lundi 21 août 2017

THE HOLE de Joe Dante (2009) - par Claude Toon



- Ah M'sieur Claude… Vous écrivez en prévision d'un lundi… C'est une affiche de film, pas une pochette de CD dirait-on ?
- Ben oui Sonia, j'ai vu un petit film fantastique sympa hier avec des personnages attachants, ça m'a donné envie d'en parler…
- Pas un truc horrible avec des gens en putréfaction et des ados qui ne pensent qu'à bai**er ?
- Ben non justement ! Ô pas un chef-d'œuvre bien entendu, mais un film visible à partir de dix ans sans que les parents aient à gérer des semaines de cauchemars…
- The hole ? Ça veut bien dire "le trou" ? C'est une caverne, des catacombes maudites, un puits plein de zombies ? hi hi !!
- Non juste une trappe dans la cave, il faut toujours se méfier des objets simples…

Julie, Dane et Lucas dubitatifs devant la trappe...
J'aborde assez peu le cinéma dans mes papiers, trop impressionné par l'érudition et le bienfondé des critiques de Luc. Je profite d'un petit lundi où l'ami Philou s'est défilé (non pas une méchanceté, juste une figure de style naze, Philou écrit à la quinzaine, pas de lézard). Quand on est à retraite, on a le choix entre la sieste (bof) ou se ménager les neurones avec un petit nanar sur le câble. Et c'est le cas ce jour où je vous parle d'un film fantastique light, assez captivant. Et, à la fin, j'ai mieux compris ma réaction positive en voyant Directed by Joe Dante. Ce qui va me permettre de m'exprimer sur les dérives hyper violentes du cinéma dit d'horreur par les temps qui courent…

Mais si ! Le nom de Joe Dante va vous parler si j'évoque les Gremlins, ce film sorti en 1984, produit entre autres par Spielberg, et dans lequel un charmant petit animal pelucheux, à mi-chemin entre le nounours et la chauve-souris, donne naissance, si on l'arrose, à plusieurs petits. La portée, en cas de collation après minuit, se mue en une horde de bestioles déjantées et démoniaques qui ruinent par leurs farces douteuses une petite ville américaine. Rien de malsain dans ce film plutôt loufoque qui connaîtra une suite en 1989. Un peu horrifique certes, mais un humour bon enfant et des ados à qui nous n'avions pas envie de foutre des claques au bout de dix minutes… Je vais y revenir…

The Hole n'est pas sorti en salle, certains acquéreurs du DVD ont trouvé la chose datée et incapable de faire peur à des gamins de quatre ans. Propos excessifs d'amateurs d'horreurs no limit ! C'est dérangeant cette escalade de la monstruosité, du gore, de la violence et du sexe vulgaire dans les films fantastiques mettant en scène des ados ou des enfants. On ne refera jamais L'exorciste de Friedkin, alors pourquoi cet appétence grandissante pour le nauséeux ? Un mystère pour moi. Je peux supporter n'importe quoi et ne cède pas à la sensiblerie, mais franchement, l'univers démoniaque, moche et gluant d'un Silent Hill avec la petite Jodelle Ferland pourtant bourrée de talent m'a fait changer de chaîne au bout d'une heure. Film inutilement dégueu, les techniques numériques permettant les images les plus choquantes possibles… Enfin, chacun son trip !

Dane et Julie en pleine réunion de travail (ce n'est pas ce que vous croyez)
Le scénario de The Hole ne parait pas d'une originalité folle au départ : Susan Thomson (Teri Polo) emménage dans un petit pavillon de banlieue avec son grand fils Dane (disons 16 ans - Chris Massoglia) et Lucas (Nathan Gamble) le benjamin qui a 7-8 ans. Ce sont des accros des déménagements au grand dam de Dane qui en a marre de jamais pouvoir se fixer, et qui, de plus quitte Brooklyn pour ce petit bled un peu paumé. Susan, infirmière, fuit son passé, celui d'un mauvais mari qui purge sa peine au pénitencier pour avoir battu comme plâtre ses garçonnets.
Quand maman travaille, les gars s'ennuient et visitent les secrets de la cave, un lieu plein de trésors bizarres abandonnés par l'ancien propriétaire surnommé "l'affreux Carl" (Bruce Dern) qui vit reclus dans une fabrique de gants désaffectée apprendra-t-on. À chercher, on trouve : une trappe en bois renforcée de métal et verrouillée au sol par une flopée de cadenas… pas de clés en vue, mais Dane sait jouer du coupe boulon… Aie Aie, il ne fallait pas ! Enfin rien de grave dans un premier temps, juste un trou apparemment… Phase d'exploration dudit trou sous la trappe qui semble ne pas avoir de fond. Ainsi, lors d'une tentative de sondage, un jouet servant de lest remontera à la surface… déchiqueté, et plus tard, une caméra filmera un œil monstrueux que pourtant personne ne verra sur la télé car Joe Dante aime les petits gags simples, les mères qui surgissent quand on ne les attend pas… Ah oui l'exploration cinématographique a eu lieu en présence de Julie (Haley Bennett), la jeune et séduisante voisine, une blondinette aventureuse et de l'âge de Dane.
le polichinelle clownesque et diabolique
Et c'est là que j'apprécie la finesse "tout public" de Joe Dante. Julie a des copines évidement, mais le réalisateur zappe sur la scène rasoir et crétine où les pétasses en chaleur caquettent pour décider qui avec qui au bal de fin d'année, ou encore qui va se taper le quarterback soi-disant bien monté pour perdre sa virginité, et autres sujets inutiles de ricanements débiles… Julie, plutôt délurée option aventure veut épicer son quotidien et décide de faire équipe avec les garçons pour comprendre le mystère. Avantage : elle a connu "l'affreux Carl" ! Pareil pour le personnage de Dane qui, comme tout ado de son âge, n'est certes pas indifférent aux charmes de sa voisine plutôt canon, mais attendra le dénouement pour envisager une bluette…
Des phénomènes étranges vont commencer à se produire. Lucas  va se faire agresser par un abominable Polichinelle au faciès de clown grimaçant, les clowns le terrorisent. Le fantôme d'une petite fille se promène dans la maison et met très mal à l'aise Julie qui semble la reconnaître… Stop, pas plus de révélations…
La magie noire du trou est de libérer et de matérialiser les démons intérieurs et les angoisses des personnages, des peurs enfouies dans l'inconscient. Les mésaventures sont nombreuses. Autre chose appréciable à mes yeux : la caméra n'est pas portée par un parkinsonien. Les plans sont variés mais stables, la durée des séquences ne descend pas à la micro seconde, comme il est d'usage désormais pour rendre le spectateur épileptique. Les scènes dans la cave sont bien entendu nombreuses, mais là aussi l'éclairagiste sait illuminer les visages, limiter les zones sombres. Les effets spéciaux ne sont pas révolutionnaires mais très acceptables…
Un bon rythme, quelques scènes de bravoures dans la cave ou la piscine et même un combat dans le monde onirique entre Dane et… Un bon moment de cinéma familial. Et puis aucune goutte d'hémoglobine hormis quelques égratignures. Sympa ! On pourra me contredire, mais Joe Dante qui a connu la traversée du désert n'a pas perdu la main en 2009



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