samedi 25 mai 2013

RIP : Le compositeur HENRI DUTILLEUX nous a quittés à 97 ans


Une semaine vraiment noire dans le monde de la musique et dans tous les genres. Henri Dutilleux est mort le même jour que Georges Moustaki. On ne pouvait pas en parler jeudi, 4 RIP en 48 h auraient cassé le moral des lecteurs. Et puis soyons réaliste, Dutilleux n'était sans doute pas aussi connu que les autres disparus honorés.
Avec une longévité de 97 ans, Henri Dutilleux a bénéficié d'une chose rare du vivant d'un compositeur… devenir un "classique" même avec une écriture d'avant-garde. L'an passé, Valery Gergiev a dirigé, à Pleyel, avec le Concertgbouw d'Amsterdam, les "Métaboles", une pièce symphonique importante dans un programme comprenant le concerto pour violon de Sibelius et la 5ème symphonie de Prokofiev. J'y étais. Je considère que, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, trois compositeurs ont marqué l'histoire de la musique française, je parle de ceux qui passeront à la postérité : Olivier Messiaen (1908-1992), Henri Dutilleux et Pierre Boulez (né en 1925). D'autres ont été déjà oubliés. La plupart du temps leur musique peinait à remplir les petites salles  d'un public restreint comme celle de la cité de la musique à Paris.
Né en 1916, Henri Dutilleux suit une formation de piano et de contrepoint très classique. C'est dans les années 50 qu'il va se consacrer définitivement à la composition et à la recherche d'un univers personnel. Dutilleux est un peintre, un passionné de la couleur sonore. Son œuvre est donc essentiellement symphonique, démarche qui lui permet de travailler sur des associations de timbres les plus variées.
Dans "Métaboles", l'orchestre est immense, enrichi d'instruments les plus surprenants notamment au niveau des percussions. Pour être plus explicite, j'ai choisi d'illustrer ce petit hommage par une vidéo du concerto pour violon "L’Arbre des songes" interprété par Renaud Capuçon. Dutilleux intègre à l'orchestre un grand nombre d'instruments de type "clavier" : piano, vibraphone et crotales (les lames sont circulaires), célesta ou encore harpe et même cymbalum, cet instrument d'origine hongroise. Une belle débauche de couleurs scintillantes… Et c'est aussi dans cet ouvrage que l'on s'aperçoit que Dutilleux savait exploiter les acquis et recherches de ses prédécesseurs les plus inventifs comme Bartók, ou Berg et Webern de l'École de Vienne et le dodécaphonisme. Le début du concerto "L’Arbre des songes" me fait immanquablement penser aux premières mesures du concerto à la mémoire d'un ange (clic) de Berg avec une série de notes qui s'envole poétiquement du violon.
Dutilleux ne s'exposait pas aux feux de la rampe. Son œuvre est restreinte car travaillée avec perfectionnisme. Elle est largement enregistrée et une intégrale symphonique a été réalisée à la BBC sous la direction de Yann-Pascal Tortelier (Chandos). Il est important de souligner que les plus grands solistes ou chefs d'orchestre du XXème siècle ont passé des commandes à ce maître : George Szell, Seiji Ozawa, Paul Sacher… La liste serait longue. J'avais dans mes projets deux œuvres majeures à commenter : le concerto pour violoncelle "tout un monde lointain" dédié et interprété par Mstislav Rostropovitch, et bien entendu "L’Arbre des songes" par son dédicataire, Isaac Stern… Rendez-vous dans quelques temps… Henri Dutilleux a rejoint Messiaen dans l'histoire de la musique…


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