, les Bonus (interviews) sont faits d'incroyables révélations. Les principaux acteurs témoignent avec sincérités et émotion aux travers de moult anecdotes vraiment étonnantes et enrichissantes (salope de Kiss !). Et quel plaisir de voir l'acteur qui joua le rôle de Beef s'exprimer (le plus souvent possible) dans un Français presque parfait et plein d'humour. A ce sujet, je vous invite à voir le film avant pour mieux les savourer ensuite.

Un "Must" ! 





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