vendredi 30 juin 2017

YURI BUENAVENTURA - concert Cachan 24/06/2017



La carrière de Yuri Buenaventura prend son envol en France, à Paris en particulier, et plus précisément à Belleville ! Dans sa Colombie natale, il a baigné dans la musique et la salsa, son père est professeur de musique. Un billet en poche pour Paris, il entreprend des études à la Sorbonne, et bien sûr, fraye avec les communautés latino. Il commence à se faire un nom, une réputation dans le milieu, ce qui lui permet de sortir du métro où il faisait la manche, pour festoyer dans les clubs de la capitale.

Retour en Colombie pour enregistrer l'album HERENCIA AFRICANA (1995) resté inachevé faute de financement. Il n’a plus un peso en poche, et revient à Paris, ses maquettes sous le bras. Parmi elles, une reprise de « Ne me quittes pas » de Jacques Brel. Jackpot ! Les radios s’amourachent de sa musique et passent en boucle la chanson… Six albums et pas mal de musiques de films plus tard - pour la série TV "Pablo Escobar" il a signé 300 morceaux !! - le voilà sur scène, à Cachan, pour un concert gratuit, en plein air…

Yuri Buenaventura pourrait être un croisement de Joe Pesci (le teigneux chez Scorsese) et James Brown. Le premier pour le physique, court sur patte, sapé comme un lord, le timbre de voix, du genre toujours prêt à en découdre, le second pour l’énergie déployée et le jeu de scène. Buenaventura revendique trois cultures musicales : les Caraïbes, l'Afrique, et la France. Il se présente avec 11 musiciens, trompettes et trombones, une rythmique composée d’un piano et d’une contrebasse, trois percussionnistes et deux choristes. Extra les choristes, qui dansent sans arrêt, hyper cool, hyper classe, rejoints souvent par le chanteur.

Et ça démarre au quart de tour. Yuri Buenaventura chante, danse, boxe l’air, chaque mise en place musicale et soulignée de gestes, coups de poing, coups de pieds, déhanchements. Il arpente la scène de droite à gauche, se poste devant ses musiciens pour les inciter à donner encore plus. Comme Mister JB, il trépigne, semble aller d'un côté, et hop, s'envole pour l'autre, désigne un soliste parmi les cuivres, l’installe à l’avant-scène en réglant son micro à la bonne hauteur, et si le type a le malheur de ne pas jouer assez énergiquement, il est prié de recommencer  ! Il fait le même coup avec ses percussionnistes. Il déménage carrément les congas (alors que le type joue dessus !) et pose le tout devant le public. Pour être bien sûr que tout le monde en profite, il pointe son micro sur les percus, ou devant la contrebasse - tout le monde étant bien sûr déjà sonorisés, mais ça en jette !  

Les musiques sont festives, mais les textes plus politiques, sociaux. Il en explique le contenu, généralement : « es oune chanson pour oune compagnarde enlevé par la policia, et nous voulions rendre hommage à son courage… ». Le titre « Patrice Lumumba » est directement dédié au héros congolais assassiné en 1961. Buenaventura parle beaucoup, dès le début, il nous dit que la musique n’est pas que de la technique, mais surtout un lien entre les peuples. Il parle beaucoup de la France, pays d’adoption, de la République française, nous assurant qu’on reste une lumière pour le Monde, sans doute que nous, français, on s’en fout un peu, mais lui qui a beaucoup bourlingué, en est témoin. Et nous remercie donc, via le vote et la démocratie, de prendre les bonnes décisions 

On a eu droit à un petit cours de salsa sur « Besame mucho », et chacun jouait le jeu, travaillait ses pas. Dans son répertoire, quelques reprises issues de la variété française  (thème de son album « Paroles » en 2015), comme « Je me suis fait tout petit » de Brassens. Il nous fera aussi le « Mala Vida » de la Mano Negra, et en rappel le « Ne me quittes pas ».

C’est un show, évidemment, rôdé, travaillé, répété, ce qui n’enlève rien au plaisir d’y assister, Yuri Buenaventura en prend et en  donne, du plaisir. L’homme est généreux, se dépense, apostrophe le public joue avec. Et cette musique… la salsa, comment y rester insensible !

S'il passe par chez vous (car le monsieur parcourt le monde...) n'hésitez pas. Très bonne soirée en perspective.

Je n'ai pas, hélas, de vidéo du concert, mais celle-ci il y a cinq ans, dans un même esprit (filmé du bas de la scène, amateur), y ressemble rageusement. Les musicos ne sont pas les mêmes, mais  putain, regardez-les, ça joue !  


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