jeudi 19 avril 2018

DEVIL JO & the Backdoormen "Press rewind" (2018)

Premier album - après plusieurs EP -  pour ce combo Stéphanois fondé en 2008. Après plusieurs changements de musiciens le line up actuel autour de la chanteuse Sarah K. (aka Devil Jo) est composé de Lorenzo (guitares, harmonica, claviers, percus), Vincent (guitares, theremin), Jérémy (batterie) et Willy (basse). Des musiciens  aux influences diverses qui vont du blues au métal en passant par le punk ou le grunge, bercés aux géants des 60's 70's, Stones, Beatles et autres Led Zep, sans oublier les groupes musclés des 90's tels Nirvana ou Metallica. Mais au milieu de ce déluge tellurique le blues reste le socle commun ainsi que le rappelle leur patronyme avec le "devil", la figure du diable incontournable dans le blues depuis sa rencontre avec Robert Johnson à un "crossroads". Quant aux backdoormen la référence évoque le fameux titre de Willie Dixon  "backdoorman" écrit pour Howlin' Wolf (1961) (qui sera repris par les Doors notamment mais aussi le Grateful Dead ou encore... Motorhead). J'ai aussi lu dans une interview d'eux que le "Jo" rendait hommage au grand bluesmen Mighty Joe.
source: leur facebook, avec les dates

On débute l'écoute avec "Mystery lover" porté par un gros riff de guitare funky du meilleur effet sur lequel notre diablesse Jo surfe avec sa voix chaude et puissante, un brin rocailleuse. Une belle entrée en matière pour ce groupe que je découvre. On enchaîne avec "I wonder why" solide blues rock  avec encore un petit grain funky qui me donne envie d'ajouter aux influences pré-cités Mother's Finest ou plus prés de nous les Bell Rays de Lisa Kekaula. Super groove encore tout en  souplesse sur "Press rewind", pas de doute ces stéphanois   sont tombés dans le chaudron quand ils étaient jeunes (*) et ont le chic pour pondre des compos évidentes, tellement que je me suis demandé un moment sur celle ci si ce n'était pas une cover d'un standard des seventies genre d'un Pat Travers ou Rick Derringer, mais non c'est bien du fait maison !

Ça dépote bien sur le long et atmosphérique "Battle blues" avec un  solide jeu de guitares et un coup de theremin (**), rock nerveux sur "I got it" puis "L. A. Boogie" nous emmène sur la planète boogie, celle des maîtres du genre Canned Heat ou Savoy Brown avec un harmonica déchaîné à la John Mayall et des chœurs couleur gospel. Difficile de rester de marbre tant cela est entraînant.
"Yellow whool sheet" balance encore bien, entre rock saturé et soul, de la "heavy soul" en quelque sorte... tout comme un "Sad sad moon"  bien teigneux.

Je vous parlais au début de leur double passion pour le blues et le "classic rock" les voici réunis avec "When the levee breaks" que les rockers connaissent par la reprise de Led Zepellin mais qui est à l'origine un blues composé par Memphis Minnie et son premier mari Joe McCoy. La version proposée ici est  sans surprise plus proche de celle du dirigeable que de l'original roots, en moins hard toutefois et avec un  feeling bien bluesy .

Tiens, j'en profite pour parler un peu de cette Memphis Minnie (1896 - 1973), bien oubliée de nos jours  mais qui fut la reine du blues des années 30 et 40, grande chanteuse, guitariste accomplie et parolière aussi. D'abord à Memphis puis Chicago, elle s'imposa dans ce monde qui laissait peu de places aux femmes, restant fidèle au blues rural de ses racines. 
Memphis Minnie
Avec son second mari Little Son Joe, elle prendra une part importante au Chicago blues d’après guerre, par leur musique électrifiée mais aussi en aidant des débutants nommés Little Walter ou Muddy Waters. Elle abandonnera la musique en 1957 après la mort de son mari et finira ses jour paralysée dans un asile, oubliée de tous.

Pourtant d'autres grandes chanteuses de blues comme Big Mama Thorton, Janis Joplin, Koko Taylor, Zora Young, ou l'anglaise Jo-Ann Kelly la citaient dans leurs influences. J'aime beaucoup cette chanteuse alors merci aux Backdoormen de m'avoir donné l'occasion de l'évoquer. 

Avec cet  excellent disque à la croisée de plusieurs univers, blues, heavy, funky, blues rock, avec une chanteuse remarquable, des guitares qui chauffent et de bonnes compos originales, Devil Jo et ses Backdoormen devraient rapidement faire parler d'eux.

(*) Rockin fait allusion au stade Geoffroy Guichard surnommé le chaudron pour son ambiance, théâtre des exploits européens des verts en 1975-76 ce qui ne rajeunit pas certains d'entre nous...
(**) le theremin est un instrument considéré comme l’ancêtre des instru électroniques et inventé en 1919 par le russe Léon Theremin; parmi les groupes de rock qui l'ont utilisé citons Aérosmith, Beach Boys , Muse, Radiohead ou Led Zep (sur "Whole lotta love")


ROCKIN-JL

On peut écouter l'album sur leur bandcamp :  devil-jo.com

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