jeudi 12 avril 2018

10 CLOVERFIELD LANE de Dan Trachtenberg (2016) – par Claude Toon


3000 !!! S'il y a 8 ans on nous avait dit que...  Soit : 15 à 20 000 ramettes A4 police 10 en Trebuchet (recto verso, s'il vous plait, développement durable oblige), 15 753 photos, 14 rédacteurs passés et/ou présents mais toujours qu'une seule Sonia (et croyez-nous, une suffit largement), 1 482 146 expressos et 118 745 bières (ou l'inverse, c'est Philou qui tient les comptes), 58 391 barres chocolatées, cinq fois l'aller-retour Terre Lune pour les recherches et interviews, 18 comptes off-shore dans des paradis fiscaux que les yeux dans les yeux, on ne sait pas comment ils sont arrivés là, 17 hospitalisations suite aux fiestas de remises des Debloc d'Or, et surtout… 2000 amis au moins  😀. 
Et pour l'occasion, c'est notre vénérable doyen Claude Toon qui est honoré ; son papier apocalyptique :



Howard affranchit Michelle sur la situation...
Dimanche pluvieux sur la capitale. Soirée au chaud avec la ferme intention de ne cramer aucun de mes neurones. Sur Ciné Frisson, au programme : 10 Cloverfield lane. Une histoire de kidnapping d'une belle brune par John Goodman. J'adore cet acteur si souvent génial chez les frangins Cohen. Cloverfield tout court de 2008, ça c'est moins top comme repère sur cette franchise ; un premier nanar blafard en caméra portée, de nuit dans New-York, et dans lequel une poignée de quidams essaient de survivre dans la grosse pomme attaquée par une entité capable de balancer la tête de la statue de la liberté dans l'Avenue N°x… Pas un souvenir impérissable à mes yeux, mais là, même franchise certes, mais une vraie bande annonce de vrai film, avec des vraies scènes, des vrais acteurs et des vrais décors. Risque tout, je me branche….
Premier plan : Michelle (Mary Elizabeth Winstead) fait son carton, ras le bol de son mec, elle se casse et prend la route. Destination à partir de la Nouvelle Orléans : mystère ? Toujours la mauvaise habitude de tripoter le portable en conduisant. Boum ! Et vlan dans un pickup qui roule au milieu de la route et atterrissage dans un champ et dans les pommes.
Michelle connait un réveil douloureux sur un matelas avec une perfusion dans le bras. À l'hôpital ? Pas vraiment, plutôt un matelas miteux posé par terre, une salle en parpaings sans fenêtre, une porte d'acier modèle pénitencier.

Sympa ce bunker NBC avec activités d'éveil
Le toubib se pointe. Heu non, il n'a pas de blouse… Un grand quinquagénaire replet et énigmatique qui prétend s'appeler Howard (John Goodman). Est-ce encore un geôlier psychopathe de plus dans une filmographie déjà chargée sur la thématique du serial-killer qui massacre les conductrices en rade ou les jolies femmes après enlèvement ? Eh non a priori ! Howard explique avoir sauvé Michelle de la fin du monde qui ravage l'extérieur de son bunker. Pour quelle raison : Armageddon nucléaire, biologique, chimique (NBC dans l'armée), aliens ? Il n'en sait trop rien, mais c'est assez grave pour avoir anticipé l'apocalypse et s'enfermer à l'abri de l'air devenu toxique et mortel.
Surprise, Michelle et Howard ne sont pas seuls. Un peu amoché après une entrée fracassante dans le bunker qu'il a construit sur spécification de Howard, Emmett est aussi de la partie : la trentaine, plutôt mignon mais assez naïf.
Michelle n'est pas naïve et ne croit guère au début à cette histoire du club des deux conspirationnistes militants. Pourtant, ils n'ont pas l'air trop méchants les deux gars, le bunker est vachement cosy : salle à manger, douche, médiathèque, des années de vivre comme pour le Président des USA, et le droit de se balader partout. Néanmoins, discipline de fer établie par Howard. Les habitudes d'un ancien de la Navy.
Et puis il y aura des évènements étranges qui poseront question à Michelle. Dans son esprit et celui du spectateur, trois options :
1 - Howard est un psychopathe qui a créé son abri à des fins criminelles démentes.
2 - Howard a vraiment vu le mauvais vent venir et a réellement sauvé Michelle, car, apprend-on, c'est en fonçant paniqué vers son arche en sous-sol qu'il a percuté la voiture de Michelle  avec son pickup… En effet,  l'engin est garé dehors visible par un hublot, faute avouée.
3 – Un mixe des deux : Howard est un psychopathe qui savait que le jugement dernier ou l'extinction universelle était en marche et veut assouvir ses dernières pulsions en complicité avec Emmett.
Dans un premier temps, Michelle adhère à l'option 2 faute de choix évident. On s'organise, on casse la croûte, on se détend en musique, on joue au Monopoly, on fait des puzzles. Bref on attend des nouvelles sur des temps meilleurs sur la CB… Mais pendant ce temps Michelle collecte des indices étranges et contradictoiresHoward est t-il un excentrique visionnaire ou un monstre ?
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Emmet et Michelle complotent
Le réalisateur Dan Trachtenberg joue avec habileté sur les différentes options. Je ne peux raconter un film où le suspense est dense. Il nous inflige une expérience d'enfermement et de survie : maintenir les équipements en état de marche et sauvegarder ses survivants. Un huis clos à seulement trois personnages. Unité de lieu et de temps. Le doute s'insinue en permanence dans l'esprit de Michelle, disons… avec raison. La caméra est le témoin, notre regard. Beaux cadrages, lumières franches dans ce château enterré, direction d'acteurs rigoureuse. John Goodman est parfait en prophète titanesque et tyrannique, vaguement protecteur. Il nous angoisse ce type à l'aspect débonnaire mais aux sautes d'humeur flippantes. Mary Elizabeth Winstead n'a pas froid aux yeux et fouine partout. Elle est tout sauf l'éternel personnage féminin qui piaille un plan sur deux. Sauf à son réveil, forcément : blessée et menottée face au géant Polyphème dans sa grotte de luxe, on demande pitié, c'est humain. Non ? John Gallagher Jr. en Emmet incarne un petit gars a priori simplet sans forcer sur le côté crétin. Il va évoluer et commencer à douter : mise en scène diabolique de Howard ou catastrophe planétaire ?

Et puis il y aura le dénouement, violent, mais totalement inattendu. Le paramètre fantastique qui manque au puzzle, je n'en dis pas plus…
Une bonne série B, des acteurs au Top, une réalisation plutôt soignée dans ce genre de film. Une linéarité du scénario qui paye car évite les temps morts, et pas de boucheries et de scènes de sexe racoleuses. Bref, une chouette soirée ciné. D'ailleurs j'ai pondu ce papier en direct. À mon âge, la mémoire est volatile 😌.



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