mercredi 2 août 2017

DELTA MOON "Cabbagetown" (2017), by Bruno




     Delta Moon, c'est avant tout le fruit de la rencontre de Tom Gray et Mark Johnson, qui s'est transformée en amitié. La petite légende raconte qu'à l'origine, tout part de Tom Gray qui souhaitait vendre un dobro ; si l'affaire ne se conclut pas avec Johnson, les deux hommes, après avoir conversé, se seraient promis de se revoir et de jouer ensemble. Les rencontres se firent plus fréquentes. Tout deux des passionnés et des maîtres en matière de guitare slide ont décidé de s'allier pour propager la « bonne parole », la leur. En 2002, il concrétise leur réunion par un premier disque réalisé sur leur propre label (Delta Moon Records).
   
de G à D : Mark Johnson, Tom Gray et Franher Joseph

      Aujourd'hui, Tom et Mark totalisent sous la forme de leur groupe sept CD (studio), un Ep et trois enregistrements en public.
Pour son huitième effort, Delta Moon ne dévie pas d'un pouce sa direction artistique. Il reste fidèle à lui-même, en continuant à creuser ce profond sillon d'un Blues-rock bien coloré de Swamp-blues et épicé aux saveurs de la Louisiane et du Mississippi. Un Blues-rock boisé, nonchalant, paraissant accablé par la chaleur moite des bayous. Bien que totalement électrique, le duo ne peut se départir d'une aura indéfectiblement liée au milieu rural, gardant toujours un fond rustique. Avec la chanson « Refugee », on plongerait même plus profondément dans les marais, jusqu'à un lieu tabou propice aux cérémonies lunaires.

     Dans l'ensemble , ce « Cabbagetown » semble retrouver un peu plus de piquant que son prédécesseur. Plus de rondeur et de fermeté aussi au niveau de la production (l'album est auto-produit et Marion Patton – le batteur – participe à l'enregistrement). Là où, sur le précédent, on pouvait zapper quelques pièces, ce nouvel et onzième disque se déguste d'un trait.
Le bon point, c'est aussi le retour d'une substance féminine plus marquée (avec Susannah Masarie et surtout Kyshona Armstrong) qui apporte une fraîcheur salvatrice aux voix arides et poussiéreuses de Tom et Mark. Plus marquée mais pas suffisamment (la moitié seulement). Le groupe aurait tellement à y gagner. Ou sinon il faudrait davantage solliciter Franher Joseph – le bassiste – qui, de sa voix profonde de basse, est capable d'amener un morceau vers une zone plus dangereuse, plus animale. Comme l'atteste l'excellente version de « Death Letter » (unique reprise de l'album), à peine reconnaissable car bien moins proche de l'originale de Son House que de la version brutalisée des White Stripes. Aberrant de ne pas entendre plus souvent la voix de F. Joseph
Il faut bien concéder que si Tom Gray chante juste, sa voix enfumée, travaillée à la cigarette (1), peut à la longue manquer d'entrain et de nuances, et par conséquent lasser.


     Finalement, Delta Moon reprend du poil de la bête (mais rien à voir avec ce que l'on pourrait appeler un Blues-rock velu ...). Après un disque en demi-teinte qui laissait croire à une retraite proche et anticipée, « Cabbagetown » fait preuve de fraîcheur et d'entrain. Du blues soutenu par deux guitares complémentaires et indissociables, du Blues laid-back, relativement pépère, qui fait gaffe à ses vieux os. Du Blues nonchalant, comme écrasé par une chaleur moite (des bayous), qui bien que pouvant manquer d'étincelles et de mordant -notamment pour ceux qui sont habitués aux guitar-heroes pyromanes - n'en est pas moins qu'une irrépréhensible stabilité. Rien de superflu ici, pas d'enrobage, de strass, de paillettes. 

  1. Rock and Roll Girl   :  3:44  (T. Gray)
  2. The Day Before Tomorrow   :   3:32  (T. Gray)
  3. Just Lucky I Guess   :   3:40  (T. Gray)
  4. Coolest Fools   :   2:51  (T. Gray)
  5. Refugee   :   3:46   (Delta Moon)
  6. Mad About You   :   3:24  (Delta Moon)
  7. Death Letter   :   5:59 (Son House)
  8. 21st Century Man   :   3:35  (Delta Moon)
  9. Cabbagetown Shuffle   :   2:31  (Delta Moon)
  10. Sing Together   :   3:47  (Delta Moon)

P.S. : En 2017, le quatuor passe par l'Espagne et l'Italie, même le Luxembourg, mais occulte la France ...

(1) Sans plus aucun rapport avec celle qu'il avait à l'époque de The Brains et de sa New-Wave. C'est sûr que depuis 1981, de l'eau a coulé sous les ponts. 
En aparté, notons que les membres de ce groupe de New-Wave, aux claviers froids (joués par Tom Gray), qui offrit un succès à Cindy Lauper et Manfred Man Earth Band, se sont tous tournés vers des sonorités nettement plus organiques. Tom Gray donc dans Delta Moon, et les trois autres comparses ont tous fait partie de Georgia Satellite


🎶
Autre article / Delta Moon  (clic-lien →) : "Low Down" (2015)

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