vendredi 17 mars 2017

ROCK'N'ROLL de Guillaume Canet (2017) par Luc B.


C’est le cinquième film réalisé par Guillaume Canet. Depuis MON IDOLE, il revient à la comédie, et se met en scène dans son propre rôle. D’ailleurs, tous les personnages du film jouent leurs rôles, de Gilles Lellouche, les frères Yvan et Alain Attal, le couple Hallyday, Yarol Poupaud, Kev Adams, surement d’autres que je n’ai pas reconnus, et bien sûr Marion Cotillard. On pense un peu à LES ACTEURS de Bertrand Blier, à GROSSE FATIGUE de Michel Blanc, à Yvan Attal dans MA FEMME EST UNE ACTRICE, qui utilisaient ce même procédé, toujours réjouissant à l'écran.

Alain et Yvan Attal
Guillaume Canet est donc l’acteur que l’on sait, en tournage, et commence à craindre pour son image lorsque sa jeune et jolie partenaire (qui joue sa fille !) lui avoue ne pas le trouver très rock’n’roll, avec sa quarantaine installée, pépère, avec bobonne et les gosses. Canet, piqué au vif, oppose l’argument d’être aussi guitariste (de rock), et entreprend de prouver à tous qu’il n’est pas à ranger au grenier. 

Il fallait oser. Canet scénariste et réalisateur n’épargne pas Canet acteur, ses lubies, ses fantasmes, ni son physique flasque (même plan que De Funès dans les douches du CORNIAUD) comme il n’épargne pas son épouse à la ville, Marion Cotillard, dont il moque les manies et maniaqueries d’actrice. Elle est sensationnelle. Sous prétexte de préparer le prochain Xavier Dolan, elle s’entraine au québécois, qu’elle pratique pendant presque tout le film, sous-titrée ! C’est souvent hilarant. Le film est aussi le portrait quotidien, intime, de ce couple de stars, exposé, dont on croque les petits travers, ou plutôt, l’image que le public se fait d’eux.

De là l'idée du film (à l'origine un vrai/faux documentaire) avec cette mise en abîme, et le résultat est franchement drôle. Notamment dans les relations entre Guillaume Canet et son (vrai) producteur Alain Attal, qui ne supporte plus ses caprices. Voir Canet chassé par Attal, lui balançant ses affaires par la fenêtre, s'en aller revanchard dans la rue, ridicule et pathétique, avec les PLV de NE LE DIS A PERSONNE et LES PETITS MOUCHOIRS sous le bras, est un grand moment d’auto-dérision. 

Comme la séquence chez Johnny Hallyday (clin d'œil au Pacino de SCARFACE !) auprès duquel Canet est venu prendre une leçon de wokiwol attitude (« Rock’n’ roll is not dead, une expression américaine qu’on dit en anglais ! ») sauf que le père Johnny, qui finalement apparait en robe de chambre et chaussons, est serré de près par sa femme, parce que l'idole des jeunes, ne l'est plus, si jeune. Et quand la réalité rattrape la fiction : Johnny fume en douce, car « 50 ans de Gitane sans filtre, c’est pas évident d’arrêter » 

Guillaume Canet est tour à tour pathétique, irritant, grossier, assez ignoble avec son entourage, s'entichant d'un médecin-gourou (« ce ne sont pas vos lèvres qui sont trop gonflées, c'est le reste du visage qui ne l'est pas assez » !). Le film est évidemment traversé par pas mal de chansons, rock ou variété, la musique additionnelle est composée par Yodelice (qui travaille avec Hallyday depuis quelques albums), et on croise le guitariste Yarol Poupaud, lui aussi agacé, gêné, par le jeunisme à tout crin de Canet, qui veut absolument convaincre tout le monde qu’il est toujours le fringuant jeune premier de ses débuts. 

Une comédie repose beaucoup sur le rythme, et ROCK’N’ROLL est réussi sur ce plan, ça va vite, la métamorphose est exponentielle, on se dit qu'il n’ira pas aussi loin… et si ! On doit quand même reconnaitre un p’tit quart d’heure plus flottant, sur la fin, où le récit patine un peu, comme si le scénariste Canet se savait plus quoi trop faire de son nouveau personnage, avant un dénouement parodique. 

Avoir fait de sa crise de la quarantaine une comédie, est une bonne idée, Guillaune Canet est à l’aise dans ce genre, les situations sont drôles, vives, cocasses, bien écrites, et toute la troupe d’acteurs est excellente, s’amusent visiblement beaucoup. Ca tombe bien, nous aussi.


ROCK'N'ROLL
couleur  -  2h00  -  1:1.85

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3 commentaires:

  1. Je vais sans doute tenter. Mais j’avoue que depuis "Les Petits Mouchoirs" (l'un des films les plus énervant qu'il m'ait été donner de voir. Quoi que dans le genre attrape nigauds, "Juste la Fin du Monde" est encore bien pire), je redoute Canet et plus encore celle qui partage sa vie.

    Mais avec un titre pareil !

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  2. Sous couvert de second degré et d'auto-dérision, c'est quand même du narcissisme chimiquement pur, et du cinéma people. Le couple Canet/Cotillard, ça ne m'intéresse pas. Type de film du dimanche soir, regardé d'un œil distrait en pensant à autre chose. Comme le Lelouch avec le même Halliday, encore une fois ressorti du formol. Ou le Deneuve/Frot. Du cinéma qui se mord la queue.

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  3. d'accord avec Shuffle, "Les petits mouchoirs" insupportable de connerie, Cotillard c'est comme Celine Dion dès que je la vois je zappe . "Juste la fin du monde" le film estampillé Télérama par excellence, un foutage de gueule remarquable!

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