mardi 16 janvier 2018

EDITH PIAF OLYMPIA 61 - par Pat Slade




Son avant dernière scène, son avant dernier album, l’avant dernier tour de chant qui ressemblera au jeu de la roulette russe.





La tournée suicide





Avec Bruno Coquatrix
L’Olympia est le music-hall parisien le plus populaire. Bruno Coquatrix qui en était le directeur, le rachète en 1954 et la salle rencontre de nouveau un franc succès, mais, selon les propriétaires, ils ont toujours frôlé la catastrophe, mais ils avaient toujours un avantage : des amis. Et en 1961, l’Olympia est au bord de la faillite. Un soir, Bruno Coquatrix téléphone à son amie Edith Piaf déjà gravement malade à l’époque. «Si je chantais, j’irais mieux» confie-t-elle. Elle enchaînera trois mois de concerts dans la salle en se produisant jusqu’à deux fois par soirée, en cédant les recettes, elle sauve la mythique salle du désastre. Mais elle ne fût pas la seul à sauver l’Olympia car Jacques Tati lui succédera en présentant «Jour de fête», un spectacle avec certaines scènes de son film en partie colorisé et en y mêlant des acrobaties et des sketches bien réels. Grâce aux prouesses de ces deux artistes l’Olympia pourra se sortir de ce mauvais pas.


Avec Marguerite Monnot
Mais Edith Piaf sera quand même pour une grande partie la responsable du sauvetage du music-hall en péril. Il existait déjà un album en public de la môme Piaf, un 25cm enregistré en 1955 ou l’on pouvait  retrouver «La goualante du pauvre Jean» et «Padam Padam», mais celui du tour de chant enregistré le soir du 29 décembre 1961 sera sûrement le meilleur enregistrement en public qu’elle a pu faire à l’Olympia.

Sur les neuf titres que comporte l’album, la musique de huit chansons sera composée par Charles Dumont hormis le dernier par Marguerite Monnot décédée deux mois auparavant.

Marguerite Monnot et Edith Piaf seront le premier tandem d’auteur-compositeur féminin dans l’histoire de la chanson. Des titres comme «Mon Légionnaire», «La vie en rose» et «L’Hymne à l’amour» seront les succès incontournable de Piaf dans son répertoire. Elle aura deux succès internationaux avec «La goualante du pauvre Jean» qui sera numéro 1 au Etats-Unis et qui sera repris par Dean Martin et «Milord» sur des paroles de Georges Moustaki. Marguerite Monnot composera 32 titres pour la môme dont huit en collaboration avec elle.
Du jour au lendemain elle va rompre la longue relation artistique avec sa musicienne fétiche et prendra comme compositeur attitré Charles Dumont. Il commence une collaboration avec le parolier Michel Vaucaire, le premier titre qu’ils vont lui écrire sera «Les flons flons du bal».
 


Jeudi 29 décembre 1961, c’est le soir de la première, la température est froide et il neige sur la capitale, ce qui ne va pas empêcher le tout Paris de se presser à l’Olympia pour écouter la petite femme en noire. Mais ses performances aussi magnifique soit elles, se feront dans la souffrance, depuis longtemps, elle souffre d’une polyarthrite rhumatoïde et ne tient debout que grâce à des perfusions de morphine (Moi-même atteint de spondylarthrite ankylosante je comprends sa souffrance), déjà en 1959, elle s’était effondrée sur scène durant sa tournée à New-York. Elle commencera son tour de chant avec «Les mots d’amour» suivi des «Les flons flons du bal», «T’es l’homme qu’il me faut» jusqu’à «Mon Dieu»  sûrement le plus beau morceau de l’album à cause de son intensité dramatique dûe à son interprétation où la môme Piaf va y mettre tout son chœur.
L’orchestration de Charles Dumont et les paroles de Michel Vaucaire y sont aussi pour beaucoup. Comment ne pas penser à Marcel Cerdan en écoutant les paroles. Entre les classiques comme «Mon vieux Lucien» et des titres moins connus comme «La ville inconnue», elle va chanter un titre récent qui va rester dans sa carrière «Non, je ne regrette rien». Écrit en 1956, il ne sera enregistré qu’en novembre 1960 et je pense (?) que l’enregistrement à l’Olympia devait être une des premières représentations du morceau en public. La soirée se terminera par «La belle histoire d’amour» et «Les blouses blanches» chanson plutôt sinistre sur une femme internée écrite par Michel Rivgauche et Marguerite Monnot. L’Olympia est sauvé !!

Tout le monde pense que la môme Piaf va arrêter de chanter pour souffler un peu, mais chanter était sa vie, et le 27 septembre 1962, elle redonnera un récital dans la salle de Bruno Coquatrix, un album sortira ou sera rajouté «A quoi ça sert l’amour» le titre enregistré avec son second et dernier mari Théo Sarapo de vingt ans son aîné.

Les souffrances de toute une vie auront raison d’elle un jour d’octobre 1963.  




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