mardi 28 février 2017

BOBBY & SUE" Spinning mind" (2016)



En Bretagne c'est bien connu il pleut tout le temps, il y a des  chalutiers (enfin ceux qui restent), des Kouign Amann,  des binious,  Dan Ar Braz, Alan Stivell, Gilles Servat  des bagads...mais aussi une scène  blues  de plus en plus active ...Doo the Doo, Honeymen, Lazy Buddies, Yann Lem, Ronan, les Hoboes (plus country) pour ne citer que quelques uns.  Il y a quelques années aux débuts de ce blog je vous parlais d'un excellent groupe de Douarnenez : Dizzy Town Blues et son guitariste Brendan de Roeck nous avait fait l'amitié de nous accorder une petite interview (à relire ici) , il nous y parlait notamment du duo qu'il venait de former avec la chanteuse Violaine Fouquet :  Bobby & Sue. On se retrouve 7 ans plus tard avec plaisir, si la page Dizzy Town est refermé le duo en revanche se porte bien, voici leur 3eme album, plus de 500 concerts à leur actif dont en Afrique et au Canada, des premières parties de prestige (Bettye Lavette, Lisa Simone, N Didi O, Robin McKelle, Boney Fields...) et une flopée de récompenses dans divers tremplins dans les festivals et de prix dont le dernier en date , celui du disque de l'année 2016 du Télégramme.
Brendan-Bobby nous le disait dans l'interview, il vient du blues, quand à Violaine-Sue c'est plutôt le jazz et les grandes voix comme Ella ou Etta (Fitzgerald et James, faut il préciser), en tous cas leurs racines musicales communes c'est la black music américaine, jazz, blues, soul, gospel dont au commencement ils ont interprétés les standards  avant de se mettre à composer, ensemble, à 4 mains.
Ils ont choisi de se produire en duo, avec une formule épurée, Bobby guitare-piano- banjo  et Violaine au chant et sur le disque ils sont accompagnés suc certains titres par la section rythmique des Red Goes Black (le groupe rock de Douarnenez qui monte) ("Tsunam" aux drums et "Chatter" à la basse), et sur d'autres par Clément Abraham (batterie) et Jonathan Caserta (contrebasse) qui eux viennent du jazz, tout comme le saxo de Guillaume Le Guern (Electric Bazar Cie).

Premier morceau et premier coup de foudre avec "Thirtheen years", country folk bluesy, bande son idéale pour western crépusculaire où la voix sensuelle de Violaine colle le frisson -je comprends qu'on la compare parfois à Beth Hart, avec parfois des accents à la Nina Simone- bien épaulée par celle de Brendan. Ballade jazzy au départ avec un bon coup de sax "Sorry my love" éclate en rock'n roll bluesy alors que sur "A letter" le banjo de Brendan donne un parfum country et le chant en scat de Violaine un ton jazzy, un  mélange subtil et délicat. Bobby qui prend ensuite le piano sur "Good night, she says", ballade prenante comme un Elton John savait en pondre dans les seventies. Le morceau titre "Spinning mind" nous ramène à l'esprit western et "Once I was young" oscille entre blues roots et soul jazzy.
Avec "West country blues" ça s’électrifie dur avec ce super  boogie /blues-rock à la Canned Heat, guitare saignante en avant; décidément tous les styles de l'Ouest américain sont abordés et  nous voici au cabaret avec "Freezing" son piano et ses chœurs. Blues rural ("No curtains in the room") , balades jazzy ("Anita", "nasty girl"), rock'n'roll fifties ("Chubby mama" avec une sublime guitare), soul gospel à la Aretha Franklin ("Don't treat me bad")  ou "Charlie boy" autre country western au souffle imparable , c'est un sans faute de gout que signe le duo breton, dont, si je ne les connaissais pas depuis des années, je jurerais qu'ils viennent plutôt de Nashville.

A l'heure où les médias incultes  encensent des crétins musicalement analphabètes sortis de "la voix" (de casserole) ou "la nouvelle connerie", il serait peut-être temps de donner du temps d'ondes à  ce genre de musiciens authentiques et talentueux qui poursuivent leur chemin dans l'ombre. Tiens il faudrait demander leur avis là dessus aux candidats à la présidentielle,...(on me dit dans l'oreillette qu'ils s'en tapent..). 





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