lundi 18 septembre 2017

FIESTA – Gustavo DUDAMEL / Arturo MARQUEZ - "Musique Latino-Américaine" - par Claude Toon



- Houlà M'sieur Claude, c'est le carnaval de Rio dans votre bureau ? Un vieux film de Carmen Miranda voire West Story ? Olé !!!!
- Un peu tout cela Sonia, un concert du jeune vénézuélien Gustavo Dudamel consacré à la musique symphonique latino donné à Caracas en 2007…
- Rigolo, il me semble voir ce CD traîner dans votre bordel, heuuu pardon votre pile de CD à commenter depuis des lustres… Pourquoi cette attente ?
- J'ai acheté ce CD à sa sortie, mais j'ai attendu d'avoir un minimum de vidéos extraites de cet album sur YouTube pour illustrer mon propos…
- Oui, je vois, en tout cas le sujet me semble festif, vous avez concentré votre petit papier sur une danse symphonique de Arturo Marquez le mexicain…
- Tout à fait ma belle, un feu d'artifice, on danse la Rumba ensemble ?
- Mummm, si vous ne m'écrasez pas les pieds, hihihi…

Sonia a raison, ce disque est paru à l'époque où Hugo Chavez dirigeait le pays de manière un rien dictatoriale et pittoresque. Le pays roulait sur l'or grâce au prix élevé du baril de brut et c'est dans ce contexte que Gustavo Dudamel avait pris en main en 1999 l'Orchestre national des jeunes Simón Bolívar du Venezuela que l'on peut entendre dans cet album.
En 2013, Hugo Chavez meurt d'un cancer et le prix du baril s'effondre. C'est la principale ressource économique du Venezuela et mettre tous ses œufs dans le même panier est une erreur politique majeure. La suite on la connaît : l'arrivée de Nicolás Maduro à la présidence, butor qui s'est érigé en dictateur, un vrai de vrai, une crise financière et sociale inquiétante… De fait, quid de cette vie musicale intense à Caracas depuis ces dernières années.
L'orchestre et son jeune chef avaient gravé une dizaine d'albums entre 2006 et 2011 pour la grande firme allemande DG. Depuis, silence radio. Le Deblocnot n'est pas un lieu de débat politique, mais cette affaire montre à quel point la culture, comme la vie de tout un peuple, peut voir ses rêves partir en fumée, victimes de dirigeants malhabiles et infréquentables …
J'avais écrit ma chronique à propos de la 3ème symphonie "héroïque" de Beethoven en l'illustrant de l'enregistrement de ces artistes, pour changer des grands anciens, de Furtwängler à Karajan, etc. Actuellement Gustavo Dudamel poursuit une belle carrière comme directeur de l'orchestre Philharmonique de Los Angeles et est fréquemment invité par la Philharmonie de Berlin, y compris pour le concert en plein air clôturant la saison de la célèbre phalange allemande pour laquelle il a repris une partie du programme de ce disque.
Oui, la pochette est affreuse et en format réduit, on se demande de quoi il s'agit : la fanfare de Caracas, une manifestation patriotique ou dieu sait quoi, je vais m'en expliquer…
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Arturo Marquez
L'Amérique latine est un continent amoureux de musique, de toutes les musiques, du classique, mais aussi du jazz et de divers styles qui lui sont propres.
Publié en 2008, cet album Fiesta réunit 7 morceaux brillants et un peu folks de compositeurs sud-américains et se conclut sur l'air Mambo tiré de West side Story de Leonard Bernstein. Porto Rico comme Cuba font parties de la région latino.
Je dois avouer que les compositeurs sollicités pour ces enregistrements m'étaient totalement inconnus. Je vous livre la "set list" :

1. Sylvestre Revueltas : Sensemaya
2. Inocente Carreno : Marcaritena
3. Antonio Estévez : Mediodia en el llano
4. Arturo Marquez : Danzon No. 2
5. Aldemaro Romero : Fuca con pajarillo
6-9. Alberto Cinastera : Dances from "estancia" op. 8
10. Evencio Castellanos : Santa Cruz de Pacairigua
11. Leonard Bernstein : Mambo

Inocente Carreno
Il est bien de voir le jeune chef proposer un programme dédié à sa culture tout en formant ses jeunes musiciens à la musique occidentale plus traditionnelle. La musique latino par son énergie festive connaît beaucoup de succès auprès d'un large public.
Attention, même si le climat de la plupart des morceaux revêt un caractère dansant et enflammé, on peut entendre aussi des pièces beaucoup plus élaborées, plus intimistes, mais également très ensoleillées comme Marcaritena de Inocente Carreno (1919-2016) : des variations symphoniques pleines de passion. Je propose en fin d'article cette suite enregistrée en live lors d'un concert en 2015 à Caracas. Le son n'est pas top, mais j'étoffe un peu cette petite chronique…
Ah, je reviens sur la tenue surprenante des jeunes musiciens. Ils portent tous, chef compris, le drapeau vénézuélien sur les épaules. On peut trouver l'initiative un chouia nationaliste, mais après tout, vu le programme, pourquoi pas ? Ça change des queues de pies un peu surannées 😊 !
Le morceau le plus célèbre est la danse N°2 du compositeur mexicain Arturo Marquez (né en 1950). Nous sommes aux frontières de la musique de variété, inspirée de thèmes folkloriques de son pays mais aussi cubains. Cette pièce d'une dizaine de minutes date de 1994. Elle repose sur le principe d'un long crescendo très rythmé et diablement entraînant. Et les deux jeunes solistes qui énoncent les thèmes d'abord à la clarinette puis au hautbois n'ont rien à envier par la qualité du son obtenu de leurs instruments à bien des confrères occidentaux… Une musique qui ne se commente pas. À écouter un petit matin gris ou en cas de réveil maussade.
En tout cas, pour les amateurs de CDs qui sortent de l'ordinaire, je recommande chaudement.
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