jeudi 30 novembre 2017

TIO MANUEL "Dos Tios" (2017- closer records)

Pas banal le parcours de Manu Castillo alias Tio Manuel, musicien français d'origine espagnole. Il découvre la musique avec son oncle, guitariste de flamenco, puis via les pionniers du rock'n'roll (Eddie Cocharn, Gene Vincent, Chuck Berry) . En 1977 il est de la vague punk parisienne au sein de plusieurs groupes : les Spoons, Wunderbach (2 albums chez New Rose, groupe reformé en 2005 et un album en 2011), Catch22 avec Joe Hell (Oberkampf),  Wicked Bouquet (rock tendance ACDC/Rose Tattoo et fait avec eux la première partie des Ramones), les Outsiders. Il tournera même avec le groupe de reggae anglais Judge Dread et depuis peu avec la Souris déglinguée. Parallèlement depuis 2001  il se consacre aussi à une carrière solo dont voici le 6eme album, le second pour le label indépendant  havrais closer (actif de 1983 à 1989, refondé en 2013 - closerrecords.com).
Si il cite comme album de chevet "London calling" des Clash notre ami est irrésistiblement attiré pas les grands espaces américains qu'il parcourera plusieurs fois et où  il va puiser son inspiration.  Robert Johnson, Ry Cooder, Creedence Clearwater Revival, Willy Deville mais également Nick Cave ou le blues sombre du Gun Club de Jeffrey Lee Pierce  sont autant d'ingrédients qu'il mélange dans sa marmite pour nous concocter son propre blues; en formule acoustique lui à la guitare et au chant  et son complice Gilles Fégeant au dobro.

Manu a choisi de chanter une partie de l'album dans sa langue maternelle, l'espagnol, et ça sonne carrément bien comme sur "San Pedro Sula" qui ouvre les hostilités, un blues profond et puissant, qui me fait un peut penser à du John Campbell si celui ci était né en Andalousie  et non en Louisiane, avec une pointe  de guitare hispanisante. "Thirteen" est une reprise de Danzig, qui n'a pas grand chose à voir avec le heavy blues  "blacksabbathien" de l'original,  guitare dobro et voix cassée le subliment en un superbe blues crépusculaire. Je regrette de ne pas parler la langue de Cervantes  et ne pas comprendre les textes de "Rosita" et "la Vuelta", avec sur ce cernier Manu qui sort des traits harmonica plaintifs.  Avec "Wicked bouquet" il revisite un de ses anciens titres avec encore harmonica et un festival de grattes; superbes blues que "AK47 Blues" et  'Roque Dalton", hommage au poète salvadorien assassiné en 1975 (par ses propres compagnons de l'armée révolutionnaire du peuple).
"Stones in my passway" c’est un classique de  Robert Johnson (1937) qui fut notamment repris par Chris Whitley, autre nom qui me venait justement à l'esprit à l'écoute de cet album, comme celui de Calvin Russell aussi.
"Spanish blues" résume finalement bien l'esprit de cet album, de ce blues espagnol qui mâtine les sons des pionniers du delta blues aux notes de Paco de Lucia ; "Mister Rev. Gary Blues" rend certainement hommage à Blind  Révérend Gary Davis (1896-1972) pionnier du blues et du picking et on termine avec "Hacia Frisco" ce superbe album intimiste  d'un blues qui prend aux tripes et tient en haleine son auditeur de bout en bout.

ROCKIN-JL

"spanish blues" (version 2014, plus étoffée )

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